Plusieurs amis, contacts et lecteurs m’ont demandé depuis quelques jours pourquoi je m’oppose si drastiquement à cette charte des valeurs québécoises. J’ai tenté bien des réponses intelligentes, plus ou moins réussies. Je suis un type sans manifeste –comme ma génération sans doute. Permettez-moi ce soir de publier un texte plus personnel, peut-être moins «pragmatique» et sans doute un peu plus décousu, en faisant fi des techniques de la chronique.
Je viens d’une école de pensée qui postule que l’être humain areligieux n’existe pas. Enfin bon, je vois mes semblables un peu comme des champignons. Quelque chose qui a poussé rapidement, un peu au hasard, au gré des imprévus et des rencontres. Les champignons ont de grosses têtes, mais de si petites racines. Qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je?… Vous connaissez la comptine… L’univers ne répond pas à ces questions. Alors on se raconte des histoires, on se donne des raisons de continuer. Elles sont politiques, idéologiques, religieuses, économiques. Il faut s’habiter soi-même, chasser le vide, ne jamais laisser le rien occuper de l’espace. Et la tête grossit, car le rien est immense.
L’humain est ainsi un être qui croit. C’est mon biais anthropologique, si je peux dire les choses ainsi. Il re-questionne toujours, il déplie et replie l’existence. Dès les premières minutes de solitude, il se crée un espace sacré à occuper. C’est ce que j’appelle «le religieux», cet espèce de domicile des aspirations humaines que diverses institutions s’emploient à investir. Ce sont les religions.
Est-ce que les religions instrumentalisent ce sentiment religieux? Oui, sans aucun doute. La religion, comme institution, est, aussi (mais pas seulement), un levier de pouvoir et de domination. Comme le sont, et au même titre, la publicité, les idéologies politiques, les médias, les relations publiques et tant de choses encore. Tout peut potentiellement servir de levier institutionnel afin de combler, pour le meilleur ou pour le pire, les aspirations humaines.
Or voilà, pour cesser cette instrumentalisation, pour permettre aux humains de vaquer en toute liberté à leurs aspirations profondes, lutter contre tel ou tel symbole, ou tel ou tel message précis, localisé et limité, ne donne absolument rien.
Ce qu’il faut, c’est donner les outils intellectuels aux individus afin qu’ils puissent s’immuniser contre ce genre d’instrumentalisation de leur potentiel croyant. Il faut leur donner les moyens de penser librement. C’est un travail long, patient, minutieux qu’il nous faut, pas une formule magique conçue pour régler un problème «une fois pour toutes».
C’est donc de rencontres et de dialogues dont nous avons besoin. Car on ne remettra pas la pâte dentifrice dans le tube. L’occident, et plus précisément le Québec, ne peut plus simplement revendiquer une unité identitaire. Nous sommes confrontés à des problèmes de diversité religieuse, de diversité idéologique, de diversité ethnique et nous devons poser le projet d’une réconciliation d’aspirations diverses. Plus jamais nous ne serons «identiques». Ce problème de la diversité est là pour demeurer. Et c’est tant mieux. C’est un beau problème. La monoculture tue les écosystèmes. Il en va de même pour les aspirations humaines. Il est certes plus facile d’arroser des rangs de légumes identiques que de veiller à la survie d’une forêt où tout peut arriver. C’est pourtant ce défi que nous devons relever.
En aparté, puisqu’à ce titre on parle tant des nouveaux arrivants, j’aimerais dire au passage que quelqu’un qui arrive ici, c’est d’abord et surtout quelqu’un qui quitte un ailleurs.
Il est illusoire et contreproductif de penser qu’il serait seulement possible, en tout cas pour une masse critique de ces «nouveaux quittants», d’intégrer à court terme dans leurs personnalités des valeurs qui leur sont étrangères et nouvelles. Un individu, un vécu humain, c’est un système vaste et complexe, forgé par une somme magistrale de faits, d’odeurs, de choses vues, entendues et ressenties, de réflexions secrètes, de pensées, accumulées depuis des milliards de secondes depuis l’enfance. Nous ignorons nous-mêmes les origines de nos pensées, apparues dès les première secondes après la naissance. Nous ne nous en souvenons même plus. De gros sabots législatifs et politiques ne peuvent rien sur ces sentiers sinueux aux détours imprévisibles. C’est du temps qu’il faut. Du temps et du dialogue. Mais du temps surtout. Et peut-être même un peu de silence. Ça ne ferait pas de tort.
Et c’est là que je m’oppose avec véhémence à cette charte bâtie à coup de pictogrammes et de spin idiot. Car c’est du bruit. Cette initiative ne donne à personne les moyens de se défendre intellectuellement, elle maintient les individus dans l’idiotie. Penser par vous-mêmes? Apprendre? Dialoguer? Allons donc! Nous n’avons pas de temps à perdre! Il y a péril en la demeure! Voici une série de petits dessins conçus comme des panneaux routiers! Ça devrait suffire.
Cette charte est une charte de l’idiotie, de la pensée en kit, une campagne publicitaire qui nie l’autonomie de pensée au profit des relations publiques. C’est un programme politique, comme il existe des programmes informatiques: insérez le CD, cliquez sur installer, ensuite «j’accepte» et ensuite «Ok», et encore «Ok» jusqu’à ce que vous voyez le message «installation terminée».
Mais je suis désolé. Les touches CTRL-ALT-DEL n’existent pas sur les claviers des consciences individuelles. On ne redémarre pas un individu. On le prend avec sa mémoire occupée et des processus actifs qu’on ne peut tout bonnement supprimer.
Qu’on me comprenne bien cependant.
Est-ce que l’État Québécois peut et doit inscrire formellement dans un texte fondamental qu’il est laïc. Je le crois sincèrement. Je signerai à deux mains cette déclaration. Il s’agit d’un phare dans le brouillard: «Regardez, ici, les lois, l’exercice de la vie parlementaire et politique ne dépendent pas des croyances de tel ou tel ou tel groupe ou ne tentent pas d’exploiter indûment le potentiel croyant des individus. Ils doivent demeurer libres de croire ce qu’ils veulent». Ce serait donc dire que le pouvoir n’a pas à leur imposer des «valeurs», qu’il lui est suffisant de statuer sur ce qui est «juste» et non sur ce qui est «bien».
Mais est-ce que l’État Québécois doit amalgamer cette proclamation de principe en sommant les citoyens à son emploi –et tous les citoyens en fait, puisqu’il s’agit de «valeurs québécoises» et non de laïcité étatique- de se fondre dans une identité commune, sous peine d’être hors la loi? Non. Jamais. D’aucune manière on ne saurait légitimer cette embuscade au sein des consciences individuelles pour défendre des murailles idéologiques.
Où aller ensuite? Il faut écrire, parler, écouter, entendre. Il faut que les enfants jouent, il faut des livres, des activités, des jeux, des places publiques, de la parole. Pas des interdictions ou des panneaux publicitaires! Nous avons un peu de fric et d’énergie à mettre pour envisager la problématique de la diversité religieuse? Investissons dans la permission! Permettons des lieux de rencontre, permettons des moments de pause, de dialogue, permettons des repas en commun, permettons de la création, permettons de rêver un peu. Permettons des programmes scolaires avec des échanges, des sorties en commun, permettons des créations, des correspondances entre les élèves.
Permettons-nous de l’inconnu au lieu de nous complaire dans l’interdit trop facile du méconnu.
Suis-je moi-même un naïf idiot utile de l’Islam ou d’un quelconque intégrisme confessionnel, comme on a pu le dire pour d’autres?
Non, je ne suis qu’un chroniqueur moyen, un peu con peut-être, mais pas idiot. Je suis profondément laïcisé, dé-ritualisé, je ne mise ma foi sur aucune institution, je tente moi-même de m’habiter et de vaquer à mes aspirations. Je doute de presque tout, surtout de moi-même. La seule chose que je sais, c’est que je ne sais à peu près rien de celui qui se tient devant moi et que je n’en sais guère plus sur celui que je vois dans le miroir tous les matins.
Et je suis convaincu que ceux qui me gouvernent, eux, n’en savent strictement rien et qu’ils n’ont pas à le savoir.
Comprenez que je ris, pour ne pas pleurer, devant leur certitude.
L’humain est le terreau de l’incertitude. De ça, je suis certain.
Votre réflexion est beaucoup trop personnalisée. Sans loi, sans encadrement la société est anarchique. Vous tentez de libéraliser l’humain à son maximum dans une société qui doit fonctionner avec des milliers d’individus. Impossible de satisfaites tout le monde. D’où le principe de démocratie. On s’entend que c’est impossible d’avoir une vraie démocratie, mais bien une majorité. La raison pour laquelle la charte est nécessaire est pourtant simple, mais ça semble si dur à comprendre. Il faut arrêter de placer la religion sur un pied d’estale une fois pour toutes. Si un fonctionnaire ne peut porter de casquette, pourquoi l’autre a droit à son turban? Si un fonctionnaire ne peut pas porter un couteau, pourquoi l’autre a droit à son kirpan? Bien sûr l’argument facile est d’évoquer la charte des droits et libertés, comme si c’était la suprématie ultime. La charte des droits et libertés protège ces droits, mais elle créer aussi préjudice dans le sens ou elle ne reconnaît pas les « religions arbitraires », et si l’état est laïque alors n’importe quelle religion est arbitraire. C’est assez logique.
Le plus beau passage selon moi. » La monoculture tue les écosystèmes. Il en va de même pour les aspirations humaines. Il est certes plus facile d’arroser des rangs de légumes identiques que de veiller à la survie d’une forêt où tout peut arriver. C’est pourtant ce défi que nous devons relever. » Et malgré tout il y a différents types de forêts selon les climats. Alors quel climat voulons-nous pour quel type de forêt? Notre forêt est déjà là alors il faudra bien s’entendre sur une façon de la préserver. Et si on commençait tous ensemble par baisser le ton et s’inquiéter des nouvelles pousses en leur enseignant comment leurs ancêtres ont survécu sur cette terre du Québec en faisant fi de la politique et des religions? Quand on parle de température tout le monde s’entend toujours n’est-ce pas? Revenir à la source en commençant par le rapport à la vie des Premières Nations et celles qui ont suivi, en ne négligeant pas l’apport des nouveaux arrivants. Et que les meilleures idées prévalent pour maintenir une forêt des plus luxuriantes. Nos enfants pourraient refaire le monde tâchons de leur donner le bon exemple, en se tenant loin des guerres et des conflits et en ne les encarcanant pas dans nos idéologies.
Simon, un grand merci à vous, le chroniqueur « moyen », pour cette belle et utile réflexion. Elle s’inscrit bien dans le débat qui a présentement lieu, et mon plus vif désir est que vous ne vous fassiez pas invectiver pour avoir osé penser librement. Merci encore !
Bravo monsieur Jodoin, voilà un texte qui va certainement relever le niveau du débat. Merci et m. Foglia n’a qu’à bien se tenir…!!!
En réfléchissant à nouveau à cette phrase « La monoculture tue les écosystèmes. Il en va de même pour les aspirations humaines. Il est certes plus facile d’arroser des rangs de légumes identiques que de veiller à la survie d’une forêt où tout peut arriver. C’est pourtant ce défi que nous devons relever. », je réalise que l’exemple de la forêt ne peut être assimilé à celui des différentes cultures humaines. Tout est toujours une question d’équilibre dans la nature et il s’agit que vous y plantiez une nouvelle espèce pour créer un déséquilibre fatal pour certaines autres. Pour les humains l’équilibre des forces en présence est compromis par le pouvoir qu’ils ont les uns sur les autres et sur l’environnement. C’est difficile dans ce temps là de vivre en harmonie quelque soient nos caractéristiques individuelles. Et le pouvoir tout le monde est susceptible d’en abuser. On devrait regarder comment les enfants se débrouillent entre eux et les imiter. Leurs critères sont tellement simples et sympathiques. 🙂
Votre chronique est très bien écrite. Voici ce que j’en pense.
D’abord me dénoncer. Je suis athée convaincu d’approche sociale démocrate nostalgique d’une mère patrie jamais connue.
Deuxièmement, une belle mise en contexte précisée: je ne suis pas POUR LA charte, je suis POUR LE principe. La charte telle qu’elle est proposée contient d’immenses failles inexplicables et inexcusables, mais revenons au principe. «Mettre des balises dans une société» «Avoir un État modèle» Pas «avoir un État athée» Mais avoir un État areligieux pour reprendre vos mots.
J’aimerais dire que vos arguments sont bien construits, mais examinons-les. Parce que vous maîtrisez très bien «l’art d’avoir toujours raison» (Schopenhauer). D’abord vous décomposez pour tenter de réduire à néant. «…lutter contre tel ou tel symbole, ou tel ou tel message précis, localisé et limité, ne donne absolument rien» Vous avez raison. Simplement parce que vous décomposez. Mais le principe, c’est-à-dire lutter contre TOUS les symboles, bien sûr qu’il sert à quelque chose. Si vous avez raison de dire que l’humain areligieux n’existe pas, vous oubliez toutefois que la bebite qu’on appelle État, elle, peut et doit être areligieux. En sens, quand l’État investit le domaine de la justice, c’est à elle que revient le devoir d’édicter le BIEN et le MAL. Reste à nous les citoyens à s’en tenir au BON et au MAUVAIS.
Paragraphe suivant: «…donner les outils intellectuels aux individus afin qu’ils puissent s’immuniser contre ce genre d’instrumentalisation de leur potentiel croyant…» Cette fois, vous généralisez un énoncé valable que dans des situations particulières. (Une erreur de logique gigantesque). À qui donne-t-on des outils intellectuels? Les donne-t-on aux enfants? À des mineurs? Des analphabètes? On ne peut pas généraliser une situation tout à fait adapter à un monde idéalisé d’un citoyen INTÉLLIGENT et VIERGE de valeurs et d’influences auquel on donne les outils intellectuels pour se prémunir contre l’envahissement des institutions religieuses inévitable, pour reprendre vos mots.
Puis, vous vous insurgez et vous emportez, voulant possiblement vous donnez un air en vogue: le silence. Vous vous contredisez puisque vous proclamez haut et fort que tout ça c’est trop de bruit, que ce dont nous avons besoin, c’est du dialogue? Quoi? Du silence? ou du dialogue?
Ensuite vous dîtes: «Permettons-nous de l’inconnu au lieu de nous complaire dans l’interdit trop facile du méconnu.» C’est connu pour vous l’État areligieux? D’où venez-vous? Nous sommes pris avec un État qui a TOUJOURS eu des aspirations chrétiennes. Vous avez raison, les autres religions sont méconnues, par contre, rien de plus inconnu que l’absence de religion. À mon sens, c’est progressiste.
Finalement, vous nous faites rêver, les enfants qui s’amusent et tout le tralala, c’est du vide, mais ça vend.
Ce dont les enfants (et les grands) ont besoins (selon mon humble opinion)? Il ont besoin d’un peu d’encadrement. Quand on s’amuse au football, il y a des règles, tout le monde les endosse et tout le monde s’amuse. Quand on prend la route il y a des règles, tout le monde les endosse et c’est l’harmonie. Quand on est fumeur, il y a des règles, tout le monde les endosse et c’est l’harmonie.
Pour le plus grand bonheur du plus grand nombre.
Je fais des indigestions de ces montées de libertariens proclamant haut et fort les libertés individuelles. «Live free or die» très vendeur j’en conviens se rebute à la mère patrie à laquelle je rêve. Je ne veux pas d’un monde individualiste au coton. Jamais je n’accepterai de faire passer les libertés individuelles au devant du bonheur de la société. Nous oublions que nous sommes d’abord intrinsèquement dépendant d’autrui et que c’est en marchant vers lui que la vie prend son sens.
La cerise sur le sundae, votre conclusion faussement socratique. C’est trop facile de dire que finalement vous ne savez rien et que donc nul ne sait rien. Vous en comprenez mal le sens à mon avis, et c’est pour cela que sous cette prétendue humilité se cache une incompréhension importante. Savoir que nous ne savons rien ne veut pas dire que nous ne savons rien. Cela signifie que nous savons peu (pour ne pas dire quasiment rien) en comparaison à la somme des savoirs potentiels. Savoir que nous ne savons rien veut également dire que tout savoir est appelé à se perfectionner, s’améliorer ou à changer. En sens, l’État a le droit (et même le devoir) d’établir des balises, qui seront appelées à changer. Sur nos savoirs se construisent les savoirs de nos enfants.
M. Jodoin, merci pour ce texte qui fait réfléchir. Il y a de nombreux points de réflexion qui nous font comprendre que la situation est complexe et comme vous le dites, c’est le temps et du dialogue qui vont nous permettre de trouver les solutions, mais beaucoup de temps, disons… des siècles.
Je vais reprendre votre analogie de l’agriculture : « La monoculture tue les écosystèmes ». Alors, comment composer notre champs : un plant de tomates, quelques pommes de terre, du céleri, un pommier ou diviser le champs en parcelles? J’ai bien peur que dans le premier cas, certaines espèces vont se faire envahir, d’autres vont mourir.
Avec votre autre analogie : « Car on ne remettra pas la pâte dentifrice dans le tube. L’occident, et plus précisément le Québec, ne peut plus simplement revendiquer une unité identitaire ». C’est clair que vous croyez dans l’universalité. J’y rêve moi aussi, mais je ne le verrai pas de mon vivant. Ayant vécu la moitié de ma vie en Asie, je peux vous affirmer que nos pensées universelles n’ont pas encore les mêmes définitions.
Présentement, il y a un facteur qu’on oublie dans toute les discussions : le nombre. Est-ce qu’on craint les Ougandais? Les Tunisiens? Non. Soyons honnêtes, c’est l’islam. Pourquoi, elle réunit beaucoup de gens de cultures différentes et c’est leur nombre qui grandit le plus vite au Québec en ce moment. Votre champs agricole est en train de se faire envahir par une espèce qui risque d’étouffer les autres.
Alors, comment permettre aux petits légumes fragiles de survivre : en créant un espace comment pour pouvoir dialoguer et ralentir le pouvoir du nombre. Pour moi, c’est pour cette raison que la charte doit voir le jour, mais pas dans sa forme actuelle. Tous les signes religieux, même ceux de l’église catholique doivent sortir du politique, du gouvernement. Pour le moment, le catholicisme est majoritaire au Québec et il n’est pas réellement menacé. Devons-nous attendre d’être dans une situation comme en Europe avant de créer un zone neutre de dialogue qui nous permettrait de vivre ensemble sans se craindre? Je crains la création de partis d’extrême-droite qui vont nous faire reculer dans notre dialogue.
Et demain, comment allons-nous réagir quand la Chine ne sera plus aussi discrète, car elle aussi s’en vient. Attachez-vos culottes, ils sont nombreux.
Meilleur texte que j’ai lu depuis longtemps. Et pas que sur ce sujet.
Bravo!
Vous avez remarquablement bien cerné le… problème, Monsieur Jodoin.
À l’opposé – que dis-je, à des lieues des prétentions de ces gâte-sauces de passage aux cuisines du parlement québécois – à l’opposé donc de ces marmitons cherchant à nous faire avaler un menu à saveur unique, à l’avaler de travers s’il le faut, avec le prétexte que ce serait pour notre plus grand bien.
Un menu au fumet de rata, néanmoins. Que même du Zantac ne saurait faire passer sans d’inévitables coliques. Mais c’est qu’il y a problème, nous assure-t-on. Toutes et tous doivent conséquemment passer à table. Et tous les convives finiront par trouver goût aux grosses louches de rata qu’on leur servira. Miam miam.
Sauf que dans la salle à manger où les convives se sont attablés pour festoyer ensemble, plusieurs apprécient la belle diversité du menu actuel. Et se plaisent souvent à goûter une bouchée de ceci et une bouchée de cela, heureux de faire l’expérience de mets différents de leurs plats habituels, bavardant et rigolant aux fil des anecdotes racontées et du repas convivial partagé.
À part – et c’est dommage – quelques tablées de grincheux qui rouspètent que nos plats locaux traditionnels devraient constituer le spécial du jour pour tout le monde. Pas de choix à la carte. Nul besoin ou utilité de gastronomie.
D’ailleurs, que tout le monde se serve à la même marmite, c’est plus rassembleur. Ça rapproche, quoi.
Ce que fait d’ailleurs valoir avec conviction le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville. Dont j’ai d’ailleurs reçu – comme tous les citoyens – le menu proposé (parmi d’autres menus de pizzerias distribués à chaque adresse).
Un menu sous forme de dépliant grisâtre (peu alléchant parmi les menus couleur des pizzerias) dont la première page indique l’à-propos dudit menu : «Le temps est venu de nous rassembler autour de nos valeurs communes. Elles définissent ce que nous sommes. Soyons-en fiers.»
À coup sûr, cela ne peut qu’aiguiser l’appétit!
Enfin, pas chez toutes et tous…
Car il y en aura toujours qui seront réticents à suivre un régime. Même si ça devait favoriser leur bonne santé. Pour ma part, et même si je n’ai pas de poids à perdre, ce menu unique pourrait même m’inciter à jeûner. Car sans être fin gourmet ou encore œnologue, j’ai toutefois une aversion marquée pour toute rata.
Que voulez-vous, hein? Je suis bête comme ça. Depuis toujours.
C’est bien beau tout cela, mais eux, ils ne sont pas si tolérants. Attendez qu’ils atteignent leur masse critique et qu’ils nous imposent tout gentiment leurs valeurs. C’est alors que vous goûterez à la frai intolérance, avec un « i » majuscule et un sabre contre la gorge.
Bonjour ,
Vous nous remettez ,et c’est ce que ça prend présentement dans ce débat ,a un niveau d’individualisme « d’humain qui pense » donc qui ne fait pas parti du troupeau qui souffre d’aveuglement passager cause par une idéologie nombrilliste et presque sectaire.Nous sommes en train d’ériger un mur qui lui ne sera jamais renversable parce qu’invisible et on va être « crissement pogne avec »!!…
J’espère que que cette aberration sera corrigée le plus rapidement possible nous avons tous l’air con collectivement mais vous nous rappeler qu’en tant qu’individu on l’est sûrement moins…Merci
C’est vrai que vous êtes moyen. Naïf aussi. Je ne ressens aucune culpabilité à vous diminuer. Désolé. C’est quand la dernière fois que vous avez travaillé ou êtes allé à la rencontre de l’Islam en terre islamique ? Dans votre prochain texte, parlez de votre expérience personnelle de vos vécus en terre islamique. Quand cette religion a été créée, par qui, pourquoi, quelles en sont les particularités dans le monde…Qui sont vos amis islamiques, quand cé la dernière fois que vous êtes allé dîner chez des musulmans nouvellement arrivés ou pas ? On attend.
Parce que ce petit texte, amalgame de rêves embourgeoisés d’uns société centro-moi-je-me-re-me-moi-mileend, c,est gentil, mais rien de plus.
Tous cela est bien vrai et aussi très bien dit (écrit)… mais la vie impose des choix, comme « dans la bois » chaque écosystème a ses règles dans le respect des autres et sans lequel respect le dommage menace. L’État québécois fait ses choix en balisant certains secteurs « publics » d’activité professionnelle où serait requis la non expression de ses croyances privées (religieuses, politiques, etc) pour le bien des services à tous sans affront aux leurs propres. Nous avons donc ici, il y a plusieurs années déjà, appliqué cette convention sociale en excluant les « soutanes » de l’enseignement …. personne ne s’est dit « agressé », insulté, ciblé… tout le monde a compris dans le respect de l’autre. Et voici donc peut-être ce que l’on attend de voir, ce dont peut-être comme individus nous avons tous besoin? Après tant d’esprit d’accueil et d’accommodement, de voir un peu d’esprit de conciliation, d’ouverture… de respect de l’autre à travers une mesure limitée au service au public, aux « autres » qui ne sont pas « nous », pas « eux » mais qui existent eux aussi. La neutralité dans les services publiques n’a rien a-t-elle bien peu à voir avec votre religion finalement et bien plus avec votre personnalité? votre individualité? Mais justement, dans certaines religions totalitaires, contrôlantes, votre acceptation et votre respect d’autruit, votre désir authentique de vivre avec lui en harmonie n’a pas sa place ni sa justification… vous n’y croyez pas. Ça a sans doute aussi à voir, oui, avec votre niveau d’instruction, avec la capacité de liberté intellectuelle et spirituelle dont vous disposez et avec celui de la « religion » qui vous éclaire, vous nourrit …vous régit ou vous emprisonne. …mais reste que les terroristes du World Trade center étaient des gens brillants et très instruits…. Quoi qu’Il en soit et de façon générale, votre emprisonnement ne doit pas devenir celui des autres, ne doit pas emprisonner une société libre d’accueillir d’autres personnes que vous, ni d’autres religions que la vôtre, et pour que tous soient confortables ensemble un minimum de neutralité est utile dans nos rapports les uns aux autres, surtout dans les services essentiels. Je ne crois pas que la Charte doive imposer l’interdiction de signes religieux à toute la fonction publique mais à ces emplois qui impliquent un service en personne au public oui, je le crois. Je ne crois pas que l’on doive retirer quelque signe religieux que ce soit de notre patrimoine bâti, ni le sapin au parlement à Noel, signe paien entre tous. Je ne crois pas que l’on doive soustraire certaines personnes à des lois (stationnement sur les rues) ou à leur tâche (élus municipaux) sous prétexte qu’aujourd’hui c’est leur fête religieuse. Cela reste du domaine privé et à eux de gérer ces situations de façon privée. Je ne crois pas que l’on doive accepter des couteaux quels qu’ils soient à l’école, ni priver les élèves d’un menu parce que quelques uns ont certaines limites à ce qu’ils peuvent consommer, ni créer des frais supplémentaires au systèmes publiques laics pour répondre à des mesures d’exception basées sur les religions. Et oui, dans un monde idéal qui viendra peut-être un jour, nous en arriverons par un dialogue prolongé et de bonne foi à une compréhension profonde, émotive et véritable des susceptibilités et des besoins de chacun, mais qu’importe, dans une société qui plus est multiculturaliste, c’est l’objectivité et le bon jugement qui doit gérer la « chose ». …car il n’y a pas d’autre « remède » à l’ignorance crasse et l’asservissement qui fait de certaines religions une barrière à l’accueil et au respect de l’autre… Et pour les autres, les instruits, les libres, les sensés, il n’y aura jamais aucun problème à accepter la neutralité dans ses rapports professionnels aux autres.
M. Jodoin,
Me permettrez-vous d’emprunter le même chemin que vous, l’approche personnelle en réponse à votre texte.
Je me dis en faveur, contrairement à vous, de cette charte des valeurs québécoises. En vous lisant, je me suis demandé où était nos différences. Vous écrivez : Cette charte est une charte de l’idiotie, de la pensée en kit, une campagne publicitaire qui nie l’autonomie de pensée au profit des relations publiques.
C’est le seul point de divergence que j’ai trouvé entre nous. Je vous suis dans tout le restant. Étonnant, non !
Peut-on faire évoluer le sujet à partir de votre énoncé ? Voilà, la charte, c’est idiot. Que peut-on répondre à ça sinon de prendre position pour ou contre. Cela, en conviendrez-vous, n’engage pas la prise de conscience et la réflexion alors que tout le restant de votre texte la favorise.
je retiendrai votre finale d’une justesse qui malheureusement passera sous le radar, n’est-ce pas un projet idiot. De ne pas connaître l’autre et de reconnaître ne pas se connaître, n’est-ce pas là un formidable début de discussion qui dépasse la seule prise de position ?
Encore une fois je vous rejoins sur l’impérative nécessité de ne pas politiser le sujet. Comme la langue, la religion, la culture, la laïcité ne devrait appartenir à aucune caste politique. Il ne faut surtout pas perdre de vue que nous demandons à des gens différents par leur culture religieuse, politique, démocratique, de nous aider à protéger la liberté que le Québec et le Canada offre. Y arriver avec nos différences dépasse largement le concept du droit personnel alors qu’il est question ici du droit social, donc nécessairement s’ajoute à ces droits, les devoirs.
Ce qui m’agace c’est ce frein systématique à la réflexion, à la prise de conscience d’une situation qui, dans le temps, va se complexifiée. Aurons-nous, comme peuple de tous les horizons, cette sagesse de réfléchir ensemble sur ce qui pourrait devenir un sacré beau projet de société, au futur clair et prometteur ?
Je suis absolument d’accord avec vous , mais essayez de le faire comprendre aux immigrants ici en question .Pourquoi avoir quitté un pays qu’ils ne voulaient plus , pour le réinstaller ici ,je vous le demande , je me pose plusieurs questions :les femmes sont frustrées ,(elles veulent que l’on pardonne , mais lapident la première de leur clan qui a péché ) changent les menus des garderies car ils ne mangent qu’halal , garde le voile pour cause de religion (mais c’est pour cacher leur cheveux , aucune religion ) . Ils veulent reconstruire notre pays comme le leur , qu’ils ont fui . Ils font ici , ce qu’ils ont fui…On a tous et toutes essayé de les comprendre , j’ai travaillé avec un musulman , il n’écoutait pas , ou peu , pour ensuite revenir à la charge et essayer non pas de m’expliquer mais me faire adhérer à sa façon à lui , à eux , car ils parlent toujours en fonction de la famille…Mon mari est de nationalité française et d’origine arabe , c’est pour vous dire que je ne suis pas raciste . Pourquoi ne pas accepter d’être rapatrier dans un autre pays pour sa culture , comprendre la différence , c’est d’accepter le changement , accepter les rituels de nos »hôtes » , accepter de vivre les nôtres chez nous sans les obliger aux alentours , à moins qu’ils le veulent !Moi , je ne demande qu’à marcher à côté deux , et non en arrière…
Superbe texte qui me rejoint pleinement.
Dommage qu’on soit dans une logique de « wedge politics » qui vise, justement, à exclure ce genre de discours, comme toute rationalité, parce qu’elle a justement pour but de civiliser et polariser émotivement la population en deux (et seulement deux) factions complètement antagonistes.
Significatif: En six jours, je semble être le premier à avoir commenté votre billet.
merci. heureux de vous avoir déniché, et de me rappeller ainsi que d’autres ont grandi avec le même respect et la même ouverture, auxquels on s’était trop (???) habitué. bon chemin à vous.