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Mycologie et démagogie

Ce fut un été sec. Presque pas de pluie en juillet. C’est très mauvais pour les champignons, et les quelques récents orages qui ont transformé le chemin de garnotte devant mon balcon en torrent n’ont rien changé. Pas le moindre bolet à l’horizon, même dans les pessières où je trouve normalement, au début du mois d’août, des cèpes par dizaines.

J’ai bien déniché trois xérules furfuracées, ce champignon fascinant de par son pied, qui s’enfonce dans le sol de plusieurs centimètres, formant ainsi une sorte de racine parfois plus longue que le champignon lui-même. Les anglophones le nomment d’ailleurs, assez joliment, rooted oudemansiella. Ce n’est pas délicieux, la xérule. C’est un comestible acceptable, tout au plus. Mais bon, lorsque rien ne pousse, ça rend heureux d’en trouver quelques-unes.

C’est comme ça, la mycologie. Les premières années, on arpente les boisés à la recherche de ce qu’on appelle les «trois fourchettes». C’est ainsi que l’on classe les champignons dans la plupart des guides. Les trois fourchettes sont les meilleurs pour la table et, par bonheur, assez faciles à identifier. Les morilles, les chanterelles, les cèpes et certains bolets sont des trois fourchettes et font l’unanimité. Les avis sont partagés pour plusieurs autres espèces, comme le lactaire couleur de suie, un de mes favoris, qui ne reçoit qu’une seule fourchette dans plusieurs guides. Une hérésie, selon moi.

La xérule, elle, pour presque tous les auteurs, ne fait qu’une fourchette. C’est-à-dire que c’est une espèce comestible. Elles sont nombreuses dans ce cas. Une seule fourchette signifie que c’est «mangeable».

Je vous disais donc que c’est comme ça, la mycologie, au début, on apprend à identifier les meilleurs champignons, ceux dont on se régale et qui ont un goût qui sort de l’ordinaire. On sait où les trouver et, règle générale, on n’en parle à personne. Toutefois, à force de revenir parfois bredouille, on se met à ouvrir des guides, à en parler avec d’autres amateurs, et on se risque à certaines espèces moins évidentes à identifier au goût plutôt ordinaire.

Évidemment, plus on s’enfonce dans l’inconnu, plus les risques de s’empoisonner augmentent. Or, contrairement à la croyance populaire, seuls certains champignons sont vraiment mortels. Ils sont, eux aussi, relativement faciles à identifier. Le débutant devra toujours s’assurer d’en connaître les signes distinctifs.

C’est ainsi qu’évolue le mycologue amateur. D’une part, il doit pouvoir identifier les espèces délicieuses qui sortent de l’ordinaire et desquelles il pourra se régaler sans danger; de l’autre, il doit savoir reconnaître les spécimens suspects qui risquent d’avoir sa peau. Entre ces deux extrêmes, il y a un monde de champignons, des milliers, qu’on ne peut dans bien des cas différencier à l’œil nu et qui sont au mieux mangeables, au pire tout juste bons à vous filer une indigestion mémorable.

Dans tous les cas, une règle d’or s’impose: si vous avez le moindre doute, vous ne mangez pas.

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Et la démagogie, elle? Je vous avais promis de parler de démagogie…

Je n’ai que peu de choses à dire à ce sujet.

Allez, pour vous faire plaisir, je saisis mon portable. Je suis au fond des bois, assez loin pour ne pas y être dérangé par la campagne électorale. Le 3G rentre ici sporadiquement et toujours très faiblement. J’arrive à peine à ouvrir une application pour lire un de nos grands quotidiens. Parfois ça marche. Comme en ce moment, justement.

Je lis que Pauline Marois a traité, à mots voilés, le docteur Barrette de gros. Ce dernier lui a répondu qu’elle jouait au bébé lala.

Voilà deux choses vraies.

La démagogie, donc?

Je ne sais trop quoi vous dire à ce sujet, sinon qu’il n’existe aucun guide d’identification pour distinguer ce qui est comestible de ce qui est poison sur ce terrain.

Vous devrez donc vous débrouiller seuls. Soyez prudents.

Mais n’oubliez pas, si vous avez le moindre doute…

Courrier

On ne m’écrit pas souvent, sauf pour me crier des bêtises. Comme la semaine dernière, justement. Un lecteur m’écrivait que j’aurais dû parler d’Option nationale. Ce sont les risques du métier. Vous parlez d’élections, vous nommez deux ou trois partis politiques, vous faites votre choix, vous expliquez pourquoi, et il s’en trouve toujours quelques-uns pour crier au scandale parce que vous n’avez pas parlé d’Option nationale. «Malhonnêteté et manipulation», m’a écrit un monsieur visiblement fâché.

En effet, j’aurais pu vous parler d’Option nationale. J’aurais pu aussi vous parler du Parti vert ou encore du Parti de la classe moyenne du Québec. Dieu me pardonne, car Jean-Martin Aussant est peut-être l’un des politiciens les plus éloquents de sa génération. Dommage, pour lui et pour nous, qu’il doive servir de catalyseur à autant de fêlés du bonnet qui s’agglutinaient, avant la formation de son parti, dans tous les groupuscules nationalistes formés de résistants à la petite semaine. Phénomène qui devrait interpeller, à tout le moins, les plus traditionnels qui partagent leurs aspirations souverainistes. Si ce projet en est un ― et je n’ai rien contre ―, faut-il laisser aux plus farfelus le soin de le définir? Si oui, à quoi s’attendre?

Que souhaiter à Aussant, sinon un peu de renfort? Des souverainistes sérieux, il y en a. Les rassembler autour du même objectif, voilà qui est plus difficile. Loin de résoudre ce problème, la fondation d’Option nationale ne fait que l’illustrer.