Questionnaire réseau / Vancouver
Parce qu’ils travaillent souvent dans l’ombre, nous avons profité du vingtième anniversaire du réseau Coup de coeur francophone pour faire un petit portrait de nos partenaires, partout au Canada. Nous les avons donc soumis à un petit questionnaire pour qu’ils puissent se présenter!
Pierre Rivard
Directeur général et artistique
Centre culturel francophone de Vancouver
Par votre fenêtre, on voit quoi?
Voici la vue de mon bureau. Cette bretelle mène à un pont, qui mène au centre-ville, et il y a des montagnes derrière, très visibles les jours ensoleillés. Les arbres à côté de la tour sont en bambou. Ça pousse à une vitesse folle, le bambou! Pour le reste, c’est Vancouver, au mois de novembre, il pleut. On ne voit rien que la grisaille à l’horizon. Y a-t-il quelqu’un de surpris dans la salle?
Quelle est la chanson qui représente le mieux votre ville/province/région?
Ah, ça, c’est facile… « Vancouver », écrite par Isabelle Longnus, et interprétée lors de notre spectacle Vancouver symphonique lors de la 17ième édition du Coup de cœur francophone de Vancouver, en décembre 2011. En fait, la première version fut chantée pour la première fois à la Place de la francophonie, lors des Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver en février 2010. Au fait, il pleuvait, ce jour-là aussi… Voici le lien.
Quel est le premier spectacle présenté dans le cadre de Coup de cœur francophone?
Ça, on ne pourra jamais l’oublier. Novembre 1995. J’étais déjà directeur du Centre. En fait, mon entrée en poste s’est faite en mars 1994, ce qui m’a permis de faire partie des premières réunions de création du Réseau.
Bon, on avait décidé de programmer Marie Carmen. C’était à l’époque de sa reprise de « L’Aigle Noir » de Barbara, elle avait un succès énorme. Nous avions loué la salle de spectacle du théâtre municipal de la ville de Richmond. Une salle syndiquée. C’est important dans l’histoire, vous comprendrez pourquoi. Marie Carmen venait accompagnée de Louise Forestier, qui signait la mise en scène de son spectacle. On se disait : « on commence les choses en grand, on va marquer l’imaginaire, Coup de cœur va tout de suite entrer dans l’histoire, ici, sur la Côte Ouest ».
Quelques jours avant le spectacle, les techniciens de la salle, qui avaient reçu la fiche technique, nous appellent. Ils nous demandent (en anglais) : « Qui faites-vous venir en spectacle, est-ce que c’est U2? ». On nous avertit que la fiche technique était digne d’un stade, que c’était « over the top », que tout cela allait nous coûter des heures et des heures de temps supplémentaire, à temps et demi, temps double, temps double et demi, etc.
Et puis, les billets se vendaient, mais pas à la tonne. Au final, ce qui a surtout été marqué, c’est notre compte de banque… Nous avons fait un déficit énorme, assez pour penser qu’il n’y aurait jamais de 2ième Coup de cœur francophone à Vancouver. Mais bon, on apprend de ses erreurs, et nous avons compris pour le reste de nos jours, l’importance d’avoir la fiche technique au moment de signer le contrat… Le reste appartient à l’histoire… 🙂
Qui va voir les spectacles CCF chez-vous? Comment ça se passe? Les gens restent assis ou se lèvent et dansent?
Ça dépend qui on présente. Pour ne citer que quelques exemples acadiens, Radio Radio ça déménage, le public bouge et danse, Marie-Jo Thério toute seule au piano, c’est plus tranquille. Le public qui vit au bord du Pacifique réagit comme celui qui vit en Atlantique, je suppose…
De mémoire d’homme (de femme, de partenaire, d’organisateur!), le meilleur spectacle en 20 ans?
À prime abord, il y en a trop. Comment hiérarchiser, quand on a présenté des artistes comme Louis-Jean Cormier, Daniel Lavoie, Les sœurs Boulay, Richard Desjardins, Richard Séguin, Daniel Bélanger, Mara Tremblay, Yann Perreau, Vincent Vallières, Marie-Pierre Arthur, Salomé Leclerc, et j’en passe, et j’en passe. Même Alain Chartrand a chanté « Madeleine » de Jacques Brel dans un spectacle Coup de cœur francophone à Vancouver, lors d’un spectacle concept baptisé « T’as voulu voir Vancouver », en hommage au grand artiste belge disparu. Ce n’est pas peu dire! Alors, dites-moi, comment voulez-vous choisir, parmi tant de performances inoubliables?
Mais puisqu’il faut en choisir un favori, et pour toutes sortes de raisons que le lecteur pourra facilement comprendre, notre choix, le voici : « Vancouver symphonique ». C’était à l’occasion du 125ième anniversaire de la ville de Vancouver, en novembre 2011. Encore une fois, on a vu grand. Douze artistes de la Colombie-Britannique, unis par le fait de parler et de créer en français, mais aux origines ethniques très diverses : un Irlandais, une Chinoise, un Brésilien, un Cubain, un Guinéen, une Marseillaise, un Portoricain, une Acadienne, quelques Québécois d’origine, tous « immigrés », établis à Vancouver selon un nombre d’années variables, bref, tout à fait à l’image de la population du Vancouver métropolitain. Douze artistes, accompagnés des 50 musiciens de l’Orchestre symphonique de l’Université de la Colombie-Britannique, présentés dans la plus belle salle de spectacle de Vancouver, le Chan Center. Un spectacle gratuit, 1200 personnes, une salle pleine à craquer. Un spectacle enregistré en direct, « live », et aujourd’hui disponible sur disque. Quelque chose qu’on a fait pour la postérité. Et bien sûr, grâce à quelques subventions additionnelles qu’on a pu trouver. Ici, il faut surtout remercier le Patrimoine canadien et Musicaction. Ainsi, dans 125 années d’ici, en 2 136, lors du 117ième Coup de cœur francophone de Vancouver, on pourra dire : voilà à quoi ressemblait la francophonie vancouvéroise, en 2011, du moins, en musique et chanson. Et puis, ça nous a valu une première nomination de notre histoire aux Prix Rideau…
Pour vivre le « making of » du spectacle, cliquez sur ce lien.
Pour vivre le spectacle, on peut le trouver sur Youtube en trois parties. Voici les liens :
(partie 1) (partie 2) (partie 3)
Attention : le tout est d’une durée de 86 minutes et 30 secondes. On a tout gardé, y compris les applaudissements de la salle, et il y en a eu beaucoup….C’est plus court sur le CD. Encore disponible chez notre distributeur, l’APCM, et sur iTunes… Bon spectacle! 🙂
Le spectacle qui n’a failli, ne jamais avoir lieu (Que ce soit une histoire de tempête ou un artiste qui se perd, il y a sûrement un spectacle auquel on ne croyait plus?)
Euh….Marie Carmen, pour les raisons déjà mentionnées…
Mais il y a une anecdote encore plus juteuse, sauf que je ne peux pas nommer le nom de l’artiste, ni son agent, vous comprendrez pourquoi.
Quelques jours avant le spectacle, l’agente (oui, c’est une dame) m’appelle pour me demander si l’artiste sera seul à l’hôtel. Je lui réponds : « oui, on a une chambre pour lui tout seul ». Elle me répond : « oui, mais, est-ce qu’il sera tout seul à l’hôtel ? ». Je réponds encore une fois : « oui, il a sa propre chambre ». Alors, elle m’explique : « l’artiste aime être seul dans un hôtel, quand il n’y a pas d’autres clients ». Je suis interloqué, je ne sais quoi répondre. Dans un bed & breakfast, ou dans un petit hôtel appartement, on aurait pu arranger ça, mais là, dans un hôtel avec des centaines de chambres…….Mission impossible. « L’artiste viendra quand même », me dit-elle.
Puis, quelques minutes avant le spectacle, constatant que nous avions mis une bannière « Coup de cœur » sur la scène, l’agente me demande d’enlever la bannière. Je lui réponds que c’est important pour nos photos, que ça situe le spectacle dans ce concept particulier qu’est le Coup de cœur en tant qu’événement, mais elle m’interrompt sèchement. « T’enlèves la bannière, ou ben y’a pas de show! ». Nous obtempérons, manu militari. Après, tout, il y avait déjà 500 spectateurs assis dans la salle….
Depuis ce jour, quand je vais à la bourse Rideau, j’évite soigneusement le kiosque de cette agence à la salle contact. La dame me fait encore un peu peur….
Sinon, c’est la seule fois où j’ai eu peur, autrement, le reste, ça toujours été du bonbon, des roses et du miel. Si bien qu’au final, à la bourse Rideau, j’ai toujours hâte de retrouver les agents d’artistes qui sont devenus des amis, au fil des ans….
Racontez-nous la fois où?
Euh, ben, encore Marie Carmen, et l’incident de l’hôtel et de la bannière, je pense qu’on ne peut pas « topper » ça!
Chez-vous, quand le spectacle finit, on va où, on fait quoi?
Vancouver est une ville de 2.5 millions d’habitants. Les options sont multiples, innombrables, je vous laisse faire le calcul…
Pouvez-vous nous résumer les 20 dernières années de CCF en une vingtaine de mots?
Une autoroute de la chanson où des millions de cœurs battent à l’unisson, aux rythmes et mélodies de la chanson francophone. Souvent avec le feu aux pieds, parfois avec le cœur chaviré, et aussi, la larme à l’œil, car les trop-pleins d’émotions sont nombreux. Je ne le crie pas sur tous les toits, mais je dois souvent me cacher après un spectacle Coup de cœur pour m’essuyer les yeux. Ils me font ça, les artistes. C’est plus fort que moi.
On souhaite quoi pour les 20 prochaines années?
La même chose que pour les 20 premières années, mais comme vous avez pu le constater plus haut, nous, on est déjà rendus à penser à notre programmation de 2136… 🙂
Centre culturel francophone de Vancouver
1551, 7e avenue ouest
Vancouver (Colombie britannique) V6J 1S1
Téléphone (604) 736-9806
Site Internet : www.lecentreculturel.com