Cinemania de son temps
Cinéma

Cinemania de son temps

Avec une kyrielle d’invités de marque et des premières nord-américaines, le festival Cinemania est résolument tourné vers l’avenir et veut aujourd’hui créer l’événement en plus de renverser la tendance.

Cela fait maintenant quatre ans que Guilhem Caillard est à la tête de Cinemania. Depuis son arrivée, les changements ont été nombreux dans ce festival qu’il a su rendre moderne et plus dynamique. Avant que le jeune directeur arrive en poste, on avait en effet l’impression que les salles de ce festival, qui était alors exclusivement consacré au cinéma français, étaient remplies de têtes blanches. Un virage était nécessaire pour que le festival perdure.

«Cinemania est devenu un événement profondément tourné vers la francophonie», nous répond Guilhem Caillard, joint à son retour du Festival international du film francophone de Namur. «On offre aujourd’hui un plus large bassin de représentation de la francophonie. Depuis les quatre dernières années, notre équipe a voulu mettre l’accent sur la jeunesse du monde francophone. Cinemania avait besoin d’ouvrir ses horizons et il est hyper important ici à Montréal de veiller au renouvellement des publics.»

Alors que l’industrie du film vit de grands bouleversements et que les salles semblent se vider, Caillard rétorque qu’il faut une offre variée et qualitative pour contrer ce phénomène, persuadé de redresser la barque. Les jeunes viennent au cinéma si le cinéma leur offre une expérience qui s’adresse à eux. Pas d’aigreur chez le dynamique directeur, juste une adaptation aux thèmes et aux formats qui interpellent les nouvelles générations.

«La personne qui regarde des films et des séries sur Netflix vit une autre expérience, plus solitaire, tandis que ce que nous offrons en salle et lors des classes de maître, c’est la possibilité de vivre une expérience collective, avec d’autres personnes et des artisans du cinéma. Je crois que c’est deux choses qui ne sont pas incompatibles. Et puis, de voir un film sur un immense écran, cela change tout quand même.»

Avec une projection-événement du film Le grand bain, en présence de Gilles Lellouche, à la piscine du Centre sportif MAA, le festival veut faire les choses autrement. En plus de cette primeur nord-américaine, il y aura aussi la projection de deux nouveaux épisodes de la série Dix pour cent mettant en vedette Jean Dujardin et Monica Bellucci, le tout en présence du producteur et agent Dominique Besnehard. Des série télé dans un festival de cinéma? Oui, oui, c’est aussi cela Cinemania.

Guilhem Caillard, photo Vivien Gaumand

«C’est totalement nouveau pour notre événement. Nous acceptons de jouer le jeu et faisons rentrer la télévision sur le grand écran. Il y a actuellement une adaptation québécoise de la série Dix pour cent qui est en production, elle sera réalisée par Alexis Durand-Brault. On va sans doute l’inviter à nous en parler avant la projection.»

Deux nouvelles salles de cinéma viennent d’ouvrir leurs portes à Montréal: le Cinéma du Musée des beaux-arts (qui est l’une des salles officielles du festival) et le Cinéma Moderne. L’heure est aujourd’hui aux cinémas de quartier, qui offrent une autre expérience que les chaînes de cinéma traditionnelles. Et ces petites salles, tout comme un festival comme Cinemania, permettent une diffusion de films qui n’auraient sans doute jamais eu de vie ici au Québec.

«On vit actuellement un creux de vague pour le cinéma français au Québec, mais il existe encore des distributeurs qui continuent à y croire et ça, c’est le plus important. Quand on jette un coup d’œil au taux de fréquentation des salles de cinéma dans les dernières décennies, il y a eu plein de périodes creuses, mais la fréquentation est toujours repartie de plus belle.»

Au programme cette année à Cinemania, Mathieu Kassovitz viendra faire une classe de maître et présenter le drame de boxe Sparring, où il incarne Steve Landry, un cogneur sur le déclin. Romain Gavras viendra défendre Le monde est à toi qui met en vedette Vincent Cassel et Isabelle Adjani. Monia Chokri sera à l’affiche de deux films. Elodie Bouchez viendra aussi visiter Montréal et Olivier Gourmet sera l’invité d’honneur du festival. En plus de cette liste plus que séduisante d’invités, Edouard Baer viendra y présenter Mademoiselle de Joncquières et réaliser un épisode de son émission de radio originale et déjantée Lumières dans la nuit.

Bon festival!

Du 1er au 11 novembre
festivalcinemania.com