Dans un brûlot publié hier dans Le Devoir, Stéphane Baillargeon se penchait sur le phénomène de la madamisation des médias. De quoi s'agit-il donc? D'une tendance lourde à formater les contenus médiatiques -et même les contenants- afin de donner dans le lifestyle banlieusard et petit-bourgeois, tant et si bien qu'on pourrait croire que les principales préoccupations des citoyens en ce plat(te) pays qui est le mien tournent autour de la cuisine minceur et des gadgets pour dégivrer les serrures en hiver.
Un brulot donc -comme je les aime-, écrit avec une plume trempée dans le vitriol, qui n'a pas manqué de faire son effet. Le danger dans un tel cas, c'est toujours que la forme imposante dissimule le fond…
En discutant hier sur Facebook avec Cécile Gladel -journaliste connue notamment pour être celle qui porte à bout de bras le projet, mais pas du tout madamisant, Rue Masson– j'ai cependant pu me rendre compte que le terme « madamisation » semblait en choquer quelques unes… Et pourtant, la « madamisation » n'a rien d'exclusif aux femmes, pas plus que l'infantilisation s'adresse aux enfants, mais bon…
N'ayez donc crainte mesdames… Comme je suis un gentleman, je me propose ici de faire contrepoids afin de vous parler d'un mal tout aussi répandu, celui de la « bonhomisation des médias. ». En effet ce n'est pas simplement la crème anti ride qui lubrifie désormais les messages médiatiques…
Me semble que ça n'a pas de bon sens!
La bonhomisation s'articule autour de deux grands axes : l'impression et le gros bon sens. Dès que vous entendez me semble que, votre détecteur à bonhomisation devrait réagir. Ce n'est pas toujours aussi simple… Le me semble que peut prendre plusieurs formes et se camoufler dans l'appel à la majorité « j'pense pas qu'y'a ben ben du monde qui sont d'accord avec ça ». Dans tous les cas, l'affirmation d'une impression faisant l'économie de la démonstration est le point de départ.
Cet axe de l'impression doit éventuellement traverser celui du gros bon sens. Le me semble que ne suffit pas pour diagnostiquer la bonhomisation. Confrontée à sa propre vacuité qui empêche toute conclusion, l'impression doit rencontrer le gros bon sens afin d'aboutir à quelque chose. Dès que ce point est traversé, la bonhomisation est complète.
Cette bonhomisation sévit particulièrement, mais pas exclusivement, au sein de certaines stations de radio de la capitale. À tout le moins, elle y est plus apparente. Jeff Filion en est le champion toutes catégories et n'a jamais été déclassé, malgré un nombre grandissant d'aspirants au titre…
Les émissions de sport, principalement axées sur le « débat », donnent le plus souvent presque exclusivement dans la bonhomisation et c'est ce qui fait leur succès. « Y'a des gars qui m'ont dit dans le vestiaire que (…) pis franchement ça n'a pas de bon sens ».
Mais la bonhomisation se glisse parfois de manière insidieuse jusque dans le rendez-vous télévisuel du dimanche soir, alors que pour justifier certaines approximations, Guy A. Lepage rassure un invité avec « on jase là », qui signifie toujours: « ne t'en fais pas, tu peux dire n'importe quoi, ça n'aura aucune conséquence »… Il s'agit à ces occasions de ne pas se censurer, attitude qui se traduit vulgairement par un « enwoye le gros, crache le morceau… ». Évidemment, peu importe le résultat de cette invitation, tout le monde pourra conclure que c'est plein de bon sens…
Désormais les « médias sociaux » sont un terrain fertile pour la bonhomisation. « Y'a ben du monde qui disent sur twitter que… ». Les sites de voyage et de réservation d'hôtel en font un large usage. « Cet hôtel a quatre étoiles, il doit avoir du bon sens ». La tâche des stratèges en marketing web consiste d'ailleurs à inviter les entreprises à se réfugier dans la bonhomisation. Impression et gros bon sens sont à peu près les deux seules règles de leur grammaire.
La bonhomisation, c'est la beaufrèredise élevée au niveau des communications de masse et en temps réel.
Comme la madamisation, la bonhommisation n'est pas intrinsèquement masculine. Denise Bombardier, par exemple, ne donne certainement pas dans la madamisation -Dieu nous en garde…- mais se complait plus souvent qu'autrement dans la bonhomisation.
Pour finir, précisons aussi que la bonhomisation et la madamisation vont souvent de paire. Sophie Durocher, par exemple, joue constamment dans les deux registres. Dans de tels cas, tous aux abris, les bonhommes et les madames se reproduisent et dans les pires des cas, ils font des projets de vacances.
– Me semble que c'est une bonne crème de bronzage ça chéri. Tu devrais t'en mettre.
– Ça a plein de bon sens ma chérie. Lubrifie-moi.
Peut-être que des anthropologues du futur arriveront un jour à nommer la synthèse de ces deux comportements sans doute trop contemporains pour qu'on puisse les définir plus avant. Contentons-nous pour l'instant de repérer au moins un certain nivellement vers le moyen…
Merci pour la mention à Ruemasson.com. Mais quand tu dis que je porte à bout de bras RueMasson, ce n’est pas vrai. Nous le portons à 5. Il ne faut pas me donner tout le crédit…C’est injuste pour mes 4 collègues, Lisa Marie Noël, David Bruneau, Stéphanie Lalut et Éric Noël qui en font autant que moi dans cette aventure.
Le gros bon sens, c’est souvent gros, voire grossier ou grotesque, et c’est aussi la manifestation d’un embonpoint intellectuel qui ne peut qu’être d’une lourdeur sclérosante.
Le gros bon sens, ce n’est pas tellement bon. C’est plutôt banal, balourd, usé, de mauvais goût et basé sur des IDÉES REÇUES, lesquelles détruisent la réflexion ouverte et audacieuse.
Le gros bon sens concerne des propos, prises de position et attitudes diverses qui, une fois qu’on y a un peu réfléchi, n’ont aucun sens, aucune direction stimulante ou roborative.
J’espère néanmoins, en toute prétention vaniteuse, que ce court texte est une manifestation retentissante de MON GROS BON SENS, le seul qui ait du sens et qui soit particulièrement juteux.
EN TOUTE MODESTIE!
JSB
En fait, le point de départ des deux tendances, madamisation comme bonhomisation, est que la plupart des médias se leurrent en croyant savoir ce que leur « clientèle » désire. C’est la même mentalité qui fait dire aux producteurs et gestionnaires de contenue : « le spectateur ne comprendra pas si tu lui parles de ça… » Malheureusement, c’est tout ce qu’on nous serre !
Pour les adeptes du gros bon sens, point n’est besoin de réfléchir ou de se poser des questions, la réponse doit s’imposer d’elle-même. Alors pourquoi passent- ils leurs vie à en débattre?
Faut pas oublier l’expression « Mettre Ses Culottes »
Le bonhomme, y’aime ça, Mettre Ses Culottes! C’est parce que c’est un vra! Y se laisse pas piler sur les pieds.
Y’aime presque autant ça que PAS mettre ses flasher quand y conduit.
Les flasher, c’est pour les moumounes.
Pétrowski à La Soirée du Hockey et Baillargeon chez Clodine, me semble que ça mettrait du « lousse » dans les chicanes entre les madames et les bonhommes…
Censurante et «castrante» est la «correctitude» politique et idéologique.
C’est un crime de parler de la MADAMISATION!
Dites du mal des mâles, des hétéros, des racistes réels ou présumés, des islamophobes réels ou présumés et vous serez bien vus.
ZUT!
JSB