Magalie Lépine-Blondeau : sonder l'âme
Cinéma

Magalie Lépine-Blondeau : sonder l’âme

Pour les dix ans de sa marque de vêtements, Elisa C-Rossow a organisé un joli projet: photographier dix femmes représentant Montréal, pour honorer ses collections et célébrer la ville. Entrevue avec l’une d’elles, la comédienne Magalie Lépine-Blondeau.

Magalie raconte depuis 13 ans des histoires qui s’inscrivent dans l’univers de réalisateurs ou d’auteurs, où elle tente de creuser et sonder l’âme humaine. Pour elle, c’est vraiment un travail d’humilité et d’humanité. Il y a une curiosité insatiable à jouer un personnage dans son univers et le plus grand défi sera toujours de se détacher et s’effacer le plus possible derrière les rôles.

Elisa C-Rossow: Deux mots pour te décrire?

Magalie Lépine-Blondeau: J’ai constamment faim de la vie et je suis curieuse. J’ai l’impression que je n’aurai pas assez d’une vie pour réaliser tout ce que je désire accomplir et découvrir…

Quel moment ou projet a réellement lancé ta carrière?

C’est vraiment une progression naturelle en mouvance constante. La beauté, c’est de voir la succession des rencontres et des rôles se poursuivre constamment.

Quelles sont les grandes étapes marquantes dans ta carrière?

Sans aucun doute, ma rencontre avec Serge Denoncourt, un magnifique metteur en scène avec lequel j’ai grandi et évoluée en tant que comédienne. On a fait plus de neuf pièces ensemble. C’est très stimulant de se sentir constamment guidée, poussée à fignoler notre art, tout en développant notre complicité créative.

Ensuite, bien sûr, il y a Podz, qui m’a fait confiance et m’a permis de me faire connaître au grand public. Et finalement, je ne pourrais pas ne pas parler de l’année 2016, celle de mes plus grands projets à ce jour avec District 31 et Plan B.

Je suis plus que fière d’avoir parcouru toutes ces étapes, la charge de travail combinée et les journées de tournage, mais aussi d’avoir été capable de laisser aller certains projets pour en accueillir d’autres. Qui sait ce que ça me réserve! Un ami m’a dit un jour: «Everywhere is within walking distance if only you have time». Ça s’applique beaucoup à plusieurs aspects de la vie. Être curieux, patient et garder en tête qu’on va s’y rendre.. Il faut juste se laisser le temps.

Quel est le meilleur conseil que tu donnerais?

Soyez curieux! Je ne vois pas d’autre manière de contrer la vieillesse, l’isolement et l’amertume. Il faut simplement nourrir le challenge et l’intérêt pour l’autre.

Aimerais-tu un jour exploiter d’autres domaines que le jeu?

Si j’aime mon métier, c’est aussi que je suis consciente qu’il s’inscrit dans quelque chose de plus grand que la fonction que j’exerce. J’ai vraiment une passion pour tout ce qui permet à la magie d’opérer. J’ai un intérêt pour tous les corps de métier qui entourent la création.

Si j’avais à exploiter d’autres choses dans ma vie, j’aimerais pousser l’écriture. Je ne sais pas ce que j’en ferais, je ne sais pas si ça aura lieu, mais c’est un désir que j’ai depuis longtemps et je pense que c’est la pudeur qui m’arrête. Mais un jour j’aimerais me rendre au bout de l’exercice…

Le projet le plus étrange et cocasse dans lequel tu as joué?

Récemment, j’ai participé à l’édition spéciale de SNL Québec et ça m’a vraiment sortie de ma zone de confort. C’était des sketchs, de l’humour, et j’ai même été appelée à faire un stand-up. J’ai trouvé ça tellement libérateur! À un moment je ne réfléchissais plus, je ne pensais plus à ma performance, on n’était seulement dans la folie et le plaisir.

Être spectatrice de ton travail, c’est mauvais où important?

C’est très dur! Je trouve ça nécessaire et je regarde pas mal tout ce que je fais. Je le fais d’abord dans l’optique de m’apprivoiser, car même après toutes ces années j’ai encore de la misère à me voir. Je le fais aussi pour m’améliorer.

Comment une actrice peut mettre sa touche personnelle à un rôle?

Notre empathie, notre bagage émotif, notre sensibilité, c’est notre matériel en tant qu’actrice. C’est éminemment personnel, mais il faut arriver à cet abandon, cette mise à nu, en restant toujours humble face au personnage. Dans son ombre. C’est son histoire, pas la nôtre, qu’il faut raconter. Mais c’est fascinant comme mes personnages finissent toujours par trouver écho et s’imbriquer en moi… J’ai une tendresse pour chacune des femmes que j’ai incarnées.

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