Le sport, cette métaphore de la vie
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Le sport, cette métaphore de la vie

À l’occasion du thème #beyond ce mois-ci, CreativeMornings/Montréal a eu envie de s’intéresser à la jeunesse, à l’éducation, à l’engagement civique et à tous ceux qui rêvent et inventent le monde de demain. C’est dans ce contexte qu’on a rencontré Nassim Chahour, 24 ans, étudiant en psychologie et entraîneur de soccer pour l’organisme Pour 3 Points, un OBNL qui forme des coachs sportifs de niveau secondaire (en basketball et en soccer) pour en faire des coachs de vie auprès de jeunes en milieux défavorisés. Une façon de leur donner les habiletés requises pour réussir à l’école et dans la vie. Récit d’une rencontre inspirante.

« Un entraîneur, c’est quelqu’un qui montre à vivre en montrant à jouer. Les bons entraîneurs de sport — à tous les niveaux — sont en fait des entraîneurs de vie. Parce que le sport, c’est un immense cliché, le sport est toujours une métaphore de la vie. » Cette phrase, écrite par Pierre Foglia dans La Presse en 2013 et qu’on peut lire sur le site de Pour 3 Points, incarne à elle seule toute la philosophie de l’organisme, fondé en 2011 par Fabrice Vil. Partant de la réalité que les jeunes en milieux défavorisés ont plus de chances d’accuser des retards scolaires, d’éprouver des problèmes d’apprentissages, et sont moins nombreux à obtenir leur diplôme d’études secondaires, Pour 3 Points forme des entraîneurs sportifs qui deviennent des figures d’influences positives dans la vie des jeunes.

Créer l’envie de se dépasser

Deux fois par semaine depuis un an, Nassim Chahour entraîne une équipe de jeunes en secondaire 1 et 2 à l’école Daniel-Johnson dans l’est de Montréal. Il transmet sa passion aux jeunes qui en redemandent. « La saison est présentement terminée, mais on continue de pratiquer jusqu’à la fin de l’année scolaire! » explique-t-il. On peut le confirmer d’emblée : passer une heure en compagnie de Nassim, c’est avoir la soudaine envie de se mettre à jouer au soccer et de se dépasser dans ce sport, alors qu’on a à peine botté un ballon dans sa vie ou presque.

Nassim Chahour / Photo : Pour 3 Points

Déjà entraîneur de soccer à l’école Daniel-Johnson depuis 6 ans, Nassim voulait s’impliquer davantage, mais ne savait pas où commencer. C’est Ernest Edmond Jr., entraîneur pour l’organisme Pour 3 Points (et notre prochain conférencier) qui lui parle du programme. « J’avais par le passé imaginé un organisme qui avait ce type de mission, mais je ne savais pas que ça existait. Ça a tout de suite cliqué, explique Nassim. Pour moi, le sport est un véhicule de transmission idéal de valeurs et d’idées ». Il essaie, dans ses conseils et sa façon d’accompagner les jeunes, de les préparer tout doucement à leur vie d’adulte, au cégep et à ce qui s’en vient.  « J’ai beau dire à mes jeunes de se forcer, que c’est important, ils n’écoutent pas toujours ce que je dis! C’est vraiment en faisant les choses, en appliquant des principes au soccer qu’ils s’en rendent compte. Ça les amène à se conscientiser eux-mêmes, à travailler en équipe, à trouver des solutions à leurs problèmes par eux-mêmes. C’est un accomplissement qu’ils soient capables de faire ça. Je vois une étincelle qui s’allume dans leurs yeux quand ils y arrivent et je suis fier d’eux! »

Photo : Darwin Doleyres
Photo : Darwin Doleyres

En les côtoyant deux fois par semaine, Nassim essaie d’être plus qu’un entraîneur pour les jeunes : il tente d’être présent dans leurs vies en se montrant disponible et à l’écoute. Et sa stratégie fonctionne. « Je vois qu’ils me voient plus qu’un entraîneur et que je deviens pertinent à l’extérieur du sport également. Par exemple, je fais des suivis avec eux, en n’insistant pas trop, mais pour savoir comment ça se passe pour eux à l’école. J’essaie de les amener à se dépasser, à leur donner le goût de l’effort. Je leur demande par exemple d’essayer d’avoir au moins 70% dans toutes leurs matières. Ils me disent ‘‘oui, mais là c’est difficile!’’ mais justement j’essaie de les amener à viser l’excellence quitte à avoir un peu moins, plutôt que de se contenter du minimum. Avoir 60%, c’est juste la note de passage, ce n’est pas l’excellence! »

On dit que les actions sont plus fortes que les mots. Nassim a pu mesurer l’étendue de cette maxime dans un moment vécu avec son équipe récemment, à l’occasion de la fin de la saison régulière, où les équipes jouent en tournoi. « On savait qu’on allait jouer contre une équipe qui, au début de l’année nous avait massacrés 18 à 2, une défaite qui avait fait mal. Il restait trois pratiques avant le match et quand je suis arrivé dans le gymnase, ils étaient tous déjà en train de s’échauffer en courant autour du gym. Mais c’était différent que d’habitude, ils le faisaient presque en sprintant! Je leur ai demandé pourquoi je n’avais pas eu besoin de leur dire de s’échauffer. Ils m’ont répondu qu’ils avaient compris qu’ils devaient prendre ça au sérieux et qu’il fallait travailler s’ils voulaient avoir une chance contre l’autre équipe. Et là, je me suis dit ‘‘wow, peu importe le résultat du match, ils ont déjà gagné’’. Finalement, on a perdu le match 11 à 8, mais c’était une défaite satisfaisante, parce qu’ils ont vu leur progression et les résultats de leurs efforts. »

Photo : Karljessy Photographe
Photo : Karljessy Photographe

Nassim a l’intention de poursuivre son expérience et aimerait accompagner ses jeunes jusqu’en secondaire 5. A-t-il un souhait pour eux par la suite? « J’aimerais d’abord que ceux qui le souhaitent puissent poursuivre le soccer au niveau collégial et qu’ils soient préparés à ce niveau. Ensuite, c’est sûr que je souhaite qu’ils obtiennent tous leur DES et qu’ils réalisent leurs objectifs d’études. Et je veux qu’ils continuent d’entretenir cette étincelle que je vois dans leurs yeux quand ils jouent au soccer et qu’ils l’appliquent à leur vie! »

De son côté, Nassim complète présentement son baccalauréat en psychologie et fera sa demande d’admission l’année prochaine au doctorat en souhaitant devenir un jour psychologue en milieu scolaire. « Le secondaire est vraiment un secteur où je me sens bien. Les jeunes sont vraiment stimulants. Je leur apprends beaucoup, mais en retour, ils m’apprennent beaucoup aussi. »

Si vous avez envie de vous engager auprès des jeunes, mais que vous n’avez aucune idée de ce que vous pourriez faire, Nassim a une suggestion pour vous. « Je leur dirais d’aller chez Pour 3 Points! » répond-il en riant. « C’est vraiment une implication directe auprès des jeunes et une façon concrète de contribuer. » Fait intéressant à savoir, il n’est pas nécessaire d’être déjà entraîneur pour soumettre sa candidature à Pour 3 Points. L’organisme soutient ses entraîneurs en leur fournissant de la formation et des suivis. « Il faut avoir de l’humilité et être capable de se remettre en question », soutient Nassim. « Moi, j’ai revu ma façon de coacher et j’ai appris des trucs. Après, c’est un sentiment d’accomplissement de voir que ça marche, parce que tu vois tes jeunes progresser et s’améliorer. »

Pour voir Joey Scarpellino et Charlotte Cardin jouer au basketball

Le samedi 6 mai prochain, Pour 3 Points organise une journée spéciale pour souligner la persévérance dont les jeunes ont fait preuve tout au cours de l’année. À l’occasion de cette journée, un Match de célébrités, réunissant plusieurs personnalités québécoises, aura lieu au Centre sportif de l’Université McGill en l’honneur des jeunes. Le public est invité à cet événement (300 places sont disponibles seulement) et tous les profits seront remis à Pour 3 Points. Si ça vous intéresse, réservez dès maintenant votre place et consultez la liste des célébrités qui se prêteront au jeu!

Texte : Roxane Dumas-Noël
Photo en couverture : Darwin Doleyres