They Will Have to Kill Us First et Yallah! Underground aux RIDM : La musique dans l’adversité
Deux films présentés aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) cette année abordent la difficulté de créer et de faire entendre sa voix dans des sociétés qui rejettent la musique. Regards croisés sur les films They Will Have to Kill Us First et Yallah! Underground.
Dans They Will Have to Kill Us First: Malian Music in Exile, Johanna Schwartz présente des chanteurs et musiciens maliens forcés au mutisme et forcés hors de leur pays par crainte de violence alors que dans Yallah! Underground de Farid Eslam, les jeunes musiciens alternatifs de pays arabes se battent contre le manque d’ouverture d’esprit des sociétés encore très conservatrices.
Dans les deux cas, les artistes sont clairs: leur art est leur arme et comme l’explique l’artiste visuel Amer Shomali dans Yallah! Underground, «en tant qu’artiste, on a un rôle. Les artistes sont ceux qui peuvent donner une direction aux gens, pas les politiciens.»
Dans They Will Have to Kill Us First, faire de la musique est un acte de résistance envers les troupes djihadistes qui bannissent la diffusion de la musique après leur prise de possession dans le nord du Mali. Si la peur de violence empêche la plupart des artistes de diffuser leur musique, quelques courageuses âmes persistent et signent pour se remonter de la douleur de voir leur ville se faire détruire. L’un des quatre portraits dans ce très beau documentaire – parfois violent, mais sinon rempli de très beaux plans, de couleurs et de beaux mots d’espoir – est Khaira Arby, qui a chanté toute sa vie et qui considère que la musique est essentielle à la vie, comme de l’oxygène. La voix de Khaira deviendra la voix de l’espoir et du courage pour les Maliens réfugiés dans les pays voisins alors qu’elle décide d’organiser un grand concert pour un appel au retour au Tombouctou du passé, doux et beau.
Yallah! Underground propose une série de cartes postales du Liban, de l’Égypte, de la Palestine et autres pays. Les artistes questionnés par le réalisateur sur la création disent avoir les mêmes rêves et aspirations que les Occidentaux, mais qu’ils se buttent au non-respect et à la honte que leur afflige leurs aînés. Rejeté par les médias et les radios dans son propre pays, Zeid Hamdan – dit le parrain de la musique alternative libanaise -, s’exporte en Europe pour faire des concerts en toute liberté. Construit autour du Printemps arabe, Yallah! est une oeuvre plus grise que They Will Have to Kill Us First, mais se veut aussi un appel au regroupement. C’est en se réunissant que les artistes nourrissent l’espoir.
(Sur la photo: le groupe malien Songhoy Blues)
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They Will Have to Kill Us First: Malian Music in Exile – projections aux RIDM le 13 novembre à 14h30 au Cinéma du Parc 1; le 14 novembre à 14h15 au Cinéma du Parc 2
Yallah! Underground – projections aux RIDM le 20 novembre 19h à l’Université Concordia Auditorium H110 (contribution volontaire, en présence du cinéaste ou d’un membre de l’équipe); le 22 novembre à 16h15 au Cinéma du Parc 1 (en présence du cinéaste ou d’un membre de l’équipe).