En mémoire de Denis Héroux
Denis Héroux, le réalisateur de Valérie, qui avait fait courir les foules en 1969, mais surtout producteur des Plouffe ou du Matou, nous a quittés le 10 décembre. Retour sur la carrière d’un homme de cinéma qui n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur.
Philippe Couture
Photo : Keystone Press
Il s’est éteint des suites d’une longue maladie, à l’âge de 75 ans. Denis Héroux est l’un des précurseurs du cinéma québécois moderne, lui qui a réalisé des longs métrages populaires à une époque où une cinématographie nationale n’existait à peu près pas.
Même si carrière de producteur fut plus longue et plus prestigieuse que celle de réalisateur, c’est encore à ses films érotiques des années 1970 qu’on l’associe d’emblée. Quand il fait apparaître seins nus à l’écran la jeune Danielle Ouimet, une inconnue à cette époque, dans le long métrage Valérie, le Québec entier accourt au cinéma pour voir cette oeuvre controversée. C’était la première fois que la femme québécoise se dévoilait ainsi à l’écran, dans un film exposant ses désirs et son intimité. Valérie fuit suivi de L’initiation, dans le même ton. Héroux a ouvert la voie à une vague de films érotiques québécois, comme Deux femmes en or ou Après-Ski: des oeuvres qui dérangeaient le clergé mais réjouissaient le public, malgré leurs scénarios souvent limitatifs.
Il devient producteur et a des ambitions internationales. La France sera rapidement une seconde maison: il y coproduit des films de Claude Chabrol (Violette Nozière et The Blood of Others) mais aussi de Louis Malle (Atlantic City) et de Jean-Jacques Annaud (La guerre du feu).
En 1981, il coproduit avec sa femme Justine Héroux le film Les Plouffe, d’après le célèbre roman de Roger Lemelin.
Plus tard il fera partie de l’équipe ayant fondé la compagnie de distribution aujourd’hui nommée Alliance Atlantis Vivafilm (et intégrée aux activités des Films Séville / eOne).
Denis Héroux a reçu l’Ordre du Canada en 1984. En 1991, il a produit le long métrage Robe noire, avec Lothaire Bluteau, récipiendaire du Génie du meilleur acteur cette même année.
Il était également professeur et historien à ses heures.