Fantasia / We Are Still Here : Panique satanique
Fantasia 2015

Fantasia / We Are Still Here : Panique satanique

Dans le style rétro des films d’horreur européens des années 70 et au coeur des paysages enneigés de la Nouvelle-Angleterre, We are still here évoque le deuil et réveille des démons vengeurs. Entrevue avec son réalisateur Ted Geoghegan.

C’est un vent de « panique satanique » qui s’apprête à souffler sur ce premier week-end du festival Fantasia avec la projection dimanche de We are still here, premier film de l’américain Ted Geoghegan dans lequel un père et une mère doivent, en plus de faire le deuil de leur fils, affronter des poltergeists sanguinaires!

Si le nom du cinéaste vous dit quelque chose, c’est peut-être parce qu’il est le directeur des relations de presse internationales du festival Fantasia depuis trois ans. C’est à force d’écrire et de produire des scénarios de films d’horreur que lui est venue l’envie de réaliser son premier long-métrage. « Je sentais que c’était le moment ! », lance le réalisateur, qui a tout simplement quitté sa chaise de bureau, au quartier général de Fantasia pour nous accorder cette entrevue. « C’est une drôle d’expérience pour moi que de voir mon film programmé dans un festival sur lequel je travaille. » Nerveux de présenter le film aux festivaliers dimanche soir? « Je suis un peu nerveux même s’il a été chaudement accueilli dans d’autres festivals. Mais Fantasia signifie beaucoup pour moi, j’espère que le public, qui a ici une fine connaissance du film de genre, l’aimera. »

C’est d’ailleurs ici, à Fantasia, qu’il fréquente comme spectateur depuis sept ans, qu’il a rencontré son directeur de la photographie Karim Hussain, connu pour son travail sur Hobo with a Shotgun de Jason Eisener et Antiviral de Brandon Cronenberg. Barbara Crampton? Il en était amoureux depuis ses cinq ans, répond-il en riant. « J’ai été très chanceux de travailler avec eux, qui sont deux amis, sur ce premier film. »

La photographie de We are still here, parlons-en, puisqu’elle est magnifique. Avec ses teintes, ternes et tristes, et ses beaux blancs morbides, elle crée une forte atmosphère de mélancolie qui hisse le film au-delà du simple hommage aux films d’exploitation des seventies. Avec ce couple de cinquantenaires en proie à des esprits vengeurs dans ce qui devait être leur nouvelle maison (et un autre récit tordu situé dans une maison pour Crampton, après You’re next et Castle Freak!), Geoghegan offre une place de choix à la psychologie des personnages, qu’il enveloppe lentement d’un froid manteau de mort avant de dégainer la sauce (rouge sang, bien sûr). C’est ainsi que, dans un style très Lucio Fulciqui mélange le sanglant et l’occulte, le dernier acte de We are still here offre un déluge gore qui ravira les amateurs du genre (oui, ça vaut le coup d’attendre!)

« Je voulais rendre hommage aux oeuvres avec lesquelles j’ai grandi, explique Geoghegan, des films italiens, français et espagnols de maisons hantées et de zombies. » Les mêmes qui ont influencé le cinéma du réalisateur Rob Zombie (The Devil’s reject) avec qui We are still here partage un même esprit « satanique», un même fond de destruction post-hippie. D’ailleurs, les protagonistes ne sont pas ces habituels adolescents stupides qui peuplent le film de genre, note le réalisateur. Pas étonnant lorsque l’on observe le film à un niveau plus métaphorique. En effet, le final fait exploser les têtes … mais aussi les tristesses: ce sont la violence de la mort et le refus du deuil qui giclent également dans l’espace paisible de la maison.

Geoghegan maîtrise les deux tableaux: le visuel et le récit, qui s’étreignent parfaitement dans l’expression de la perte d’un passé (avec l’enfant décédé), d’une jeunesse et, pire, du désir de vivre. Pas très joyeux tout cela. « Mais l’un de mes prochains projets, un film plus mainstream, sera plus fun, plus léger que We are still here! », conclut dans un sourire le sympathique cinéaste qui a déjà d’autres idées de scénarios et de réalisations en tête. C’est sûr, nous assistons à la naissance d’un auteur. Encore un charmant bébé de Fantasia.

We are still here sera projeté dimanche 19 juillet à 19h20 au Théâtre Concordia Hall.

5 à 7 satanique !

Notons pour conclure que la panique satanique de cette fin de semaine sera également l’occasion d’aller partager un verre au Café-Bar Kafein en présence des éditeurs Kier-La Janisse et Paul Corupe (Spectacular Optical) qui lancent Satanic Panic : Pop-cultural paranoia in the 1980s, un livre qui revient sur la vague satanique des eighties, des dérivés du heavy métal au jeu médiéval Donjons et Dragons. Ce 5 à 7 avec musiques de l’époque se poursuivra en salles avec la projection du néo-zélandais Deathgasm, écrit et réalisé par Jason Lei Howden, qui a notamment travaillé sur les effets spéciaux des Avengers. La comédie horrifique suit les péripéties d’un groupe de métal dont la musique devient un chant satanique qui attire… toutes sortes de démons.

Le 5 à 7 aura lieu samedi le 18 juillet à 17h.

Deathgasm sera projeté samedi le 18 juillet à 21h30 au Théâtre Concordia Hall.

Bonnes projections!