Le règne de Parasite aux Oscars
Les Oscars ont attendu leur 92e cérémonie pour donner leur plus prestigieux prix à un film étranger. Et qui de mieux que Parasite de Bong Joon-ho, le long métrage événement de l’année!
Le gala des Oscars est une véritable tradition. Un repas centré autour du meilleur film nommé (des plats coréens pour encourager Parasite), le célèbre brownie de Katharine Hepburn afin de rester éveillé jusqu’à la fin d’une soirée qui s’éternise invariablement et une pensée pour le cinéma québécois – cette fois, représenté par l’excellent court métrage Brotherhood de Meryam Joobeur et Maria Gracia Turgeon – qui arrive à se frayer un chemin jusqu’à l’avant-scène avant de rater in extremis le palmarès.
Cela ne pouvait toutefois pas être plus pathétique que l’année dernière, avec le sacre des horribles longs métrages Greenbook et Bohemian Rhapsody. Même s’il n’y a toujours pas d’animateur (il faut dont éviter des scandales!) et que les présentations auraient pu être faites par des robots tant les vedettes toutes parfaites et lisses n’ont effectué aucune vague, la cérémonie n’a pas trop flirté avec les somnifères soporifiques des précédentes éditions.
Du moins au début.
Sans doute que commencer avec Janelle Monae fut une excellente idée, elle qui a enchaîné avec délectation un pot-pourri musical, parfois même habillée comme l’héroïne de Midsommar. Surtout que le tandem formé de Steve Martin et de Chris Rock a poursuivi avec dérision, rappelant les nombreux éléphants blancs dans la salle: l’absence de femmes nommées dans la catégorie de la réalisation et du peu d’interprètes de couleur.
Il y avait toutefois de la diversité à l’écran, autant dans cette pièce de Frozen 2 chantée dans plusieurs langues que dans la dévotion de Karen Rupert Toliver et Matthew A. Cherry – les cinéastes de Hair Love, Oscar du meilleur court métrage d’animation – en réclamant plus de représentativité dans ce type de cinéma.
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Puis est arrivée la première surprise de la soirée, alors que Parasite a coiffé Marriage Story et Once Upon a Time… in Hollywood pour la réputée statuette du meilleur scénario original. Sourire en coin, le Sud-coréen Bong Joon-ho a séduit tout le monde. On allait bientôt le revoir celui-là… et fortement ému, en remerciant Martin Scorsese et Quentin Tarantino après avoir remporté l’Oscar du meilleur réalisateur.
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Avec ses publicités intrusives, ses chansons souvent kitschs et ses remises de prix interchangeables (quand cela ne lève plus, on fait encore et toujours appel aux reines de l’absurde Kristen Wiig et Maya Rudolph), un certain marasme s’est rapidement installé. Qui s’est dissipé à l’occasion, comme dans l’appel à l’union de la cinéaste Julia Reichert après avoir remporté l’Oscar du meilleur documentaire pour American Factory.
Mais pourquoi ressusciter Eminem cette année, si ce n’est pour mettre le public du théâtre Dolby en liesse (la seule exception étant Martin Scorsese)? Ou faire entendre les premières mesures de Champs-Élysées de Joe Dassin avant que Randy Newman entame une pièce de Toy Story 4? Des questions qui dépassent l’entendement.
Au moins il y a eu Julia Louis-Dreyfus et Will Ferrell pour donner des cours de cinématographie et de montage. Plaisirs garantis. Beau flash également d’avoir convié deux félins du navet Cats afin de présenter le prix des meilleurs effets spéciaux et d’assembler un trio de super héroïnes – Sigourney Weaver, Brie Larson et Gal Gadot – qui jurent se partir un Fight Club!
Rien pour sauver la soirée, trop gentille et politiquement correcte, qui s’est avérée beaucoup moins engagée que les précédentes. Mais suffisamment pour célébrer le cinéma en mettant l’art et le glamour sur un piédestal. Surtout qu’on a osé récompenser le meilleur film, même s’il n’était pas américain. Juste pour cela, on s’en rappellera pendant longtemps de ces Oscars.
Quelques discours inspirants…
La classe de Brad Pitt en remportant son premier Oscar pour Once Upon a Time… in Hollywood, le dédiant à ses enfants tout en se permettant une pointe envers la politique américaine (en 45 secondes, il a parlé plus que John Bolton).
View this post on InstagramBrad Pitt is all smiles after winning the Oscar for Best Supporting Actor. – Photo: @jefflipsky
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En allant chercher son cadeau de fête – un Oscar – pour Marriage Story, Laura Dern a remercié les larmes aux yeux ses héros: ses parents.
« S’il vous plait, parlez, on a besoin d’entendre vos voix », a lancé Hildur Guonadottir, rare compositrice à avoir remporté un Oscar (pour Joker), en s’adressant aux femmes. Une ovation debout pleinement méritée.
Peu importe si Joaquin Phoenix n’avait pas l’air heureux de monter sur scène pour aller cueillir son prix pour Joker. L’énigmatique comédien a été le seul à parler de fond en large des injustices chroniques de la société et de la nécessité de laisser triompher l’amour et la compassion.
Tous les gagnants…
Meilleur film
Parasite
Meilleur réalisateur
Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleur acteur
Joaquin Phoenix pour Joker
Meilleure actrice
Renée Zellweger pour Judy
Meilleur acteur dans un second rôle
Brad Pitt pour Once Upon a Time… in Hollywood
Meilleure actrice dans un second rôle
Laura Dern pour Marriage Story
Meilleur scénario original
Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleur scénario adapté
Taika Waititi pour Jojo Rabbit
Meilleurs décors et direction artistique
Once Upon a Time… in Hollywood
Meilleurs costumes
Little Women
Meilleurs maquillages et coiffures
Bombshell
Meilleure photographie
1917
Meilleur montage
Ford v. Ferrari
Meilleur montage de son
Ford v. Ferrari
Meilleur mixage de son
1917
Meilleurs effets visuels
1917
Meilleure chanson originale
(I’m Gonna) Love Me Again d’Elton John, pour Rocketman
Meilleure musique de film
Hildur Guonadottir pour Joker
Meilleur film international
Parasite
Meilleur film d’animation
Toy Story 4
Meilleur film documentaire
American Factory
Meilleur court métrage de fiction
The Neighbor’s Window
Meilleur court métrage d’animation
Hair Love
Meilleur court métrage documentaire
Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl)