Coup de cœur francophone
Faire confiance à la physique
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Faire confiance à la physique

AV_Show

 

Je pense que c’est à Edmonton que j’ai vraiment perdu ma virginité de tournée. Non, pas dans ce sens-là…  Dans le sens où : comme plusieurs, j’ai souvent jugé très sévèrement les artistes qui disaient que c’est épuisant de faire de la tournée… Heille come on’… Tu te promènes dans plein de villes, tu dors à l’hôtel, tu manges au resto…  C’est pas ma notion de l’épuisement…

 

Puis un matin,  je me suis réveillé un peu confus en me demandant j’étais où, où il fallait que j’aille, comment j’allais me rendre et à quelle heure.  Je venais de passer une quinzaine d’heures à Edmonton, et je repartais…  et tout ce que j’ai vu c’est  l’aéroport, ma chambre d’hôtel, un Second Cup et la salle de spectacle. On a aussi mangé du poulet dans les loges avant le show, ce qui m’a amené à me questionner sur pourquoi on pourrait aimer mieux la sauce Chalet Suisse que la St-Hubert, sans trouver de réponse. J’étais confus d’avoir passé 4 jours où tout était similaire. En même temps, j’ai été confus en écoutant Le jour de la marmotte…  Mais je peux comprendre que des artistes qui tournent beaucoup peuvent trouver ça épuisant.

 

Le seul souvenir que je garde d’Edmonton, c’est son taxi où il y a une espèce d’animal sur le compteur. On est dans l’ouest donc je dirais que c’est un cheval. Quand le taxi roule vite, le cheval galope… quand il est arrêté, il se promène… tranquille. WOW!  Le chauffeur se demandait vraiment pourquoi je prenais des photos du compteur… Cherche pas l’ami, on garde les souvenirs qu’on peut.

 

Taxi

 

La prochaine destination sur l’horaire est Lethbridge, quatrième plus grande ville de l’Alberta. À l’aéroport, la fille-robot qui parle dans l’intercom nous demande de nous rentre à la porte c49 et qu’un bus nous amènera à l’avion.  Le bus est presque vide…   Bien naïvement, je pense que c’est une bonne nouvelle, que j’aurai amplement de place pour me rendre dans la quatrième plus grande ville albertaine…  Naïf… Très naïf.  Le bus vide remplit l’avion; ça vous donne une idée des dimensions de l’appareil.  Tellement petit que la porte de la cabine du pilote ne ferme pas!

 

Pilote

 

Et c’est dans ce petit-petit avion qu’on se dirige vers la très venteuse Lethbridge.  Je ne sais pas qui vous priez quand ça brasse en avion, mais moi je me rabats vers la physique.  Voler en avion est pour moi ce qui se rapproche le plus de la magie, mais je sais que c’est la physique qui contrôle tout. Alors quand le bébé-avion, poussé par un vent de côté, essayait de s’enligner sur la piste d’atterrissage, j’avais l’impression de voir quelqu’un essayer d’entrer une clé dans une serrure pendant qu’on lui donne des tapes sur la main. Mais j’ai remis ma confiance dans les lois de la physique et tout s’est bien passé.  Merci Newton, merci la portance, merci la sustentation.

 

Mariage

 

Je disais que les tests de son de Nevsky étaient dignes des meilleurs groupes de reprises qui jouent dans les mariages… Je réitère. Comme la salle de Lethbridge est montée en formule cabaret avec tables et chaises, nappes noires et centre de table, on a un peu l’impression d’être à une réception d’après-mariage…  Cette fois-ci dans son grand sac à hits, le groupe nous offre les pièces suivantes :

 

-Compter les corps / Les Vulgaires Machins

-C’est zéro / Julie Masse

-Hold the line / Toto

-Whole Lotta Love /Led Zeppelin

-Besoin pour vivre / Claude Dubois

-You’re the one that I want / Grease

 

Dès que je finis de préparer mon mariage (il me reste à choisir la date, le lieu, les invités, le menu et la personne avec qui je me marie), je leur demande d’être mes chanteurs de noces.

 

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Le spectacle de Lethbridge est un peu plus complexe à gérer.  Comme il y a beaucoup d’interactions avec le public, c’est parfois plus difficile dans les petites communautés selon Nevsky :  « Tout le monde se connaît, et des fois, ils sont plus gênés devant leurs amis… ils ne veulent pas avoir l’air fous…»  Mais avec un peu de travail et quelques interpellations directes : « Oui, vous, Monsieur avec la chemise carreautée, levez-vous et dansez avec votre femme! » Les choses ont fonctionné!  Un salut particulier au couple qui est monté danser sur scène, particulièrement au gars qui prenait des selfies avec les musiciens, pendant une chanson.  Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.

 

C’est donc après 5 shows et quelques milliers de kilomètres que se termine la tournée albertaine d’Alex Nevsky, et du même coup, mes extraordinaires aventures.  C’est terminé pour moi, mais il reste quelques spectacles des Sœurs Boulay + Hay Babies en Alberta et en Ontario. (détails ici).

 

J’aimerais maintenant prendre un petit paragraphe pour faire des remerciements (j’espère ne pas me faire juger par l’intelligentsia des remerciements du Québec.) Quand je suis parti de Vancouver vers Edmonton, j’ai compris ce qu’avait vécu Jiri Slegr le 7 avril 1997, quand il a été échangé des Canucks aux Oilers.  Mais l’équipe Nevsky m’a aussi bien accueilli que les Boulay-Babies…  c’est pourquoi j’aimerais dire un énorme merci aux artistes et à leur équipe de m’avoir laissé flâner dans leurs loges, écouter leurs conversations et manger leur bouffe pendant qu’ils étaient sur scène.  Oui, désolé de vous l’apprendre. Et ne vous inquiétez pas, je ne raconterai jamais « vous savez quoi ».

 

Merci aussi aux gens qui nous ont accueillis à Whitehorse, Vancouver, Edmonton et Lethbridge, et qui faisait tout pour nous rendre la vie facile et l’expérience agréable. Finalement, merci à Coupe de cœur francophone, et à l’année prochaine. (En finissant sur une phrase affirmative, ils n’auront pas le choix de me réengager).

 

fin