Les critiques cinéma de la semaine
Cinéma

Les critiques cinéma de la semaine

Tout sur les plus récentes nouveautés au cinéma. Cette semaine, place à Roubaix, une lumière, 14 jours 12 nuits, Greener Grass, Greed, Mektoub My Love: Canto Uno, Onward et Sorry We Missed You.

Recommandation Voir – Roubaix, une lumière

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Un des plus grands oubliés de la dernière cérémonie des Césars est certainement Roubaix, une lumière. Pour une rare fois de son illustre carrière, l’immense cinéaste Arnaud Desplechin s’éloigne des groupes et du registre romantique qui ont fait sa marque de commerce (Un conte de Noël, Rois et reine) pour se tourner vers un fait divers crapuleux, utilisant différents procès-verbaux afin de mystifier la fiction. Un tour de force qui passe par sa mise en scène élaborée, entre Truffaut et Dostoïevski, où le réalisme social se mute peu à peu en une sorte de polar philosophique sur la condition humaine.

Véritables bougies d’allumage, les personnages solitaires en quête de salut sont incarnés par des acteurs en pleine grâce. Judicieusement récompensé aux Césars, Roschdy Zem campe un commissaire éclatant qui aurait certainement eu sa place dans Les ailes du désir de Wim Wenders. À ses côtés se dressent quelques âmes en peine, dont la plus éclatante est arborée par la déchirante Sara Forestier qui finit par rayonner malgré les ténèbres qui l’entourent.

Voilà un opus majestueux qui rappelle toute l’importance du septième art.

14 jours 12 nuits

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Les films québécois seront nombreux à prendre l’affiche en mars. Le premier à s’exécuter parle de deuil et de réconciliation à travers les yeux d’une femme qui voyage au Vietnam et qui se lie d’amitié avec la mère biologique de sa fille adoptive récemment décédée… En jouant la carte intime et politique, le plus récent long métrage de Jean-Philippe Duval ne manque pas d’intérêt. Surtout qu’il peut compter sur deux excellentes comédiennes (Anne Dorval et Leanna Chea). Dommage que l’émotion, déjà abondante, soit constamment surlignée par une trame sonore insistante et omniprésente.

Greener Grass

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Si David Lynch avait fait de Twin Peaks et de Blue Velvet des comédies, le résultat ressemblerait sans aucun doute à cette oeuvre unique de Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe. Leur vision complètement cinglée de la vie de banlieue dépasse l’entendement, multipliant les scènes hallucinantes et désopilantes. Un grand plaisir déjà culte à voir en bonne compagnie.

Greed

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Pour leur septième collaboration, Michael Winterbottom et Steve Coogan se lancent à nouveau dans la satire acidulée où l’industrie de la mode et les inégalités économiques en prennent cette fois pour leur rhume. Bien que souvent hilarant, le scénario peu subtil fait dans la simplicité, offrant un amalgame inégal entre la farce et le social.

Mektoub My Love: Canto Uno

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Abdellatif Kechiche est pratiquement passé de héros à pervers entre La vie d’Adèle et son diptyque Mektoub, My Love, dont le premier volet arrive finalement sur les écrans québécois deux ans et demi après sa présentation à la Mostra Venise. Il demeure pourtant l’un des réalisateurs les plus généreux dans sa façon de filmer les élans de la jeunesse guidée par leurs pulsions de vie, étirant le temps jusqu’à sublimer réel et cinéma. Le père de La graine et le mulet ne fait jamais rien comme les autres et c’est pour ça qu’il est si précieux.

Onward

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Il ne faut pas se fier à l’animation particulièrement repoussante. Ce Pixar mineur possède du charme et de la tendresse à revendre. En reprenant l’ADN d’un bon Indiana Jones, l’ensemble divertissant à souhait ravive la magie dans sa quête du père perdu, multipliant les gags bons enfants et les leçons de vie.

Sorry We Missed You

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Ragaillardi par la Palme d’Or de son précédent I, Daniel Blake, Ken Loach persiste et signe un nouveau pamphlet sur l’humiliation quotidienne d’êtres humains broyés par le système. Émouvant et nécessaire malgré son manque chronique de surprises et son côté misérabiliste, l’effort d’une authenticité sans nom confirme un nouveau cycle créatif fécond chez son important auteur de 83 ans.