Matthias & Maxime de Xavier Dolan : Les copains d'abord
Cinéma

Matthias & Maxime de Xavier Dolan : Les copains d’abord

La famille éternellement au cœur du cinéma de Xavier Dolan prend la forme de l’amitié dans son huitième long métrage Matthias & Maxime.

On ne choisit pas sa famille mais on choisit ses amis. Cette maxime résonne amplement au sein de cette œuvre intime et personnelle sur une gang de chums qui se connaissent depuis l’adolescence et parfois même l’enfance, affrontant vents et marées ensemble.

«Ils sont peut-être issus de milieux différents, mais dès qu’ils se retrouvent, les classes sociales n’existent plus», raconte en entrevue Gabriel D’Almeida Freitas, qui incarne l’avocat Matthias.

C’est d’ailleurs grâce à son amitié pour Xavier Dolan, qu’il connaît depuis six ou sept ans, que l’acteur s’est retrouvé en tête d’affiche de ce film qui a été retenu en compétition officielle à Cannes. Un choc pour l’humoriste de formation que l’on a davantage vu à la télévision et dans des séries web.

«Il y avait une peur de l’inconnu, ça, c’est certain, avoue-t-il. Mais je pense que si j’avais refusé le film, Xavier aurait compris. Il m’a choisi et m’a dit que si j’hésitais à un moment dans le processus, même si on était ami dans la vie, il prendrait un autre acteur. C’est une belle marque de confiance.»

Cela lui a permis d’observer son comparse en pleine création – «C’est un enfant, Xavier. C’est comme si c’était son premier et son dernier film» – et de découvrir plein de choses à son sujet: «Dans ma tête, c’était un réalisateur très hautain qui n’aimait que les films d’auteur. Mais c’est faux. Pendant une répète, il fait: “Il y a le nouveau Mission impossible qui sort. On finit vite et on va au cinéma ce soir! ».»

Surtout qu’en plus du cinéaste de Mommy qui incarne Maxime à l’écran, Gabriel D’Almeida Freitas était entouré d’autres véritables amis, comme Pier-Luc Funk et Antoine Pilon. L’idéal pour se sentir en sécurité sur le plateau. «Il y a quelque chose de sain et de serein de tourner avec ses amis, explique le comédien. Notre amitié paraît vraiment dans le film.»

Pas un baiser s’il vous plaît

Un baiser vient toutefois fragiliser les relations du groupe. Pour les besoins d’un court métrage, Matthias et Maxime doivent s’embrasser et plus rien ne sera comme avant… Matthias a de la difficulté à gérer ses sentiments, s’isolant de son entourage et de sa copine (Marilyn Castonguay).

«Il garde tout en dedans et il est en remise en question à un âge où on croit qu’on ne devrait plus se remettre en question, note son interprète de 29 ans. Avec ce film-là, on réalise que peu importe l’âge, on peut toujours se remettre en question… Une personne qui doute, je trouve ça beau. Il y a une possibilité, il y a de l’espoir.»

Ces incertitudes peuvent être d’ordres professionnels ou amoureux. Un coup de foudre est si vite arrivé, n’épargnant rien ni personne, et ce, peu importe son orientation sexuelle. Cela se répercute dans la caméra parfois sensuelle d’André Turpin qui ne lésine pas sur les plans rapprochés. Puis dans cette façon d’interroger la vulnérabilité masculine, sa sensibilité et sa solitude mélancolique.

«L’amour de l’amitié, on en parle vraiment bien», évoque celui qui risque de recevoir plusieurs propositions cinématographiques après ce long métrage. «C’est un film générationnel sur la liberté. Que tout peut changer. Que rien n’est figé. Qu’on a encore le temps. Qu’on n’a pas fini notre vie.»

«On croit qu’on se connaît, mais ce film-là arrive avec quelque chose d’intéressant: peut-être qu’on ne se connaît pas tant que ça et qu’on ne se connaîtra pas jusqu’à nos derniers moments», conclut le comédien.

À l’affiche le 9 octobre