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Amir Khadir, Luther King et Gandhi: Comparaison et divertissement

Quelle époque quand même.
J’entends parler de démocratie représentative par la fenêtre.
C’est toujours ça de pris… Mais bon…

Ça me change un peu. Aujourd’hui, c’est des paroles d’Amir Khadir, suite à son arrestation hier à Québec, dont on ne cessait de me parler. Oh punaise! Il s’est comparé à Luther King!

C’est ce que titrait la Presse Canadienne au terme de la conférence de presse du principal intéressé: « Amir Khadir se compare à Martin Luther King et Gandhi ».

Rien que ça? Franchement, je suis déçu. Je le trouve assez modeste. Moi, quand je raconte ce que j’ai vécu lors de mes sorties nocturnes au son des boucliers et des matraques, je me compare à Jésus et à Moïse.

Ou à Socrate même… Croire aux dieux de la cité!? Vous rigolez??? Allez, apportez la ciguë! Vite!

La grande question du jour, donc: Est-ce que Amir Khadir s’est comparé à Luther King et à Ghandi? Avec, en sous-texte, une question plus importante: Est-ce que la crise actuelle au Québec est comparable à ces luttes historiques, à la fois violentes, colonialistes et racistes, menées par ces figures presque légendaires auxquelles on réfère désormais de manière symbolique?

Vous avez étés nombreux à vous indigner! Non! Amir ne s’est pas comparé à Ghandi et à Luther King! Il l’a même dit lors de sa conférence de presse!

Ne vous en déplaise, il reste que, oui, Amir Kadhir a comparé ses choix et ses actions à ceux de Luther King et de Ghandi. Il a dit que non -de bonne guerre- mais c’était quand même au sens strict, une comparaison. Il a même fait valoir qu’il fallait, pour comprendre ce rapprochement, replacer les choses dans le contexte du Québec contemporain, selon les standards d’une société démocratique moderne en 2012. Autrement dit, la loi 78 serait au Québec actuel, toutes proportions gardées, ce que le colonialisme britannique était en Inde ou le racisme américain était aux États-Unis et que, ainsi, ces figures pouvaient lui servir de modèle.

C’est ça qu’il a dit. Et oui, c’est une comparaison. Aucun doute. Tout cela est patent dans son discours.

Et oui, aussi, il a cité d’autre exemples de désobéissance civile en parlant de « situations comparables ».

Le problème n’est pas là… Les modèles qui inspirent Amir Khadir sont tout à fait secondaires.

Le problème est que la notion de comparaison dans un titre d’article est devenu le coeur de la polémique du jour, alors que la nouvelle, ce n’est pas ça du tout.

La nouvelle, qui n’est pas nouvelle du tout si je peux me permettre, c’est la souricière policière. les gens menottés pour une simple infraction au code de la route. Et pour parler de ça, les grandes figures historiques sont inutiles, sinon pour créer une sensation de grandeur, un moment médiatique émouvant, une émotion. La réalité est beaucoup plus plate: Que faisaient-ils là, menottés, tous ces gens qui manifestaient dans la rue?

Moment de divertissement: Ils faisaient comme Gandhi, voyons!

Coquin de sort! Alors que nous nous indignons, nous perdons de vue l’objet même de notre indignation. C’est la forêt qui cache l’arbre, si on peut dire les choses ainsi.

Qui trop embrasse mal étreint…