Julian Giacomelli, cofondateur de Crudessence et RISE Kombucha
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Julian Giacomelli, cofondateur de Crudessence et RISE Kombucha

La salle était comble vendredi matin, chez Deloitte, pour écouter Julian Giacomelli parler de risque. Deux cent chanceux, tirés au sort parmi près de 600 participants: un record pour CreativeMornings/Montréal! Un engouement certainement dû au thème, mais également à la personnalité attachante et au caractère inspirant de ce modèle d’entrepreneur québécois qu’est Julian Giacomelli.

Qui est Julian Giacomelli?

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Julian est entrepreneur, consultant en management, coach et investisseur. Il a étudié le génie civil à McGill avant de faire un MBA à l’INSEAD en France. Il est surtout le co-fondateur de RISE Kombucha et Crudessence, deux start-ups montréalaises dévouées à l’alimentation saine. Julian a été le CEO de Crudessence de 2010 à 2013 et demeure le président exécutif de RISE. Il a co-fondé VSA Group, qui proposait des services-conseils à des entreprises en démarrage et appuyait des entreprises munies de technologies de pointe brevetées en partenariat avec des universités. Il est investisseur et partenaire chez edō Capital. Julian a également fait du conseil en management, en Afrique du Sud, en Europe et aux États-Unis, et enseigné au MBA en entreprenariat d’HEC Montréal.

Un parcours hors des sentiers battus

Ce qui séduit de prime abord à écouter Julian Giacomelli parler de son parcours, c’est la sérénité de son approche, cette recherche incessante de construire son propre chemin, non pas en fonction de ce qu’on (la société, la famille, la logique) attendrait de lui mais plutôt en lien avec ses valeurs profondes.

C’est ainsi qu’il raconte ses différents changements de trajectoires. Son passage du génie civil au MBA de l’INSEAD d’abord: « J’étais ingénieur mais plutôt que de réparer des choses déjà existantes, je voulais en créer de nouvelles ». Autant attiré par l’art que la science, il pense d’abord à devenir architecte. « Mais j’ai pris peur en voyant tous ces artistes dans la pièce ». Il s’envole donc pour la forêt française, direction l’INSEAD à Fontainebleau. Pendant un an, il y rencontre une grande diversité de personnes. « C’était terrifiant, se souvient-il, j’étais le plus jeune de ma classe et je me retrouvais à dire ‘Oui’ à toute une série de propositions que je n’aurais jamais imaginé, comme aller faire du rafting sur le Rhône ».

À sa sortie de MBA, nous sommes en 1999, en pleine effervescence de la bulle d’Internet. « Il suffisait de dire qu’on avait un MBA pour se retrouver vice-président d’une compagnie! », rappelle-t-il en riant. Julian Giacomelli se retrouve donc à New York, « à aider les riches entreprises devenir encore plus riches ». Mais, alors qu’il travaille pour la 40e journée consécutive sur le projet de carte noire d’American Express, il décide de filer en taxi à Central Park pour courir et se vider la tête. C’est là qu’un moment d’épiphanie surgit: « Je me suis arrêté net, j’ai regardé la lumière qui reflétait sur les tours de Manhattan et j’ai compris que je n’étais pas à ma place, que je fonçais droit dans le mur ». Plutôt que d’accepter la proposition de promotion qui lui est tendue, Julian plaque tout, prend son sac à dos et part voyager pendant un an à travers le monde.

Troisième anecdote, troisième revirement. Julian voyage des plages d’Asie au Népal et jusqu’en Inde. Il y découvre le yoga et la méditation. Une histoire d’amour qui l’anime encore aujourd’hui et l’accompagne dans ses décisions d’affaires. Et pourtant, quand l’opportunité de rester en Inde pour devenir professeur de yoga apparaît, Julian refuse. « J’aurais pu accepter, mais je sentais que, là encore, ce n’était pas ma place. Il était temps de renter à Montréal! »

De retour à Montréal, on ne peu plus svelte et flexible, Julian Giacomelli reprend le consulting à mi-temps. Le reste du temps, il le consacre au yoga. Les opportunités ne se font pas attendre, et rapidement la question se pose: « est-ce que je laisse mon entreprise de conseil croître? » Pour y répondre, Julian part marcher six mois en Europe, décidé à trouver une façon d’aligner son expérience en conseil et ses valeurs. L’idée ? Trouver des entrepreneurs prometteurs, déjà porteurs de projets, et les aider tant financièrement qu’en temps, en s’investissant personnellement auprès de l’équipe sur le long terme. « C’est là que j’ai rencontré trois néo-hippies, qui avaient l’idée de créer Crudessence et RISE, et j’ai aidé ces entreprises à grandir ».

La gestion du risque

« Qu’est-ce que mon parcours a à voir avec le risque? », c’est la question posée par Julian Giacomelli pour introduire la suite de sa présentation. Une réflexion sur l’importance de faire face au risque, et de ne pas se laisser dicter sa trajectoire par ses peurs. « Quand on arrive face à des choix profondément personnels, il faut penser différemment et écouter son instinct, cette petite voix qui nous connaît si bien ».

« Nous vivons dans un monde dont le nombre de problème croît de façon exponentielle, poursuit-t-il. Nous avons besoin de passer à une nouvelle ère ». Un nouveau paradigme qui aborderait le monde dans lequel nous vivons non pas par la lunette des problèmes, mais des solutions.

Si l’individualisme – dans le sens de « prendre soin de soi » – est important, il ne suffit plus à se sentir entier. « Devenez des individus connectés à votre communauté! » lance Julian Giacomelli en conclusion. Une réflexion qui fait très fortement écho au discours de Michel Cartier le mois dernier…

Texte: Sarah Meublat
Photo: Tora Chirila Photography