Même les méchants rêvent d'amour
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Même les méchants rêvent d’amour

« Gens du pays, c’est votre tour. De vous laisser parler d’amour » chantait Gilles Vigneault. Ces mots tournent en boucle dans ma tête comme un antidote à l’actualité qui ne cesse lancer ses coups.

Montée exacerbée de la haine. Démonstrations de violence. Repli sur soi et rejet de l’autre. Les indicateurs s’agitent, les alarmes résonnent: le monde convulse d’animosité.

Une amie me confiait récemment avoir peur d’allumer son téléphone chaque matin, de peur de retrouver le déversement de litanies qui obstruent le quotidien. C’est que l’horreur et la rancoeur s’échangent bien plus vite que les petits bonheurs.

Dans ce bordel de noirceur, un cri. Celui que l’artiste de rue Jack le Black peint sur les murs de Paris: « Même les méchants rêvent d’amour ». Même les méchants rêvent d’amour…une étincelle qui renoue au fil fragile de l’humanité.

même les méchants rêvent d'amour, Jack le Black

Et si dans cet élan global d’opacité, plutôt que de relayer aveuglément les couches de noirceur, nous cherchions plutôt à distinguer les étincelles? Ces pépites d’amour qui résistent, comme des petites chandelles qui refusent de s’éteindre et percent vaillamment dans le brouillard ambiant.

Une chose est certaine: ces résistances d’amour ne s’offrent pas aux paresseux. Rejeter, détruire, pointer du doigt, se laisser emporter par ses préjugés: autant de facettes d’un même instinct bestial. Si facile. Si minable.

Défendre l’amour n’a rien de passif, bien au contraire.

Défendre l’amour demande un minimum de réflexion, ne serait-ce que pour résister à ses préjugés et ses plus vils instincts. Défendre l’amour demande de laisser, ne serait-ce qu’un instant son ego au placard, et d’accepter de laisser l’empathie s’exprimer. Défendre l’amour demande de l’humilité, de la résilience, du partage.

L’amour comme un acte de résistance?

C’est ce qui me vient en tête quand je vois ces milliers d’anonymes affluer vers les hôpitaux pour offrir leur sang ou ouvrir leurs portes après une attaque terroriste.

C’est ce qui me vient en tête quand je vois cet homme, Scott Jones, attaqué et brisé pour le simple fait d’être gay, dépasser ses peurs et s’investir de tout son coeur pour donner la force à chacun d’assumer ses orientations sexuelles.

Choisir l’amour plutôt que la complaisance est un acte de bravoure.

C’est la raison pour laquelle les 148 villes de la communauté CreativeMornings à travers le monde vous parlent d’amour ce mois-ci. Parce que si l’amour peut paraître naïf et niais à première vue, il ne l’est finalement pas du tout. Si l’amour était si facile, gageons que notre quotidien serait d’ailleurs bien différent.

Ce mois-ci, je vous invite donc à puiser dans la force de ces hommes et de ces femmes qui ont décidé distiller de l’amour à leur façon, à leur niveau, pour colorier à votre tour votre quotidien et le teinter de touches d’amour. Pas de l’amour naïf, non. Mais de l’amour, comme acte de résistance!

Je vous invite également à venir écouter Scott Jones, le 29 juillet à Montréal, nous parler de son histoire et de la façon dont il a rebondi pour initier le mouvement Don’t Be Afraid.

Je vous invite, enfin, à fredonner les paroles si douces et si fortes de Gilles Vigneault:

Le temps que l’on prend pour dire : « Je t’aime »
C’est le seul qui reste au bout de nos jours.
Les voeux que l’on fait, les fleurs que l’on sème
Chacun les récoltes en soi-même
Aux beaux jardins du temps qui court.

Crédits: Le thème de l’amour a été choisi par le chapitre de CreativeMornings à Ljubljana et vous est présenté globalement par Wix. L’illustration en couverture a été réalisée par Lucy Engelman. La photo dans le texte est tirée du compte Instagram de Jack le Black.

Texte : Sarah Meublat