Questionnaire réseau / Montréal
À tout seigneur tout honneur, voici la présentation montréalaise de Coup de cœur francophone, là où tout a commencé à l’automne 1987!
Alain Chartrand
Directeur général et artistique
Coup de coeur francophone
Par votre fenêtre, on voit quoi?
De ma fenêtre, j’ai une belle vue sur un stationnement et au loin sur le Mont-Royal et le centre-ville de Montréal. Le bureau de Coup de cœur est installé dans une ancienne manufacture de boîte de conserves (American Can) au cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui l’a vu naître et auquel nous sommes toujours demeurés fidèles.
Quelle est la chanson qui représente le mieux votre ville/province/région?
Ma ville ? C’est qu’il y en a plusieurs. Mais comme je suis un romantique, je dirais Montréal de Beau dommage; paroles de Pierre Huet et musique de Robert Léger.
Celle qui représente le mieux le quartier Hochelaga-Maisonneuve, je dirais Rue Ontario de Bernard Adamus. Une chanson plutôt dure, qui reflète tout de même un des aspects de la réalité de ce quartier populaire.
Et comment ne pas avoir une petite pensée pour Mary Travers, dite La Bolduc, qui a vécu de 1934 jusqu’à sa mort, en 1941, sur la rue Letourneux à quelques pas à peine du bureau de Coup de coeur.
Quel est le premier spectacle présenté dans le cadre de Coup de cœur francophone?
C’était le 23 novembre 1987 à l’auditorium du CÉGEP de Maisonneuve avec Sylvie Paquette et Marie Philippe. Quoi dire sinon que, sans qu’on ne le sache encore, c’était le début d’une longue et belle aventure qui célébrera ses 30 ans en 2016.
Qui va voir les spectacles CCF chez-vous? Comment ça se passe?
La programmation du Coup de cœur montréalais a toujours été principalement axée sur la découverte. La découverte, c’est entre autres Jean Leloup et Richard Desjardins en 1988, Arthur H en 1989, Bori en 1996… jusqu’à Safia Nolin en 2015.
Bref, c’est majoritairement un public curieux et avide de nouveautés qui fréquente le Coup de cœur à Montréal. Les gens assistent aux spectacles assis, debout, couchés, à quatre pattes ou sur les mains la tête en bas. Ça dépend du spectacle.
De mémoire d’homme (de femme, de partenaire, d’organisateur!), le meilleur spectacle en 20 ans?
Le meilleur, je ne saurais dire tellement il y en a eu dans des genres bien différents. Parmi les plus mémorables, sans doute celui d’Alain Bashung le 3 novembre 1995. La Presse titrait à la une: Il était une fois Bashung dans l’Est. L’Est étant ici le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Comme quoi on est toujours à l’est de quelqu’un.
Le spectacle qui n’a failli, ne jamais avoir lieu ?
Justement celui d’Alain Bashung en 1995 à cause de la grève des étudiants du CÉGEP Maisonneuve où le spectacle était présenté. Pas besoin de vous dire que nous avons négocié fort sur la ligne de piquetage. Et finalement, la «so so so solidarité» avec Coup de cœur a triomphé.
Il y a aussi celui réunissant Sylvain Lelièvre et Pierre Barouh présenté au Medley en 1999. Un des musiciens de Sylvain Lelièvre, membre du CA de la Guilde des musiciens, ne voulait pas se présenter sur scène à cause d’un différend syndical. Je me revois dans la loge avec lui qui était en bobette, bas noirs trois-quarts et chemise blanche, tentant de le convaincre de remettre cette discussion à plus tard. Le spectacle a finalement débuté avec 20 minutes de retard.
Racontez-nous la fois où?
C’était en novembre 1998, nous avions invité le Français Miossec au Coup de cœur. Mais voilà que celui-ci a pété sa coche dans l’avion d’Air France qui l’amenait à Montréal. Outre son incontinence gastrique dûe à une forte consommation d’alcool, l’artiste s’est mis à bombarder les autres voyageurs de nourriture tout en les arrosant de vin… français.
Il a même bousculé le commandant de bord, qui a alors pensé à faire atterrir son Boeing 747 à Gander afin d’évacuer le trop joyeux passager. Accueilli à Montréal par la GRC, notre ami a passé quelques jours en prison avant d’être rapatrié en France.
Ah oui, j’oubliais de vous dire qu’en 1998, Air France était le transporteur officiel du Coup de cœur francophone.
Mais cette histoire a une jolie fin puisque nous l’avons invité l’année suivante à venir présenter son spectacle au Coup de cœur. Il a alors voyagé sur Air Canada qu’il a tenu à remercier pour son goût du risque lors de ses 2 spectacles présentés au Lion d’Or.
Chez-vous, quand le spectacle finit, on va où, on fait quoi?
Les fins de soirée se poursuivent dans une des 3 salles de spectacles de la série Au cœur de la nuit et se terminent parfois devant un smoke meat ou une poutine avec des artistes et collègues européens avides de découvertes gastronomiques locales.
Pouvez-vous nous résumer les 20 dernières années de CCF en une vingtaine de mots?
Une fabuleuse aventure humaine et artistique née à Montréal dans un quartier populaire et qui rayonne aujourd’hui d’un océan à l’autre et à l’autre. Un muffin avec ça ?
On souhaite quoi pour les 20 prochaines années?
Que la fête continue.
Coup de coeur francophone
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