Copenhague, la maîtresse
Cinéma

Copenhague, la maîtresse

Film un peu moins connu de l’oeuvre du réalisateur québécois Philippe Lesage, Copenhague A Love Story explore néanmoins un large pan de la vie réelle et fantasmée d’un homme qui a ses habitudes dans la capitale du royaume du Danemark depuis plus d’une décennie. 

C’est autour de trois os à moelle que nous avons discuté d’amour, de camaraderie et de nostalgie en compagnie du réalisateur et de la comédienne Victoria Carmen Sonne.

«Ce film tient ses assises dans le réel. Tout le monde conserve son nom, et bien que parfois le tout soit caricatural, il y a toujours un peu de nous dans toutes les scènes du film», explique Philippe Lesage, visiblement emballé par cette série de projections du film dans le cadre du Printemps nordique à la Cinémathèque québécoise.

«J’ai, par exemple, rencontré Victoria car elle avait eu une histoire d’amour avec Emil, qui joue l’amoureux hésitant dans le film et qui est un ami à moi dans la vie.»

Copenhague A Love Story est un film qui met en scène une bande de potes dans les rues, les bistros et les appartements enfumés de la capitale du Danemark. Tous vivent des relations passionnelles et gravitent autour de la figure de Victoria qui incarne l’attraction, le désir.

«Victoria est plus jeune que je ne l’ai jamais été. Elle a beaucoup moins d’expérience», révèle Victoria Carmen Sonne. «Elle est extrêmement seule et très inquiète. Elle admire tous les hommes qu’elle rencontre sur son chemin, elle s’abandonne à ceux-ci, pensant qu’elle trouvera sans doute l’homme de sa vie. Quand nous avons construit ce personnage, j’ai tout de suite eu l’image d’une cigarette qui se consume incessamment. Elle devait tout le temps fumer.»

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Lesage retrouve ses amis, ses anciens étudiants, lui qui a été professeur de cinéma pendant quelques années là-bas. Son séjour à Copenhague représente des années de vache maigre, mais également des années très importantes pour la formation du cinéaste qu’il était en train de devenir.

«Philippe réussit à avoir un point de vue intéressant et vivant sur Copenhague parce qu’il demeure quelqu’un d’extérieur à la ville même s’il l’a connue intimement», constate Victoria Carmen Sonne. «Il y a aussi le fait que nous avons fait ce film avec trois fois rien, ce qui vient ajouter un esprit d’urgence et d’intimité avec la ville. Par exemple, j’ai appelé le bar où j’ai mes habitudes pour leur demander si on pouvait tourner sur place, et le soir même nous tournions! Copenhague est un endroit où tout le monde se connaît et se rencontre de façon aléatoire, à l’image du film qui rend très bien l’esprit de cette ville.»

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Cette première fiction arrive également à un moment charnière dans le parcours du cinéaste. Au moment de tourner au Danemark, Lesage avait alors quatre films au compteur, tous des documentaires. C’est donc sa première incursion dans la fiction, tournée avec des amis à la prise de son, à la direction photo alors qu’à la caméra c’était lui-même ou bien son frère. Un esprit collégial anime ce film, mais également un travail d’amoureux du cinéma.

«C’est un hommage à des gens et une ville que j’aime, mais c’est aussi l’occasion de revisiter des temps qui furent plus difficiles. Ma rupture est vécue à nouveau dans le film et la scène où j’apparais me montre tel que j’étais à ce moment: pathétique. J’aime, en tant que cinéaste, gratter là où ça fait mal et revivre des époques plus difficiles. La mise en scène sert aussi à cela.»

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À l’affiche les 4, 7, 10, 12 et 25 avril à la Cinémathèque québécoise dans le cadre du Printemps nordique