Entrevue avec les artistes derrière l'hilarant court métrage Petit frère
Regard sur le court métrage au Saguenay 2015

Entrevue avec les artistes derrière l’hilarant court métrage Petit frère

Racontant la complicité d’un pré-ado et d’un adulte qui n’est pas toujours le plus mature des deux, Petit frère est un film purement montréalais de Rémi St-Michel et Eric K. Boulianne. Nous les avons rencontrés au festival Regard sur le court métrage, où le court métrage a été fort bien reçu.

Le court métrage Petit frère est une réussite: drôle, cru et touchant aux bons moments. Pendant une journée, on suit les activités, discussions (et conneries) d’un petit frère et de son tuteur dans les rues, parcs et autres endroits publics de Montréal. Sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes l’année dernière, le film était présenté ce week-end au festival Regard sur le court métrage au Saguenay. Nous en avons profité pour discuter du film avec le réalisateur Rémi St-Michel et le scénariste et comédien Eric K. Boulianne.
 

Avant de lire cette entrevue, vous pouvez visionner Petit frère sur le site d’ARTE

 
VOIR: Vous avez collaboré ensemble auparavant?

Rémi St-Michel: Oui, des courts métrages comme Marshmallow et Steve Carignan, qui est passé un peu plus inaperçu. On a fait aussi deux webséries. On a fait beaucoup de choses ensemble.

VOIR: Eric a écrit le scénario et c’était donc un match idéal pour Petit frère?

R: Ça se passe pas mal tout le temps de la même manière. Eric fait un scénario, on en jase ensemble. Quand on tourne, je prends plus les rênes. Souvent, Eric joue dans les films ou séries [ndlr: il joue ici le rôle du grand frère] donc il a aussi d’autres choses à penser.

Eric K. Boulianne: Comme on travaille souvent ensemble, des fois c’est des automatismes. Je pense à quelque chose, je vois ce que Rémi veut faire. On ne s’obstine pas trop et on s’aime bien donc c’est correct!

VOIR: Ç’a été sélectionné à Cannes. J’imagine que c’est le plus gros des honneurs pour vous?

E: Je sais pas… Ben j’imagine que oui! On était dans la Semaine de la critique, ce n’était pas dans la sélection officielle du festival. C’est une section qui est moins glam un peu.

R: Moi je m’en crissais, j’étais vraiment content!

E: Je fais pas un Xavier Dolan, là! Je dis pas que j’étais déçu! C’est plus dans le sens, que c’était pas le plus gros honneur, ça reste une section parallèle du festival.

R: Y’a des honneurs plus gros, mais on s’en fout, rendu là. On ne s’attendait à rien.

E: Surtout pour ce film-là. Pour nous, c’était capoté. C’est un film qui est bien Montréalais dans le langage. Des fois, on le présente en région et c’est pas tout le monde qui comprend parce que c’est assez franglais.

R: On ne pensait pas à un gros potentiel international.

E: Peut-être aux Rendez-vous du cinéma québécois et quelques festivals.

VOIR:: Le film est en noir et blanc et débute sur des notes de jazz. Est-ce qu’il y avait un mood que vous vouliez développer dès le départ?

R: On a développé des idées tranquillement au début du processus. On voulait quelque chose d’assez minimaliste: on découpe à peu près pas dans les scènes, on utilise aussi le noir et blanc et du jazz «funné». Ça, c’est un clin d’oeil aux films indie new-yorkais… mais à Montréal.

E: C’était l’idée de faire de Montréal une ville un peu nostalgique, à la New York.

VOIR:: Si je ne me trompe pas, toutes les scènes sont dans des lieux publics?

R: Oui.

E: Au début, je me disais que ce serait facile à tourner parce que c’est en extérieur. Au début, c’était des parcs, mais à un moment donné, quand tu veux faire le film guerilla et que t’as pas de permis, c’est plus compliqué.

R: C’était voulu d’avoir tout à l’extérieur, mais pas dans un sens conceptuel. Dans l’histoire, les deux gars passent une journée ensemble, ils se promènent, ils ne vont pas se «staller» chez l’un ou l’autre.

E: Au scénario, c’était pas défini, ça disait des parcs, etc. et après Rémi est arrivé avec l’idée de partir d’Hochelaga pour aller vers le centre-ville.

VOIR:: Dans la relation entre le petit et le grand frère, il y a de la transmission à travers l’humour. Dans la scène de la balançoire par exemple, le grand frère a un message à livrer, il doit dire au petit frère de ne pas faire des conneries, mais ça se fait dans le rire, la camaraderie.

E: L’idée est de se mettre au même niveau que son petit frère aussi. C’est de pas le prendre de haut et de faire comme s’il parlait à un ami. Des fois, on se demande qui est le plus mature des deux parce que l’autre fait des conneries autant. On ne voulait rien juger.

R: C’est un modèle différent du monde adulte auquel le petit frère est habitué, qui est toujours dans la réprimande par rapport à lui. C’est d’être son ami tout en étant un adulte. Des fois, quand il trouve qu’il va trop loin, il essaie de lui dire aussi.

E: Il doit être ferme au bon moment, mais ce n’est pas sa job, ni son parent. Je n’ai jamais été un grand frère, mais je me dis que c’est un peu transposer ce que moi je vois comme étant une bonne piste. J’ai été moniteur de terrain de jeu et y’avait des enfants à problème. Je pense que je me suis toujours tenu avec des bums aussi! Je suis de bonne famille, mais à l’école, je me tenais toujours avec les bums. Je pense que j’aime ça les bums!

Petit frère est produit par produit Romance Polanski/Klaus Kinky et distribué par Travelling.
Regard sur le court métrage se poursuit jusqu’à dimanche.
regardsurlecourt.com