Breaking a Monster aux RIDM: un contrat de 1,8M$ à 13 ans
Breaking a Monster, long métrage documentaire de Luke Meyer, suit la difficile intégration dans le monde de la musique de trois préadolescents suite à la signature d’un contrat de près de 2 millions de dollars.
Il y a une scène au début de Breaking a Monster où l’on sent un certain malaise. Les trois sujets principaux, des préadolescents afro-américain, sont assis d’un côté d’une grande table dans les bureaux bien blancs, éclairés et spacieux de Sony Music. Les dirigeants du major américain, tous caucasiens et bien habillés, sont plus nombreux de l’autre côté de la table. Les jeunes sont à moitié attentifs à ce qu’une dame nommée Jolene leur explique: un discours sur de vagues plans de carrière pour ces musiciens si spéciaux – ils jouent du métal! Leur nom de groupe est Unlocking the Truth et on suivra au cours du film leur début de parcours dans ce monde parfois surréel qu’est l’industrie de la musique.
Des enfants poussés dans une grosse machine commerciale, c’est la trame de Breaking a Monster, troisième long métrage documentaire de l’Américain Luke Meyer. Les jeunes sont catapultés dans un monde qui ne leur est pas familier et doivent essayer de demeurer matures dans tout ce processus. Ils vivent ainsi un rêve inouï mais ne peuvent pas vivre leur enfance pleinement. On remarque que c’est lorsqu’ils brisent les codes qu’ils sont le plus heureux: en se lançant dans la foule pour faire du crowdsurfing lors d’un festival, par exemple. Alors que leur gérant a des sueurs froides parce que ce geste n’était pas prévu, c’est ce dont tout le monde parle dans les médias le lendemain. Les jeunes ont peut-être raison, alors, de brasser la machine de temps en temps…
Le gérant, qui est un type assez divertissant et inoffensif, doit parfois trouver le juste milieu entre son rôle de superviseur et celui d’un père pour les trois jeunes. Quand c’est le temps de les réprimander, il fait et quand c’est le temps de les rassurer, il le fait aussi. Un autre personnage important du film est celui de la mère de l’un d’eux, Malcolm, qui a un regard assez lucide de la situation. Elle ne traitera pas son fils spécialement parce qu’il est dans une situation hors de l’ordinaire. Elle n’hésite pas à le réprimander lorsqu’il se fait mal en skateboard, par exemple. Elle traite son enfant comme un enfant (et a bien raison de le faire pour ne pas que le jeune s’enfle la tête), mais comprend aussi qu’elle doit le laisser entre d’autres mains pour le bien de sa carrière: «Afin qu’ils puissent devenir ce qu’ils peuvent vraiment devenir, il faut laisser entrer les «big dogs»», dit-elle à la caméra.
Dès la signature du méga contrat de 1,8M$ (!) avec Sony et de cette fameuse scène décrite plus tot, un sentiment nous habite: on voudrait les protéger, ces jeunes, plutôt que de les voir se laisser emporter par la grosse machine même si, dans tout ça, on reconnait leur grand potentiel et on souhaite qu’ils vivent leur rêve.
Luke Meyer nous offre donc le début de l’histoire de Unlocking the Truth dans Breaking a Monster et laisse présager que c’est sans doute la naïveté des jeunes qui aura le dessus sur la grosse machine. Pour la suite des choses, c’est fascinant d’aller voir leur évolution sur le web. Où sont-ils rendus, ces trois jeunes? Je vous laisse aller découvrir ça par vous-même.
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Projections aux RIDM: le 15 novembre à 16h45 au Cinéma du Parc 2 et le 16 novembre à 17h30 au Cinéma du Parc 1