Fantasia 2019 – House of Hummingbird : Le courage des oiseaux
S’il y a un seul film à voir cette année à Fantasia, c’est le magnifique House of Hummingbird de la Sud-Coréenne Kim Bora, qui sera justement à Montréal pour présenter son éblouissant premier long métrage.
Les récits d’initiation sur le passage à l’âge adulte sont nombreux. La seule façon de révolutionner un tant soit peu le genre est de passer par le regard, unique et authentique, de son auteur. Cela explique pourquoi une œuvre comme Une colonie (2019) fonctionne à merveille, alors qu’un 1991 (2018) laisse complètement de glace.
Il y a une maturité fulgurante qui s’échappe d’House of Hummingbird, dont les chemins balisés – premiers amours, problèmes domestiques, rencontres marquantes – ne payent a priori pas de mine. Derrière notre protagoniste pratiquement invisible – une adolescente timide adepte de bandes dessinées – se trouve une actrice épatante en Park Ji-hu, capable de véhiculer n’importe quelle émotion d’un seul regard. Une force tranquille qu’alimente sans cesse la mise en scène discrète et précise de Kim Bora, la réalisatrice. Tout semble si naturel et fluide dans la composition de ses plans, de ce montage organique qui dit beaucoup avec peu.
Ce récit éminemment personnel devient surtout l’occasion idéale d’aborder la place de la fille et des jeunes femmes dans leur famille et la société. Même si l’histoire se déroule en 1994, le contexte demeure universel. L’émancipation ne sera pas de tout repos sans encouragement ni soutien. Dès le départ, une camarade de classe parle de l’héroïne à ses amies: «Ce sont des gens comme elles qui deviennent nos bonnes.» Une phrase cruelle rappelant que la solidarité n’existe guère lorsque le milieu s’avère défaillant. Le scénario sensible peut toutefois compter sur la (trop) longue durée du film pour déboulonner les clichés sociaux et féminins, amenant douceur, délicatesse et compassion à un destin d’une résilience sans égal, dont la finale émeut au plus haut point.
Au sein d’un cinéma coréen réputé pour ses déflagrations satiriques (la Palme d’or 2019 Parasite), ses coups de théâtre psychologiques (l’inoubliable Burning, 2018) et sa grande violence (pratiquement tout le reste), House of Hummingbird fait figure d’exception, se rapprochant de l’art humaniste du Japonais Hirokazu Kore-eda. Celui où la dureté du monde n’éclipse jamais son immense beauté.
Présenté au Festival Fantasia
mercredi le 24 juillet à 18h30
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