Retour sur Fantasia : 3 coups de coeur
Cinéma

Retour sur Fantasia : 3 coups de coeur

La 23e édition de Fantasia s’est conclue jeudi dernier et nous a proposé un vaste éventail de films. Il y avait, bien sûr, plusieurs films qui frapperont bientôt les écrans de plein fouet et dont les critiques vous entretiendront bien vite. Mais il y avait également dans le lot des films singuliers dont la venue en salle est moins prévisible et qui révèlent des expériences cinématographiques intrigantes. En voici trois à mettre sur vos listes de films à surveiller…


The Incredible Shrinking Wknd

Jon Mikel Caballero propose une nouvelle façon de raconter la prise de conscience avec ce drame amoureux métaphysique. Alba (Iria del Rio), à l’aube de sa trentaine, habite toujours avec son père – dont elle semble être le bâton de vieillesse -, fait la fête sans arrêt, ne travaille pas et ne semble pas être pressée de s’engager avec le garçon qu’elle fréquente depuis trois ans. Alors qu’elle loue une villa pour un week-end avec des copains, voilà qu’elle se retrouve en pleine rupture au terme d’une dispute. Comble de malheurs, suite à quelques tours pernicieux de l’univers, la voici prise dans une boucle qui lui fait sans cesse revivre son week-end. Oui, on pense à Groundhog Day (1993), mais The Incredible Shrinking Wknd possède une mélancolie touchante. Peut-être est-ce la façon dont on voit Alba se débattre avec des choix qu’elle ne pensait pas avoir faits, un peu à la manière d’un.e ami.e qui résisterait à nos conseils? Peut-être parce qu’il y a une universalité à voir ses erreurs se répéter sans cesse, devant une fenêtre de possibles se rétrécissant de jour en jour? Non seulement Alba vit son week-end en boucle, mais il raccourcit chaque fois, ne lui laissant qu’un nombre défini de tentatives pour comprendre le casse-tête.  

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Knives and Skin

Ceux qui se rappellent de Brick (2005) de Rian Johnson se sentiront chez eux avec le Knives and Skin de Jennifer Reeder. Avec un sens du style bordé de couleurs saturées, une trame sonore assumée qui envahit le film presqu’à la manière d’une comédie musicale (avec des hits des années 1980 réarrangés pour être chantés a capella par des adolescentes) et une ambiance glauque à l’humour décalé, le film conteste la notion de normalité.

La prémisse est simple: la disparition d’une jeune fille a un impact étrange sur chacun des membres de sa communauté. En réalité, le suspense (qui est inexistant) est plutôt prétexte à explorer autrement l’état singulier qu’est l’adolescence. Ici, on accorde une voix aux marginalisés, créant un microcosme de personnages originaux. Reeder s’emploie à donner à son univers un angle féministe et queer afin de parler des limbes qui peuvent découler de certaines déceptions. Un film imparfait, s’égarant un peu à force de vouloir inclure beaucoup de sujets, mais rafraîchissant dans sa déconstruction du schème narratif dominant. 


Sons of Denmark

Ulaa Salim signe, avec ce premier long métrage, une analyse sensible des répercussions de la haine.

Sons of Denmark s’intéresse à la montée de la droite suprémaciste dans le Danemark de 2025, où le parti nationaliste promet, s’il est élu, un nettoyage ethnique. La population immigrante, surtout d’origine arabe, se voit harcelée par des groupes néonazis. Hassan (Imad Abul-Foul), jeune garçon cherchant à défendre sa mère et son petit frère, s’associe à un groupe de résistants. Commence alors le cercle vicieux de l’ouroboros; la haine et la violence, peu importe l’agenda, prennent naissance au sein du même noyau et les nourrir n’aura d’autre effet que de perpétuer l’hostilité.

La trame narrative, calquée sur celle d’un thriller, change plusieurs fois de points de vue, permettant de voir les humains pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils représentent et ainsi susciter la compassion chez le spectateur. Sons of Denmark est parfois difficile à soutenir, sans toutefois être gratuit. Il s’agit d’un film important, qu’il faut voir, surtout en cette ère où il semblerait que la notion de frères humains ait été oubliée.

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