Liz Garbus / What Happened, Miss Simone? : Nina l'immortelle
Cinéma

Liz Garbus / What Happened, Miss Simone? : Nina l’immortelle

Le charisme de Nina Simone traverse le temps, transcende l’image et la mort. La réalisatrice Liz Garbus en fait l’objet de son documentaire applaudi, par ailleurs, à Sundance. Mais le buzz est-il justifié?

On vous répond tout de suite: oui. Pleinement autorisé par les héritiers de Nina Simone, le film contient des entrevues avec sa fille Lisa Simone Kelly, son ex-mari Andrew Stroud et son musicien/ami Al Schackman. Des témoignages privilégiés qui permettent une meilleure compréhension de son comportement erratique, de sa chute brutale mais aussi de son retour sur les rails à la fin des années 1980. C’est croustillant, certes, mais ça ne verse jamais dans la facilité ou le sensationnalisme. Bref, c’est tout ce qu’une série comme Musicographie à Musimax aurait dû être.

L’admiration de Liz Garbus pour la chanteuse est indéniable. Elle porte sur elle un regard tendre et respectueux. On y apprend, notamment, que l’icône souffrait de bipolarité à une époque où les maladies mentales étaient encore taboues. Un diagnostic qui la guérira et qui lui permettra de vivre une deuxième carrière à la fin de sa vie. Les documents d’archives, et plus particulièrement une vidéo de sa performance à Montreux en 1987, témoignent de sa résilience exceptionnelle.

Or, la force de son documentaire est justement de montrer l’impact de la vie privée sur la qualité de ses prestations scéniques et de mettre les deux en parallèle. On peut d’ailleurs apprécier bon nombre de documents d’archives introuvables sur Youtube, des extraits rares de concert qui rendent justice à son talent d’interprète probablement inégalé depuis. En ce sens, What Happened, Miss Simone? va bien au-delà du « human interest ». Un choix éditorial appréciable pour les mélomanes, surtout les néophytes comme moi, qui peuvent du même coup découvrir toute l’ampleur de son talent et de son impact sur la musique contemporaine.

Portée sociopolitique

Le long-métrage a aussi une valeur historique inestimable, surtout en ce qui concerne le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis. Militante dévouée et pas tellement pacifique, Nina Simone s’est battue toute sa vie pour l’égalité des Noirs. Une lutte qui trouve écho aujourd’hui: pensons notamment à l’épisode récent dans la ville de Ferguson au Missouri.

Sa colère et  sa violence paraissent, dans le contexte, parfaitement compréhensibles et même excusables. Saluons d’ailleurs le travail de recherche assez exceptionnel de la réalisatrice qui a su retracer des écrits de l’artiste, qui se racontait avec précision dans son journal.

Seuls bémols? Certaines images d’archives identiques qui reviennent trop souvent – pensons notamment à sa performance lorsqu’elle porte une robe bustier blanche – et l’écrin visuel très peu créatif, voire amateur. Garbus aurait au moins pu filmer ses interviewés à plus d’une caméra.

 

Exclusivement via Netlfix

En ligne depuis le 26 juin 2015