Bilan de l’année cinéma au Québec : L’année Dolan
En cinéma québécois, les réalisations exemplaires de Xavier Dolan ont alimenté la discussion toute l’année et continuent de monopoliser l’attention des médias. Ce fut aussi l’année où Hollywood a pris une coloration toute québécoise. Rétrospective.
Y a-t-il eu une seule semaine en 2014 sans que le nom de Xavier Dolan brille à la une des journaux? On a d’abord applaudi Tom à la ferme, sorti en salle en mars 2014. Puis a commencé le périple Mommy, longue ascension du brillant film que l’on espère voir triompher aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film étranger et peut-être aussi dans d’autres catégories, comme le souhaite son distributeur américain qui a discrètement mis le film à l’affiche dans une salle de Los Angeles la semaine dernière, le rendant ainsi apte à concourir. Après l’ovation cannoise et l’enthousiasme critique au Québec comme en France, le film a aussi écorché les oreilles sensibles de quelques chroniqueurs conservateurs, allergiques à sa langue prétendument «vulgaire».
Le statut d’enfant prodige de Xavier Dolan s’est ainsi confirmé et s’est accompagné d’un buzz médiatique sans précédent en Europe francophone. L’aventure va se poursuivre aux États-Unis: le premier film américain de Dolan est à l’étape de la préproduction mais attire déjà l’attention en raison de son casting béton, dévoilé par bribes depuis la fin de l’été. Jessica Chastain, Kit Harington, Susan Sarandon et Kathy Bates seront tous du long métrage The Death and Life of John F. Donovan, dont le tournage devrait commencer au printemps.
Dire qu’il y a quelques mois à peine, Dolan annonçait qu’il se retirait du cinéma pour quelques années pour retourner sur les bancs d’école. Meilleure chance la prochaine fois, Xavier.
Hollywood, justement, a pris cette année une teinte québécoise alors que sont sortis sur les écrans, coup sur coup, les films américains de réalisateurs québécois chevronnés et singuliers. Enemy, de Denis Villeneuve, est arrivé en salle quelques semaines après Prisoners, thriller qui a permis aux cinéphiles américains de découvrir le réalisateur québécois et d’apprécier sa nouvelle complicité avec l’acteur Jake Gyllenhaal, tout à fait brillant dans les deux longs métrages. Plus tard ont été révélés The Good Lie, de Philippe Falardeau, et Wild, de Jean-Marc Vallée, tous deux mettant en vedette Reese Witherspoon et lui offrant des rôles propices à modifier son image proprette. Plus conventionnels, davantage fidèles aux mécanismes scénaristiques hollywoodiens, ceux-ci sont toutefois de bonne tenue et vont assurer à ces deux réalisateurs une place de choix chez les imposants voisins américains. C’est déjà le cas de Jean-Marc Vallée, dont le précédent film Dallas Buyer’s Club a été un véritable triomphe en 2013. On découvrira aussi dans l’année qui vient Boychoir, de François Girard. Pendant ce temps, Ken Scott tourne Business Trip avec Vince Vaughn et Dave Franco, une comédie sur un voyage d’affaires qui tourne mal. Hollywood n’a certainement jamais été aussi Québécois.
Loin des polémiques sur les films «lamentards» qui ont peuplé l’année 2013, l’année cinéma 2014 a tout de même attiré son lot de constats d’échec au box-office québécois.
L’industrie du doublage, elle, a fait entendre ses revendications et mis en lumière la profonde crise qu’elle traverse. «Tout est en train de s’effondrer», disait en octobre le comédien Sébastien Dhavernas au quotidien Le Soleil. Les diffuseurs virtuels comme Netflix, qui ne se soumettent pas aux réglementations du CRTC et ne font pas nécessairement doubler leurs contenus au Québec, font par ailleurs très mal à l’industrie. Sans compter la tendance à faire doubler les films par des personnalités connues qui ne sont pas nécessairement des acteurs formés pour ce faire, comme Joannie Rochette ou les sœurs Dufour-Lapointe.
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