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Le vélo à Montréal: l’enfer!

Il y a plusieurs années que je n’avais fait de vélo pour la peine à Montréal même si je vois le réseau de pistes et de bandes cyclables se développer et des bornes de Bixi apparaître un peu partout.

Cette semaine, les médias nous rapportaient que Montréal était tombée au dernier rang des 20 meilleures villes cyclables dans le monde selon le répertoire la firme danoise Copenhagenize. Les points faibles de Montréal seraient le non entretien des pistes en hiver et l’état lamentable des rues.

Profitant du beau temps, j’ai enfilé ma bécane pour aller faire un tour en ville en empruntant la piste de la rue Rachel. Ne faites pas ça! Je connaissais les dangers de cette piste mais je ne l’avais jamais empruntée en fin d’après-midi en semaine. Je me suis retrouvé sur une véritable autoroute où règne le chaos et où tout est permis. Des cyclistes pressés de rentrer chez eux de toute urgence filent à toute allure sans se soucier de ceux qui les précèdent ou qui viennent en sens contraire. Ils n’ont qu’à se ranger. Si vous avez le malheur de contourner une bouche d’égout ou un nid de poule, c’est un face à face assuré.

Ma pratique de l’automobile m’a habitué à arrêter aux feux rouges et à laisser passer les piétons même si le feu est vert. J’ai constaté que je fais partie d’une très mince minorité. Coin Fullum, alors que nous sommes une dizaine à attendre le feu vert, deux intrépides décident de contourner le peloton et de passer sur le feu rouge. Une dame et sa petite fille traversaient sur leur feu vert et ont failli être renversées. Trop gentille, ou paralysée par la peur, la mère ne les a même pas engueulés.

Coin Brébeuf, un flot incessant de vélos arrivent de Brébeuf; les uns tentent d’emprunter la piste de Rachel à gauche malgré le bouchon de circulation, d’autres à droite, d’autres essaient de traverser Rachel pour poursuivre dans le parc Lafontaine. C’est le chaos total! Il aurait fallu un échangeur d’autoroute pour absorber ce trafic.

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Cette photo empruntée au Devoir montre bien la confusion et le danger qui règnent aux intersections des pistes cyclables. (photographe Annik MH De Carufel)

 

Près de Chambord, des ambulanciers portent secours à une cycliste qui a chuté et s’est cassée la jambe. Je ne peux m’arrêter pour savoir ce qui s’est passé de crainte de causer un carambolage et une hécatombe.

Dans le parc Lafontaine, ça dépasse à qui mieux mieux, à toute vitesse et sans se soucier de la circulation sur l’autre voie. Je dois faire signe à plusieurs de se ranger sur leur voie.

Coin Cherrier et Berri, des pelotons se forment sur les quatre coins. À défaut d’échangeur d’autoroute, chacun fait ce qu’il peut pour prendre l’une des quatre directions en croisant inévitablement les autres voies où d’autres cyclistes essaient de faire de même.

Je bifurque vers St-Denis pour aller bouquiner. À 5h30, il me faut retourner à Rosemont. Je choisis d’éviter la piste de Rachel et d’emprunter la rue Mont-Royal. Contre toute attente, tout se passe bien. Seulement quelques cyclistes pas trop pressés comme moi et un pavé en bonne condition. Au coin de Frontenac, je dois reprendre la piste de Rachel jusqu’à Pie IX où la piste aboutit… dans un chantier routier!

Une fois franchi ce nouvel obstacle, je décide d’aller me déstresser au parc Maisonneuve. C’est aussi pire qu’en ville. La piste du parc est prise d’assaut par des coureurs cyclistes qui s’entraînent sans doute pour le Tour de France et défilent à toute allure comme s’ils étaient dans un vélodrome. L’envie me vient de leur mettre un bâton dans les roues, mais je me retiens.

Pour entrer chez moi, j’emprunte Pie IX sur quelques centaines de mètres. La chaussée est dans un état pitoyable, la bordure près du trottoir étant un véritable champ de mines. Les rues sont devenues dangereuses pour les voitures, imaginez pour les vélos! J’abandonne pour entrer par une autre rue.

Ouf! J’ai peine à penser que des Montréalais bravent ainsi la mort deux fois par jour pour aller travailler à vélo. Montréal est certainement une ville de cyclistes mais pas vraiment une ville cyclable. J’ai visité San Francisco à vélo et jamais je n’ai ressenti l’insécurité éprouvée à Montréal.

Bref, si vous voulez faire du vélo à Montréal, évitez les pistes cyclables et même les parcs, surtout aux heures de pointe, et essayer de trouver des rues sans nids de poule. Bonne chance! Le réseau est lourdement surchargé, sans doute depuis longtemps, et ne peut plus recevoir un seul vélo de plus. Entretenir les pistes en hiver n’y changera rien. Il faudra commencer par discipliner les cyclistes.