La magie des lanternes par My Quynh Duong
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La magie des lanternes par My Quynh Duong

Le printemps avait à peine commencé à Montréal que le Jardin Botanique se préparait déjà pour son exposition de lanternes de l’automne. Plusieurs conteneurs étaient arrivés tout droit de Chine remplis de nouvelles lanternes. Leurs immenses structures ne sont pas pliables et prennent tout l’espace de trois à quatre conteneurs chaque année.

L’exposition nocturne de lanterne est née il y a 24 ans, soit une année après l’ouverture du Jardin Botanique. La direction avait fait un voyage en Chine et c’est là qu’elle a eu l’idée de créer des évènements nocturnes pour faire vivre le jardin la nuit.

Retour aux origines

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My Quynh Duong travaille au Jardin Botanique depuis plusieurs années, d’abord comme animatrice puis comme conceptrice de lanternes. Après un baccalauréat en architecture, la Montréalaise a développé son art pendant plusieurs années en assistant des professionnels aguerris.  Quand on lui a confié son premier mandat il y a 15 ans, elle a eu carte blanche. Alors, elle a puisé dans ses souvenirs d’enfant au Vietnam, dans la baie Ha Long. « Je voulais faire quelque chose avec mon cœur, avec ce que j’ai aimé, ce que j’ai vécu et ce qui m’a inspiré, c’était ça : un marché flottant en Asie. » Alors, elle a créé sur le lac du Jardin de Chine un de ces paysages du Vietnam qui lui était si cher.

Le Jardin des Lumières, appelé autrefois La Magie des Lanternes, est un de ces évènements qui provoque émoi et fascination chez enfants et adultes. Cette festivité nocturne existe en Chine depuis 2000 ans, d’abord dans les palais impériaux puis dans les villages. La tradition continue chaque année lors du printemps avant le Nouvel An Chinois puis en mi- automne pour fêter les récoltes. «  Les enfants ont leur lampions à la main et se promènent dans les rues. On sort avec des pétards et on va se promener toute la soirée avec nos amis. C’est magique! » se souvient My Quynh.

Recréer la magie des lanternes

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Pour créer ce lieu magique, elle travaille pendant un an avec toute une équipe. Le Jardin de Lumière de cette année vient de commencer et My Quynh s’est déjà remise à penser à l’exposition de l’année prochaine. Pour chaque projet, elle lit et fait beaucoup de recherches avec sa collègue et supérieure, Émilie Cadieux. Elle doit essayer de trouver son inspiration avec le thème choisi par l’Espace de La Vie. Cette année, c’est « l’enfant nature » pour créer une expérience ludique pour le visiteur. Alors, la conceptrice et son équipe ont mis en scène les jeunes empereurs des deux dernières dynasties chinoises. Ils ont voulu explorer la façon dont ces dirigeants précoces grandissaient dans leur palais majestueux, la cité interdite.

Une fois le thème trouvé, My Quynh commence ses esquisses. Elle a entre deux à trois mois pour concevoir « de A à Z » un nouvel univers. Dans son bureau tout ouvert rythmé par les entrées et sorties de ses collègues, elle parvient à se concentrer pour dessiner. Elle s’est habituée à ce mode de fonctionnement. Chaque matin, après avoir bu son thé vert, elle vient dans le jardin. «  C’est ma source d’inspiration parce que chaque module doit être marié avec l’environnement,» explique-t-elle.

En décembre, un cahier très détaillé est envoyé en Chine à la compagnie qui réalise les lanternes. Après deux mois de négociations et entre deux et trois mois de confection, les œuvres qui parsèmeront le Jardin Chinois et Japonais sont envoyées par conteneurs. Une fois arrivées à Montréal, l’équipe des services techniques comme les plombiers, menuisiers et électriciens, insère l’éclairage à l’intérieur, ce qui s’avère être un travail minutieux et compliqué.  L’installation finale prend un mois à accomplir et puis, l’exposition nocturne s’ouvre aux curieux en septembre.

un travail collaboratif

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« Ca me fait vraiment chaud au cœur quand les gens me disent que c’est très beau et que je me suis surpassée. C’est toute une équipe et pas juste moi. » dit My Quynh en souriant. Elle ajoute qu’en Amérique, le Jardin Botanique est le seul jardin qui produit cette exposition lui-même. Toutes les autres expositions de lanternes sont complètement réalisées par des compagnies chinoises.

Cela permet à My Quynh de la fantaisie. Comme cela fait une quinzaine d’années que la même entreprise Chinoise confectionne ses lanternes, elle a appris à connaitre ses employés et aime leur donner des « défis ». Des écailles peintes d’une certaine façon, des yeux ou des nez plus petits. Il y a quelques 900 lanternes dans le jardin et, My Quynh doit en créer entre 300 et 400 pour chaque nouvelle exposition. Alors, cela lui demande beaucoup de créativité : «  Je dois en réutiliser [des anciennes lanternes] et être créative pour faire d’autres montages et les agencer autrement pour que le public les voit différemment. Je joue avec ça car je n’ai pas un budget infini. »

susciter l’émerveillement

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Mais My Quynh ne semble pas être le genre de personne à se laisser abattre. Dans le calme jardin des bonsaïs, elle révèle en riant : « Je vois la magie partout. Je suis quelqu’un de très joyeuse et tout m’émerveille. J’ai toujours dit que j’ai de super lunettes roses car je vois la vie d’une autre façon et je pense que ça se reflète dans mon travail. »

Et, à voir les familles se promener joyeusement et les amis prendre des photos un samedi soir pluvieux de septembre dans le jardin botanique au cœur de Montréal,  on peut penser que My Quynh a bien raison.

« J’aime faire plaisir aux gens. Je trouve que c’est vraiment un site où les gens viennent pour s’amuser, pour découvrir la culture Ming, mais aussi pour passer du bon temps entre amis, enfants et famille. Pouvoir se promener dans un jardin la nuit c’est déjà magique en soi. »

 

Propos recueillis et texte de Clothilde Goujard
Crédit photos :  Espace pour La Vie (Claude Lafond), portrait de My Quynh Duong par Clothilde Goujard.