Le Festival Regard: l'année des coups de circuit
Cinéma

Le Festival Regard: l’année des coups de circuit

Le Festival Regard – anciennement Regard sur le court – prendra son envol le 15 mars au Saguenay. Nous avons discuté avec la directrice générale Marie-Elaine Riou la semaine dernière à l’occasion du dévoilement de la programmation.

Le Festival Regard, consacré au court métrage, franchit un grand pas en cette 21e édition. Pour la première fois de son histoire, les lauréats les Grand Prix nationaux et internationaux de Regard seront considérés dans le processus de nomination des Oscars pour le meilleur court métrage de fiction. «C’est un beau vote de confiance de la part de l’Académie, surtout que nous sommes le seul festival uniquement de courts métrages au Canada dans la liste et le premier festival à être situé hors d’une grande ville», indique fièrement Marie-Elaine Riou. Aussi, la très respectée Fédération Internationale de la Presse Cinématographique, remettra dorénavant un prix FIPRESCI à Regard. «C’est un coup de circuit et ça nous permet de répondre à l’un de nos mandats principaux: faire rayonner les courts métrages canadiens et québécois sur la scène internationale. Le cinéma d’ici est vraiment reconnu à l’international, les gens aiment ça, en redemande, donc c’est un peu à nous de mettre le spotlight sur certains films grâce à ces mentions-là.»

Ce spotlight, ce grand coup de main annuel de Regard envers le court métrage, est extrêmement important. Outre les festivals de films, les initiatives comme Prends ça court! et les quelques plateformes en ligne qui présentent du court, la diffusion est encore trop rare. «Y’a encore des échelons à gravir, dit la DG de Regard. Le court métrage pourrait toujours être plus vu. C’est sûr que toutes les initiatives en ligne ou à la télé – la chaîne Unis en présente le dimanche soir, par exemple – semblent bien fonctionner, mais la question qu’on devrait se poser c’est: est-il assez présenté sur grand écran aussi? Parce que c’est pas la même chose.»

À ses débuts dans les années 1990, le festival se nommait Regard sur la relève, mais force est d’admettre que le court métrage évoque souvent plus de folie et de liberté que le long métrage. C’est un art en soi où tout est possible. Souvent, le spectateur est appelé à entrer dans une bulle pour en ressortir quelques minutes plus tard. Nombreux sont les cinéastes qui reviennent au court et qui se mêlent aux plus jeunes à Regard. «Stéphane Lapointe présente chez nous cette année No Wave [à propos d’un homme qui croit entendre quelqu’un se noyer sur les ondes d’une radio satellite]. C’est un retour au court après Les Maîtres du suspense et d’autres films et séries. Ce n’est pas que la relève qui fait du court et parfois il faut le démystifier», indique Marie-Elaine Riou.

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Principalement installé à Chicoutimi, le festival international du court métrage présente tout d’abord le mercredi soir sa traditionnelle soirée consacrée au talent local – 100% Saguenay – avec entre autres Le silence fait peur aux brutes d’Étienne Boulanger, oeuvre de près de 5 minutes où l’on juxtapose les coups de rames d’un aviron à ceux de baguettes de batterie d’un musicien installé en plein coeur du fjord. Très belles images aériennes.

Jeudi, place à la grande soirée d’ouverture avec entres autres l’excellent court métrage allemand Bon Voyage de Marc Wilkins, présenté en compétition internationale. Le film de 20 minutes raconte la rencontre délicate entre un couple suisse en voyage sur la Méditerranée et un groupe de réfugiés naufragés. Également au programme: Oscar, un portrait touchant du pianiste virtuose Oscar Peterson par Marie-Josée Saint-Pierre.

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Tout de suite après ce programme 1, le porte-parole de l’édition 2017 de Regard, Émile Proulx-Cloutier, proposera un concert unique inspiré par le court métrage. Il expliquait en conférence de presse que les liens entre le court métrage et la musique sont forts puisque dans les deux cas, il s’agit de créer une histoire en quelques minutes. Le défi est similaire pour lui puisque ses chansons sont comme de petits films.

Vendredi 17 mars, le comédien et chanteur sera aussi du programme thématique L’acteur réalisateur en compagnie de Fanny Mallette, Guillaume Cyr, Alexa-Jeanne Dubé, Pierre Niney et Mara Joly. C’est à 19h au Petit Théâtre de l’UQAC. Tout de suite après au même endroit aura lieu la rétrospective du réalisateur David Uloth, auteur d’une dizaine de courts et qui vient tout juste de compléter le tournage de son premier long métrage. La directrice générale nous a dit quelques mots sur celui-ci: «Je l’ai découvert avec La Voce, film qui a voyagé dans plus de 100 festivals. L’an dernier, il a fait un coup de circuit avec ce film à Regard avec deux prix et une mention. C’est impressionnant de réussir à plaire autant au public qu’au jury. Mélissa Bouchard, directrice de la programmation, le connaissait bien depuis toutes ses années à Regard. C’est beau de voir comment son art a évolué. C’est toujours des idées originales.»

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Samedi, ce sera l’occasion pour les cinéphiles de découvrir des films de la Corée du sud et de la Grèce à l’occasion de programmes qui sont consacrés aux deux pays. «Ils sont un peu différents, indique Marie-Elaine Riou. Le panorama Corée, c’est nous qui le programmons. On a regardé ce qui s’est fait en Corée dans la dernière année ainsi que des oeuvres un peu plus vieilles et on les a rassemblé pour un programme diversifié et fort. En échange, ils font la même chose en avril au festival dans la ville de Busan. Pour ce qui est de la Grèce, c’est une carte blanche organisée par le festival de films à Thessaloniki dans le nord du pays. Ce qui est bien dans ces cas-ci, c’est que ça peut parfois être des films moins récents que tu peux trouver sur le web, mais l’important c’est de les voir sur grand écran et de se faire dire: «c’est ceux-là qui sont à découvrir.»

Et qui dit Regard dit party! Le porte parole Émile Proulx-Cloutier confiait en conférence de presse qu’il avait toujours eu des rendez-vous manqués avec Regard, mais qu’il avait entendu parlé des fins de soirées mémorables. Le festival a définitivement une réputation pour ses bons partys mais est-ce un souci pour l’organisation de poursuivre cette tradition? «C’est un souci parce que Regard est un carrefour de rencontres et ça prend des moments où il faut échanger avec les autres. Évidemment que rendu à une certaine heure, on jase plus de niaiseries! Mais c’est pas grave parce que ça crée des liens privilégiés avec des gens, plus que dans des festivals d’envergure où t’aurais pas la chance de danser ensemble toute une nuit sur du country comme l’an passé!»

Regard, du 15 au 19 mars au Saguenay. Tous les détails ici: festivalregard.com

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