Cinéma

Portrait de Regard: Alexa-Jeanne Dubé, une femme pressée

Avec son film Oui mais non, elle était de passage au Festival Regard au Saguenay pour la première fois en tant que réalisatrice. Avec Apnée, elle y était pour une quatrième fois en tant que comédienne. C’est avec une femme très occupée que nous nous sommes entretenus dans le hall de l’Hôtel Chicoutimi.

Alexa-Jeanne Dubé a des projets, des tonnes de projets, et son existence est consacrée à l’achèvement de ceux-ci. Avec sa compagnie de production À deux qu’elle a cofondée avec Marie-Philip Lamarche «parce qu’elle n’avait pas envie d’attendre que le téléphone sonne», elle produit son propre théâtre, ses propres événements et maintenant son propre cinéma.

La jeune comédienne de Québec, qui a fait le saut en jeu à St-Hyacinthe, a tout de suite voulu se coller à toutes les réalités de la production en fondant sa structure en sortant du Cégep. Les premières années furent tout en théâtre, puis est venu le cinéma par l’entremise d’une chance offerte par Chloé Robichaud. «Elle m’a offert un petit rôle dans Sarah préfère la course et ensuite un autre rôle dans sa websérie Féminin/Féminin, explique Alexa-Jeanne Dubé. Cette opportunité en a déclenché d’autres et je me suis vite familiarisé avec la petite famille du cinéma québécois. Je me suis tout de suite sentie très à l’aise avec le monde du court métrage et du cinéma indépendant. C’est peut-être parce que j’ai une personnalité un peu rebelle et une facilité à fonctionner dans des structures anarchiques où il n’y a pas beaucoup de restrictions ni de barèmes administratifs lourds.»

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Tournage de Oui mais non, Photo : Olivia Lagacé

Oui mais non, sa première réalisation, raconte l’histoire de deux voisines qui se rapprocheront de façon inattendue, un soir d’hiver. Karelle Tremblay interprète la voisine plus jeune en quête d’identité, en dérive, et Alexa-Jeanne Dubé interprète l’aînée, plus solide et admirée de sa cadette. «C’est une histoire librement inspirée d’une relation d’amitié que j’ai eue quand j’avais 15 ans. Une amie découvrait à cette époque son homosexualité à travers notre relation. Elle avait de l’admiration mêlée à du désir envers moi. Ces moments transitoires sont extrêmement inspirants, j’y trouve de la matière dramatique à exploiter. J’ai appris beaucoup plus tard qu’elle m’avait secrètement désirée…»

Découpée de façon chirurgicale et filmée tout en rondeur et en chaleur par Raphaël Ouellet, cette première réalisation pose les fondations de la pratique cinématographique d’Alexa-Jeanne Dubé. Elle y intègre évidemment des thèmes que l’on peut retrouver essaimés dans son jeu et ses pièces: l’identité, la sensualité et une certaine éducation sentimentale.

Et pour la suite, on sait qu’en ce moment elle s’active sur une série portant sur les déboires amoureux d’une enfant du divorce, Les enfants nomades, où chaque épisode sera tourné dans une région différente du Québec. Elle écrit un court sur l’angoisse de mort chez les personnes âgées. Et sinon, il y a ce projet fascinant de «triptyque sur le voyeurisme et l’intimité tourné exclusivement avec un drone.»  On attend la suite.

Le film Oui mais non sera en compétition au Brussels Short Film Festival le mois prochain.

festivalregard.com