Portrait de Regard: Jérémy Comte
Cinéma

Portrait de Regard: Jérémy Comte

VOIR est de passage au Saguenay pour le festival international de court métrage Regard. Nous avons rencontré le réalisateur Jérémy Comte, qui présentait pour la première fois au Québec son percutant Fauve lors de la soirée d’ouverture officielle jeudi. 

Dans le court métrage Fauve, on suit deux garçons, des meilleurs amis qui se jouent des tours en s’aventurant dans la nature, puis dans une mine à ciel ouvert. Jérémy Comte a voulu ancrer son film dans un lieu visuellement riche et a puisé dans ses souvenirs d’enfance à Sawyerville dans les Cantons-de-l’Est pour mettre en images cette histoire de jeux d’enfants qui vire au drame.

«J’habitais dans une maison de campagne à sept kilomètres du village donc j’étais perdu dans la nature. Mes parents me laissaient complètement libre. Mon meilleur ami et moi, on explorait les bois. Toute l’ambiance des jeunes qui explorent des wagons abandonnés en début de film, c’est aussi ce que je faisais. On se jouait des tours et ma relation avec mon meilleur ami était parfois un peu malsaine à ce niveau. Avec Fauve, je voulais faire un portrait un peu plus sombre de l’enfance.»

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Le jeu des jeunes Félix Grenier et Alexandre Perreault, des non-acteurs sélectionnés pour leur authenticité et leur chimie, est remarquable. «On les a mis ensemble et on aurait dit qu’ils se connaissaient depuis toujours», commente le réalisateur. Les deux garçons l’ont accompagné au prestigieux festival Sundance en janvier dernier, où Fauve a remporté un prix spécial du jury.

«C’était complètement inattendu, dit Jérémy Comte. Déjà, en étant sélectionné à Sundance, je me considérais gagnant.» Le court métrage a dû être complété expressément pour le festival américain alors que le réalisateur se remettait de graves blessures. «On avait soumis une version préliminaire à Sundance alors il fallait absolument le terminer dans le temps des Fêtes. En décembre, j’étais en Afrique pour développer mon premier long métrage. J’ai eu un gros accident de moto et je me suis ouvert la jambe. Entre mes opérations, j’ai réussi à trouver du temps pour compléter le film. J’étais en chaise roulante et je rentrais au studio de son… J’étais sous antidouleurs, mais j’étais si content de travailler après deux semaines à l’hôpital! À la veille de Sundance, j’ai eu le go du médecin pour pouvoir y aller.» Et il a trouvé, lors de sa première mondiale, un public fort réceptif à son récit bouleversant. «Au début de la projection, ça riait et puis les gens se cachaient les yeux quand la tragédie se développe. Ça réagissait beaucoup et c’est ce que je voulais. Et aussi les gens étaient tellement heureux de voir Félix et Alexandre sur scène, c’était vraiment beau.»

Jérémy Comte / photo: Daniel Andrade
Jérémy Comte / photo: Daniel Andrade

C’est pas mal à l’âge qu’ont ses personnages dans Fauve que la passion du cinéma s’est développée chez Jérémy Comte. «J’avais fait une pièce de théâtre quand j’avais 11 ou 12 ans et j’étais tombé en amour avec le médium de la création, du jeu, mais je ne voulais pas tant travailler le live, je voulais plutôt avoir le temps pour créer, de façonner quelque chose. Finalement, je me suis dirigé vers le cinema. En même temps, j’avais une passion pour le skate très forte donc j’ai commencé à faire des vidéos avec mes amis.»

Grand voyageur, il s’est façonné une vision en faisant des documentaires à l’étranger et en poursuivant sa passion de jeunesse en signant un film sur le longboard. Suite à des études en cinéma à Concordia, il a signé un premier film de fiction exploratoire. Aujourd’hui, il fait aussi de la pub et du vidéoclip. «Je navigue dans tout ça, mais là mon intérêt principal, c’est vraiment la fiction.»

Et Jérémy Comte misera sur un prochain projet de fiction de plus longue haleine avec son premier long métrage, présentement en développement.

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Le festival Regard se poursuit jusqu’à dimanche festivalregard.com