On a beaucoup parlé de Denis Coderre cette semaine à l’annonce de sa candidature pour la mairie de Montréal, notamment pour décrier son manque de vision et de contenu. À bien des égards, on a assez raison de pointer cette lacune. Depuis des mois, le principal intéressé se contente de dire qu’il dira un jour quelque chose, se limitant tout simplement à être lui-même, Denis Coderre et de le répéter à qui veut bien l’entendre. Le seul nom de l’organisation qu’il a récemment mis sur pied pour lancer sa campagne permet de s’en rendre compte: Équipe Denis Coderre pour Montréal. Il y a, dans ce nom, peut-être le résumé le plus complet du contenu de sa vision politique : Mon nom est Denis Coderre.
Denis Coderre est justement son propre contenu. À ce titre, il se diffuse lui-même pour ce qu’il est au sein du flux médiatique 2.0. Très actif sur Twitter et Facebook, il est devenu le personnage principal de son propre programme. Que dit Denis Coderre? On ne sait trop, mais il le dit sur les médias sociaux, ce qui suffit pour donner un certain sens à son positionnement sur la scène politique. Denis Coderre est son propre canal de diffusion.
La carence de contenu semble ainsi comblée, car Denis n’est pas un contenant qui pourrait contenir une vision, il est lui-même le contenu du contenant qu’il façonne en temps réel.
Nous avons eu droit cette semaine, dans une capsule vidéo de 30 secondes mise en ligne sur YouTube, à une démonstration explicite de ce phénomène. Alors qu’on savait depuis des semaines qu’il devait plonger le 16 mai à l’occasion d’une conférence de presse, Denis a choisi d’apparaître un peu plus tôt dans son propre tube, pour dire encore une fois qu’il aurait quelque chose à dire bientôt. Ce message ne disant rien possédait une signification donnée par le média lui-même: Regardez, je suis ici, dans le tube, et cela devrait signifier quelque chose.
Signifier quoi? On l’apprend à la toute fin: «Ne manquez pas ça, vous allez avoir la primeur par rapport aux médias traditionnels. C’est ça être du 21e siècle».
L’insignifiance du message lui-même, les paroles de Denis Coderre, se trouve ainsi suppléée par la simple présence au sein des médias sociaux: Je ne dis rien, mais je le dis sur twitter, facebook et youtube, ce qui signifie en-soi quelque chose : Je suis du 21e siècle, je me distingue ainsi de la «tradition».
Autrement dit, le contenu, c’est le contenant. Le seul usage de la technologie, via un canal qui s’intitule lui-même «Coderre2013», permet de forger une signification qui donne une impression de modernité, d’être bien de son époque. Denis est l’homme qu’il faut ici et maintenant car il est justement, toujours et en tous lieux, ici et maintenant s’adressant à nous.
En somme, on pourrait résumer ainsi son manque de vision: Coderre n’a justement pas besoin de vision, il est celui qui se voit à la mairie en même temps qu’il se montre.
Denis Coderre : Un mythe en forme de bouteille de Klein
Permettez-moi ici de faire un détour un peu théorique dans l’univers de l’étude des mythes pour tenter un petit exercice de structuralisme.
En géométrie, la bouteille de Klein est une figure hypothétique –impossible à représenter exactement dans un espace en trois dimension- d’un contenant qui se contient lui-même. Il s’agit, à l’instar de la boucle de Möbius, d’une forme non orientable ne présentant pas d’intérieur ou d’extérieur.
Les ethnologues et les anthropologues connaissent bien cette forme qui, chez Lévi-Strauss, a permis de représenter ce qu’il a appelé la «formule canonique du mythe». Énoncée pour la première fois en 1955 à titre d’hypothèse dans La structure des mythes, article qu’on retrouve au sein d’Anthropologie Structurale (1), cette formule sera décrite et utilisée concrètement à partir du milieu des années 80, notamment dans La potière jalouse.
Les non initiés à ces recherches y verront sans doute un jeu mathématique opaque, voire incompréhensible –et pour dire les choses bien franchement, c’est aussi le cas de nombreux initiés! Quoi qu’il en soit, on trouve dans La potière jalouse une application particulièrement claire énoncée comme suit :
«1. Le corps du héros est dans un tube qui le contient. 2. Un tube qui était contenu dans le corps du héros en sort. 3. Le corps du héros est un tube soit où quelque chose entre, soit d’où quelque chose sort. D’extrinsèque au début, le tube devient intrinsèque; et le corps du héros passe de l’état de contenu à celui de contenant. Ce que l’on peut écrire :
F Contenu(corps) : F Contenant (tube) :: F contenu (tube) : F corps -1 (contenant).
Autrement dit : le corps contenu est au tube contenant comme le tube contenu est à un contenant qui n’est plus un corps, mais lui-même un tube.» (2)
On voit, dans cette application de la formule, une sorte de torsion entre les termes et les fonctions. La fonction «contenu», appliquée au terme «corps» dans le premier segment de la formule devient un terme dans le second auquel la fonction corps-1 a été appliquée, autrement dit, le corps devenu lui-même tube.
Ma prétention ici est que Denis Coderre, pris lui-même comme un récit, présente toutes les caractéristiques d’un mythe politique et technologique en forme de bouteille de Klein. Sa sortie matinale sur YouTube visant à annoncer à l’avance à ceux qui le suivent sur les médias sociaux qu’il allait annoncer quelque chose plus tard –n’annonçant absolument rien, du coup- en offre une amusante illustration.
[1] Denis est le contenu du contenant YouTube intitulé Coderre2013 qui le contient;
[2] Du corps de Denis, par sa bouche, sort un message qui se résume au seul fait qu’il est justement en train de dire quelque chose sur YouTube;
[3] Denis devient lui-même un tube qui contient sa présence sur YouTube, un moyen de communication bien de son époque.
Autrement dit, Denis Coderre contenu est au YouTube contenant comme YouTube contenu est à un contenant qui n’est plus tout à fait Denis Coderre, mais lui-même un canal YouTube.
Peut-être tenons-nous ici une manière d’analyser une bonne partie des messages mis en ligne sur les médias sociaux. À tout le moins, il me semble que cette relation entre l’homme politique qui se médiatise lui-même et son média pourrait s’appliquer à l’ensemble d’une mythologie politiques et technologique du type : Vous voyez bien que je suis de mon temps (ou intègre, ou transparent, ou pertinent, ou authentique, ou près des gens), puisque je suis présent sur les médias sociaux et que je m’adresse à vous directement.
Cette forme mythique du discours politique prend par ailleurs beaucoup d’ampleur et il se trouve même des conseillers et des stratèges qui ont bien compris cette nouvelle forme de relation publique: Vous pouvez bien dire n’importe quoi, mais si vous le dites dans le flux des communications 2.0, la flux lui-même pourra signifier et ainsi pallier à l’insignifiance de vos propos.
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(1) Lévi-Strauss, Claude, La structure des mythes : Anthropologie Structurale, 1958, Paris, Plon. «Quelles que soient les précisions et modifications qui devront être apportées à la formule ci-dessous, il semble dès à présent acquis que tout mythe (considéré comme l’ensemble de ses variantes) est réductible à une relation canonique du type :
Fx (a) : Fy(b) :: Fx (b) : F a-1(y)»
(2) Lévi-Strauss, Claude, La potière Jalouse, 1985, Paris, Plon.
Vous auriez pu vous épargner beaucoup de contorsions, Monsieur Jodoin, en citant tout simplement ces quelques mots de Marshall McCluhan: «the medium is the message»…
Et puis, pourquoi ne pas faire l’«essai» de Denis Coderre? Pour cause d’absence apparente (ou encore non-déclaré) de contenu?
Mais c’est précisément là le gros atout de Denis Coderre, ce vide transparent! Parce que le vide vaudra toujours mieux que des piles de gros sacs bourrés de magouilles et d’enveloppes brunes bedonnantes. Surtout par les temps de grande et totale méfiance qui courent, alors que le dicton «chat échaudé craint l’eau froide» illustre à merveille l’humeur de la métropole québécoise.
Alors, qu’on nous en serve et resserve encore et encore de ce «vide». Ça ne peut que nous faire le plus grand bien après un trop-plein indigeste de cette infecte ratatouille ayant trop longtemps été au menu municipal, avec multiples pourboires en sus pour le (mauvais) service…
Donc, tant pis si aucun cordon-bleu ne traîne dans les parages. Ce sera pour une autre fois.
Pour le moment, un cuistot bien pépère – même s’il aimerait peut-être se donner des airs de grande toque au goût du jour… – fera parfaitement l’affaire s’il a suffisamment d’habileté pour éviter de faire coller au fond des marmites ses plats, si fades pourraient-ils par ailleurs être.
Et voilà une commande que pourra vraisemblablement remplir sans problème Denis Coderre.
(Comme quoi, au point où nous en sommes, l’absence de remarquables qualifications est bien secondaire à l’absence de coûteux défauts…)
« l’absence de remarquables qualifications est bien secondaire à l’absence de coûteux défauts… »
je crois que tu es mal informé claude. prend connaissance de ces faits svp:
http://tinyurl.com/lyqxl8j
**LANGUE DE BOIS OU LANGUE HERBEUSE**
Sans méchanceté mais avec un zeste d’humour, je dois avouer que j’ai pensé au camarade Coderre, à quelques politiciens, à quelques commentateurs radiophoniques ou télévisuels et à de nombreux humoristes lorsque j’ai lu cette «réflexion» de Nathalie Clifford Barney:
***«Il se prépara un grand vocabulaire et, toute sa vie, attendit une icée»***
C’est peut-être moi qui suis le roi des sots mais rares sont les moments où j’ai vu apparaître ou émerger ou une idée (ou des idées) lorsque j’ai entendu ou écouté le « futur » maire de Montréal. Mais n’oublions pas que le «futur» n’est pas toujours ce qu’on désirerait ou souhaiterait.
Nous verrons bien! Denis nous prépare ou mijote éventuellement quelques surprises.
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias et ancien rhinocéros (espèce en voie de disparition)
**LANGUE DE BOIS OU LANGUE HERBEUSE**
Sans méchanceté mais avec un zeste d’humour, je dois avouer que j’ai pensé au camarade Coderre, à quelques politiciens, à quelques commentateurs radiophoniques ou télévisuels et à de nombreux humoristes lorsque j’ai lu cette «réflexion» de Nathalie Clifford Barney:
***«Il se prépara un grand vocabulaire et, toute sa vie, attendit une icée»***
C’est peut-être moi qui suis le roi des sots mais rares sont les moments où j’ai vu apparaître ou émerger une idée (ou des idées) lorsque j’ai entendu ou écouté le « futur » maire de Montréal. Mais n’oublions pas que le «futur» n’est pas toujours ce qu’on désirerait ou souhaiterait.
Nous verrons bien! Denis nous prépare ou mijote éventuellement quelques surprises.
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias et ancien rhinocéros (espèce en voie de disparition)
Je voulais ajouter ceci: Denis Coderre n’est pas vide tout simplement. Il manifeste sans arrêt UN TROP PLEIN DE VIDE.
Morale de cette histoire: il est à fois vide et plein. Alors, saluons le futur maire de Montréal. Grâce à lui nous, Montréalais, nous oscillerons entre le TROP et le RIEN, ce qui n’est pas rien.
JSB
Denis Coderre est un homme dangereux comme Stephen Harper. Les deux recourent au silence. Un silence qui ne cache rien. Rien de pire. On croit que l’absence sous-tend une richesse dont nous jouirons un jour. On étire le temps pour s’approcher ou garder le pouvoir. C’est à ce moment-là que naissent les mythes, qui viennent combler le silence. On se donne une bible politique qui remplit les vides d’une révélation qui ne tient à rien.
Le dieu Coderre a dit qu’il n’était pas un sauveur. C’est clair. Il n’a rien à apporter. Autrement dit, il va faire comme tous les politiciens : s’assurer du pouvoir en jouant la carte de la transparence et de l’inclusion. Il accole au leadership qu’il veut exercer une terminologie gagnante comme si les mots étaient garants de sa probité. La population attend plus que des mots. Les mots se doivent d’être définis pour ne pas être l’écho du silence. Les mots transparence et inclusion sont des noms abstraits qui donnent l’illusion d’une parole agissante. Autrement dit, il tient un discours qui ne l’engage à rien. Il l’a bien dit qu’il ne se présentait pas pour construire quelque chose mais pour réparer le toit qui coule. Comme présentation, ce n’est pas très rassembleur. C’est bien beau patcher les trous, mais parfois on peut avoir le goût d’innover sa maison, comme un toit neuf au lieu d’un toit plein de fentes colmatées avec du coaltar. C’est toujours à recommencer. Denis Coderre n’a pas annoncé de changement, mais de la réfection.
Pourtant le maire d’une ville importante doit avoir une idée de sa ville. Une idée qui fait rêver ses citoyens. Régis Labeaume joue ce rôle sans chercher à endetter Québec. Denis Coderre voit Montréal comme une ville à patcher. Il cherche des menuisiers pour s’y faire alors que le maire de Québec cherche à développer sa ville. Mais encore, faut-il savoir ce qu’il y a à développer. Denis Coderre semble l’ignorer. Et une ville qui stagne est une ville à laquelle on tourne le dos. Elle se doit d’être dynamique pour protéger ses acquis et pour se rendre davantage intéressante. Avec Denis Coderre, Montréal risque de devenir une ville ennuyeuse. Dommage que Gérald Tremblay n’ait pas vu les magouilles qui se tramaient dans son dos. Au moins lui, c’était un grand rêveur, voire un poète urbain, mais il était secondé par des personnages véreux.
Présentation des amis de la campagne électorale de Coderre.Joe Magri scandale des commandites joe Barbieri sdc, Tony Tomassi fraude et abus de confiance,Marcel Parent Clementina Teti Tomassi contracteur suspect et proximité avec la gang à Tremblay Zampino un air de déjà vu et lors du scandale des commandites la phrase magique j’ignorais tout de ce stratagème comme un certain Gérald la similitude est frappante.Maintenant la cerise sur le sunday la sortie express et plus que cavalière du 98.5 17/05/2013 lorsqu’en entrevue demandé de la présence de ces personnages dans son entourage quel courage de sa part et franchement comme réalisation concrète en politique donné moi des exemples .P.S:Chef d’orchestre lorsque toute ta vie tu as été second violon je m’attends pas à une symphonie plutôt à de la cacophonie!