Jetons-nous dans l'inconnu
CreativeMornings

Jetons-nous dans l’inconnu

Sous la douche, je me demandais : « pourquoi ‘j’écris’ ça ? » Quelques mots de la rencontre de la veille avec l’équipe de CreativeMornings résonnent encore dans la tête. Tandis que que je tape ces mots, je n’ai aucune idée de ce qu’ils deviendront ou comment ils seront reçus. Et c’est terrifiant.

Alors pourquoi tu le fais, vous demandez. La vérité c’est que, à cet instant, je n’ai pas la réponse. Carmichael aurait dit « parce que j’ai la sensation que c’est plus grand que moi ». De la même manière, notre conférencière Chantal Gosselin explique : « Je ne me suis pas demandé si je devais le faire, ça bouillonnait en-dedans de moi, il fallait que je le fasse. »

Penser ensemble à ce que CreativeMornings représente et ce qu’il signifie pour le public était un processus plus que nécessaire, après les hauts et les bas de la dernière année. Plusieurs d’entre nous sont passés par des moments difficiles, et l’aube de cette nouvelle année semblait être l’occasion parfaite pour réfléchir ensemble à ce qui s’en vient.

Protéger l’espace

Après avoir ouvert la porte à la communauté le mois dernier et être passé avec nos conférenciers Steve, Véronique et Chantal à travers le processus créatif, il s’est passé quelque chose. Quelques-uns d’entre nous, qui sont allés au sommet CreativeMornings d’Austin en novembre dernier, l’ont senti encore plus profondément ; il est temps de faire un retour aux sources.

« Cette entreprise a le pire modèle d’affaire possible, » a dit un jour Tina Roth Eisenberg, la fondatrice des CreativeMornings : « on organise des évènements gratuits, on invite tout le monde, et puis on se demande comment on va faire pour payer tout ça! »

Donc pourquoi est-ce qu’on le fait ? Maude, en charge de la logistique, partageait : « Ce qui est vraiment intéressant et atteint les gens, c’est quand ce qui est partagé dans cette bulle de confiance leur parle à eux. La passion et les émotions sont palpables, et la proximité avec la communauté crée une expérience forte et touchante. »

Louis-Félix, hôte du chapitre de Montréal, ajoutait : « On veut pas des céréales gratuites, on va les acheter nos All Brans ! On veut porter et partager les voix des gens motivés par leur passion et leur mission, ceux qui créent et inspirent les autres à créer. On veut encourager la communauté à agir et à faire ce qu’ils aiment. Et on veut qu’ils viennent parce qu’on est un lieu sûr. »

« Que les conférenciers soient connus ou pas, ce qui change c’est la façon dont on les perçoit. On doit être là, écouter avec toute notre âme pour qu’ils puissent livrer leur message, avec générosité et vulnérabilité. On est la piste de décollage pour que notre communauté s’envole. »

Pour certains d’entre nous, ces mots ont résonné profondément. Personnellement, j’avais probablement déjà vu un moment donné qu’il y avait un manifeste quelque part, qui expliquait ce que les évènements représentent, mais je ne l’avais jamais senti.

Le mystère

Comment peut-on, ensemble créer ce lieu sûr ? Comment peut-on « protéger cet espace », sans jugement ni ego, sans diviser ni laisser personne de côté ? Comment peut-on imprégner bienfaisance et inclusion dans tout ce que l’on fait ?

Chantal croit que pour qu’elle reste en vie, « cette mission doit être portée par chacun d’entre nous. Nos valeurs doivent être dans notre cœur, dans ce que l’on fait et qui on est. »

Une chose est sûre, il n’y a pas de chemin clair devant nous, mais peu importe où on ira, on devrait y aller ensemble. Le mystère peut être effrayant, comme nos conférenciers invités l’ont appris. Il peut paralyser, et pourtant, si l’on dirige notre imagination, le même mystère peut être porteur d’espoir et devenir un vecteur de créativité.

Nous sommes des créatures sociales

J’ai le sentiment de vous devoir une explication. Je crois que la raison pour laquelle je partage ça avec vous c’est que je ne serais rien sans vous. Oui, vous tous. Parce que l’imagination est ce qui nous différencie en tant qu’espèce, ce qui a permis le langage, l’apprentissage, et par conséquent le partage des connaissances. C’est ce qui nous a rendus conscients, pourvu que nous fassions réellement partie d’une communauté.

Comme l’a dit Henri Laborit, nous faisons partie d’un écosystème, mais par nous-mêmes, nous ne pouvons être totalement conscients. Retirés de notre environnement, nous ne pouvons comprendre ce qui sépare le « moi » des « autres », et c’est pour ça que nous avons besoin de connecter et de partager pour évoluer.

Je crois que je ressens le besoin de partager mes pensées, questions et perspectives parce qu’elles m’aident à définir qui je suis tout autant que, je l’espère, elles vous aident à déterminer où vous vous positionnez, et qui vous voulez être.

Même si vous n’êtes pas d’accord ou condamnez, je veux croire que l’exercice vous apporte tout de même quelque chose de bénéfique, provoque la réflexion et génère des émotions pour mieux comprendre qui vous êtes, et quel est votre but.

Avec cette nouvelle année à notre porte, je vous souhaite de trouver et de suivre votre passion, et de tout mon cœur, j’espère que vous trouverez votre refuge, à l’intérieur de la communauté ou ailleurs, pour trouver votre voix et être entendu.

Texte : Audrey Raby

Illustration : Joseph Alessio