Long Shot : Réussite contre toute attente
Alors que les États-Unis semblent plus divisés que jamais sur le plan politique, Jonathan Levine (50/50, The Wackness) nous propose de se réunir avec sa nouvelle comédie romantique Long Shot.
Voulant se présenter pour devenir la première présidente de l’histoire des États-Unis, Charlotte Field (Charlize Theron) a tout pour elle… ou presque. Le public ne la trouve pas particulièrement drôle. Elle engage donc le journaliste politique qui ne manque pas de mordant Fred Flarsky (Seth Rogen) pour pimenter ses textes. Voyageant autour du globe, les deux tisseront des liens au grand désarroi de l’équipe de Field.
À la réalisation, Jonathan Levine ne réinvente rien avec ce long métrage. On a droit à beaucoup de champ-contrechamps ainsi qu’une direction photo sans flafla signée par le Montréalais Yves Bélanger. De toute façon, la force de Long Shot n’est pas dans ses aspects techniques, mais plutôt dans sa distribution. Chaque personnage secondaire se dote d’une couleur unique et alimente à merveille la relation que Theron et Rogen peignent si bien.
Personne ne sera surpris d’apprendre que Seth Rogen, grand habitué des comédies du genre, est hilarant du début à la fin. Souvent critiqué de jouer le même personnage (qui ne serait que lui-même), il sait ici amener une touche de réalisme qu’on avait pu entrevoir chez son rôle de Steve Wozniak dans Steve Jobs (2015).
Si l’on pouvait s’attendre à ce que Rogen excelle dans ce type de film, on ne peut pas en dire autant de Charlize Theron. Cependant, elle nous prouve encore qu’elle fait partie de la crème d’Hollywood grâce à sa polyvalence indéniable. Armée d’un excellent timing comique et d’une prestance rare, elle sait allier parfaitement humour à politique. Une chimie indéniable vient s’ajouter aux jeux des acteurs.
On a même droit à une amusante version de Justin Trudeau, campé par Alexander Skarsgård. Prénommé James Stewards, le personnage est facilement reconnaissable par son image soignée, son obsession pour les photos ou sa manie de parler dans un drôle de bilinguisme.
Si l’idée d’une énième comédie mettant en vedette Seth Rogen semble manquer d’originalité ou si le concept d’une romance politique peut avoir l’air d’être un terrain glissant, on a ici droit à un long métrage rafraîchissant qui, sans se prendre trop au sérieux, ne tombe jamais dans la caricature. Fort d’un scénario intelligent et tordant, il arrive à mettre en scène des personnages politiques crédibles tout en les rendant humains.
Cependant, on ne sort pas des paradigmes propres à ce genre de film. Si le respect de l’arc narratif de la comédie romantique permet un récit concis, il amène aussi son lot de clichés et de moments prévisibles. Faibles sont les chances que vous soyez surpris par le dénouement. Le film aurait aussi bénéficié d’un troisième acte plus court. On se répète un peu et le film qui avait jusque là un excellent ton perd un peu de sa magie. Reste qu’on en sort le sourire aux lèvres et la tête remplie de répliques.
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Long Shot prend l’affiche le 3 mai