À voir aux RVCQ – Resistencia: The Fight for the Aguan Valley
Le réalisateur Jesse Freeston s’intéresse aux luttes populaires du Honduras qui militent pour une réappropriation territoriale après des élections truquées.
“Nous n’avons l’air de rien, mais chacun de nous est une école”.
C’est la phrase prononcée par un paysan de la vallée de l’Agua, qui fait partie de la Resistencia, un mouvement de révolte et de réappropriation territoriale au Honduras. Ces militants s’opposent à un régime militaire installé après une élection frauduleuse qui a vu le président Zelaya expulsé du pays par l’armée nationale.
Le parallèle humain avec l’école pourrait s’étendre aux églises improvisées et aux maisons construites sur des territoires que les companianos décident d’occuper à nouveau, un territoire appartenant à un propriétaire hyperpuissant défendu autant par des autorités internationales que des milices locales et des forces policières peu intéressées par les besoins de la population.
À chacun des tournants, ces résistants se font attaquer et réprimer férocement. Pendant un rassemblement important, à quelques lieux des terres qu’ils tentent d’occuper nouvellement, des bulldozers s’affairent à détruire les maisons et les écoles érigées par ces militants pacifiques. Une femme vit dans la peur avec ses enfants attristés après une tentative d’assassinat. Un militant dont on suit le parcours pendant plusieurs mois finit par devenir paraplégique après une tentative d’assassinat qui aura enlevé la vie à son épouse. « Chacun de nous est une école », disait le militant, et les bulldozers détruisent leurs écoles.
Il est donc intéressant de suivre, pendant de nombreux mois, les progrès politiques et sociaux de la lutte organisée contre un pouvoir militarisé et agressif. Mais la route n’est pas sans heurts, la mort guette nombreux des acteurs critiques du gouvernement, et la destination n’est pas nécessairement joyeuse. Mais les revendications ne cessent pas, et le rapport à la terre de ces habitants de la vallée de l’Aguan est à la fois touchant et effrayant, en ce sens que aucun des partis impliqués ne semble être persuadé de mettre fin à un conflit territorial parce que le sang abreuve régulièrement la terre sur laquelle on marche et pour laquelle on se bat. Un refrain connu, évidemment, une lutte universelle et des résultats à long termes qu’un cynique peut facilement prévoir.
La beauté et la tristesse se côtoient dans ce long-métrage à la fois brut et documenté.