Sibs Shongwe-La Mer / Necktie Youth : La mort contagieuse
Cinéma

Sibs Shongwe-La Mer / Necktie Youth : La mort contagieuse

Sacré « meilleur long-métrage » en compétition officielle du FCVQ par un jury notamment constitué de Debbie Lynch-White et Karim Ouellet, le film sud-africain Necktie Youth est une oeuvre essentielle mais d’une rare lourdeur.

Le récit commence avec le suicide d’Emily, adulescente blanche d’une banlieue cossue de Johannesburg qui a diffusé son acte en direct sur le web. Une scène sans mot tournée et montée avec une étonnante retenue, une certaine poésie aussi. Or, c’est justement la force de Sibs Shongwe-La Mer: cette direction photo et cette colorisation nettement contrastée en noir et blanc qui rappelle un peu le travail d’Anton Corbijn sur Control. Chaque plan est savamment léché et pourrait récolter des centaines de likes sur Instagram.

Necktie Youth a, pour ainsi dire, presque la facture visuelle d’un vidéoclip de hip-hop ou d’une pub de Coke. C’est résolument « fresh », le stylisme mise tout sur des tenues stylées et à la mode, les acteurs sont beaux. Le hic, c’est qu’ils sont hantés par la pendaison de leur amie qu’ils n’arrivent pas à s’expliquer.  En ce sens, il faut absolument souligner l’interprétation de l’acteur Bonko Cosmo Khoza (Jabz, sur la photo) qui arrive à communiquer le mal de vivre envahissant de son personnage en l’absence de répliques vraiment évocatrices.

Les textes sont faibles mais, en même temps, ils sont crédibles dans la bouche de ces jeunes sans ambition ni passion qui moisissent dans des quartiers résidentiels sans âme. On éprouve d’ailleurs un grand et beau malaise quand l’une des filles (jouée par Emma Tollman) dit qu’elle n’a pas peu de mourir parce qu’elle l’est déjà à l’intérieur. Une scène qui vous arrache un bout du coeur. 

Fait pas banal: Shongwe-La Mer fait aussi partie de cette distribution triée sur le volet et défend avec répartie le rôle d’un drôle de coureur de jupons nommé September. Le genre de personnage un peu dissonant qui allège le propos d’un film comme celui-ci.

 

Rien de nouveau

Oui, c’est cru et audacieux, mais on sent que Necktie Youth emprunte beaucoup à la télésérie britannique Skins et à Kids de Larry Clark. C’est dommage, parce que c’est bien réalisé, mais on a l’impression d’avoir déjà vu ce film-là plusieurs fois.

Sibs Shongwe-La Mer se démarque toutefois avec sa structure narrative erratique qui va de pair avec le délire psychotique vécu par les personnages. On sort de la salle en cherchant les pièces de casse-tête qui manquent, des « bouttes qu’on a perdus » comme au lendemain d’une solide brosse. Souhaitons seulement que ce soit l’effet recherché.

Dimanche le 27 septembre à 19h

Cinéma Cartier

(Dans le cadre du FCVQ)