La semaine dernière (le 4 avril), les Femen lançaient un jihad nouveau genre: l’ « Interrnational Topless Jihad Day » en appui à la Tunisienne Amina Tyler dont les militantes de Femen étaient sans nouvelles depuis quelques semaines. Amina était disparue des radars après avoir annoncé qu’elle joignait le mouvement Femen et avoir publié sur sa page Facebook des photos d’elle les seins nus avec, sur sa poitrine, l’inscription « mon corps m’appartient, mon honneur ne concerne que moi ».
Il n’en fallait pas plus pour que des islamistes tunisiens réclament une centaine de coups de fouet et même la lapidation comme punition tellement le péché était répugnant (wasch!) et déshonorait l’islam. Je n’ai pas vu de militantes aux seins nus à Montréal, mais le mot d’ordre des Femen a été suivi dans plusieurs villes européennes.
La première fois que j’ai vu un reportage sur les Femen, mouvement féministe originaire d’Ukraine qui utilise la nudité pour dénoncer les injustices sociales et plus particulièrement la violence contre les femmes, j’ai trouvé ces femmes à la fois téméraires et provocatrices (il faut souvent l’être), mais sans trouver aucune pertinence entre cette forme d’action et les résultats recherchés. Le mâle en moi pouvait même y trouver un effet contre producteur, appréciant la nudité féminine publique, alors que le militant rationaliste en moi était plutôt perplexe et porté à n’y voir qu’un geste qui allait justifier la répression qu’elles cherchaient à dénoncer.
À Montréal, nous avons aussi eu nos manifestantes et manifestants nus lors de notre printemps érable. Qui ne se souvient pas de cette manif naturiste pour dénoncer… le sexisme du Grand Prix! Ça me paraissait relever davantage du party d’étudiants que de la contestation. Se promener nu, en groupe et impunément en plein centre-ville a manifestement un côté transgressant, voire libérateur de nos tabous et conventions sociales. Mais pas grand chose à voir avec la lutte contre le sexisme. La cause des quelques courageux naturistes qui défilent à vélo chaque printemps sur René-Lévesque (le dimanche matin lorsqu’il n’y a personne) me parait mieux fondée; la nudité a ici pour fonction de promouvoir un mode de vie plus en lien avec la nature. L’irruption des Femen à Notre-Dame de Paris pour « célébrer » la démission de Benoit 16 m’a par contre paru un geste douteux même si les femmes ont toutes les raisons du monde de dénoncer la misogynie des religions. Leur agression contre une danseuse nue dans un salon de l’érotisme en mars dernier en France était totalement surréaliste: imaginez des femmes à moitié nues s’en prendre à une danseuse nue pour dénoncer l’exploitation de la nudité féminine! En plus de la violence qui s’en est suivie, ce genre d’action n’est pas sans rappeler le moralisme puritain que nous ont servi les féministes des années 70. On peut même y voir l’expression d’une pensée unique: il n’y a qu’un modèle respectable de féminité et c’est le nôtre.
Toutes les bonnes causes ne s’accommodent donc pas de la même façon avec la nudité et le mouvement féministe est profondément divisé face à la méthode des Femen. Ce type d’action ne pourra qu’être une mode passagère; il serait étonnant en effet que les militantes continuent encore longtemps à manifester les seins nus en guise de résistance ou d’offensive.
Mais dans un cas comme celui d’Amina, la nudité pour dénoncer la morale répressive et antihumaniste des islamistes contre les femmes et la prison vestimentaire dans laquelle ils veulent les enfermer trouve une certaine justification par l’aspect libérateur du geste. Et en voyant le défilement des photos d’arrestation au lendemain du topless jihad day, ma perception de ce type d’action a soudainement changé: des femmes utilisaient leur torse nu pour afficher des slogans politiques et les scènes d’arrestation manu militari n’avaient absolument rien d’érotique ni de sensuel. Peut-être est-ce l’effet de notre cerveau social qui prend spontanément la défense d’une personne attaquée ou en situation de vulnérabilité, peut-être est-ce par ce que je sympathise avec la cause d’Amina, mais la répression semblait nettement dirigée contre le message plutôt que contre la nudité publique. Cette désérotisation du corps des femmes est sans doute l’un des buts recherchés par le mouvement féministe. Dans cette cause, les Femen ont peut-être marqué deux points.
Pour un gay comme moi,les féministes qui se montrent leurs seins me font ni chaud ni froid.L’agression contre une danseuse nue en France est inadmissible,parfois les féministes dépassent les bornes et nous devons les dénoncer quand elles dépassent les bornes.
Pour ce qui est des mouvements féministes du Québec ,ont ne les entend jamais parler dans les médias des femmes sur l’assistance sociale ,des mères pauvres monoparentales ,des femmes Autochtones.Pourtant,elles ont tellement besoin d’aide ces groupes de femmes!