Qu’ont en commun George W. Bush et Abou Bakr al-Baghdadi, allias Ibrahim, chef de l’État islamique autoproclamé calife? Leur croyance en la fin du monde prochaine, précédée de la bataille de l’Armageddon, le tout annonçant la venue ou le retour de leur Messie. Et dans les deux cas, cette croyance millénariste catastrophiste légitime les guerres qu’ils mènent ainsi que les atrocités commises au nom de cette croyance.
Les croyances évangéliques de George Bush ont en effet été apportées comme justification à sa guerre en Iraq. Il fallait éliminer le grand Satan incarné en Sadam Hussein et entrainer la chute de Babylone (Bagdad), un évènement annonciateur de l’Apocalypse. Il ne s’agit pas là d’une diabolisation de la politique guerrière de Bush. Nul besoin de le faire… La chose est documentée, notamment dans cet article de 2007 de la revue Allez savoir (Université de Lausanne) qui relate une discussion entre George Bush et le président français Jacques Chirac:
«Après avoir expliqué qu’il voyait Gog et Magog à l’œuvre [en Iraq], George W. Bush a ajouté que les prophéties bibliques étaient en train de s’accomplir.»
Préparer le retour du Christ n’était évidemment pas le premier motif de la guerre en Iraq, mais la croyance religieuse de Bush a contribué, à ses yeux et à ceux de millions d’Américains, à en légitimer l’exercice. Bush affirmait lui-même recevoir ses ordres de Dieu (lire aussi cet article de Rodrigue Tremblay: Bush, la droite religieuse et la fin des temps; ces fous qui préparent l’Armageddon.)
Cette croyance apocalyptique est également au coeur de l’action de l’État islamique. Dans un ouvrage paru en septembre dernier (The ISIS Apocalypse), l’analyste politique et spécialiste de l’islamisme Will McCants met en évidence le recours à la croyance apocalyptique pour fouetter l’ardeur des combattants de l’État islamique. Dans une entrevue accordée au Huffington Post USA (traduite ici) il souligne que:
«[la guerre en Irak] et la violence qui s’est ensuivie se prêtaient à un mode de pensée apocalyptique, notamment parce que ces prophéties évoquent d’énormes bouleversements et violences en Irak et en Syrie. Daech et son prédécesseur, Al-Qaïda en Irak, ont vraiment joué la carte de l’apocalypse. Cela leur servait à la fois à appréhender ces bouleversements et à rallier des combattants étrangers à leur cause. […] Quand Daech est née, en 2006, le juge suprême du groupe à l’époque a déclaré qu’ils avaient la conviction que l’arrivée du sauveur musulman, le Mahdi, était imminente, et qu’il était nécessaire de créer un Etat islamique afin de l’aider à combattre les infidèles. […] Plus tard, [Daech ] s’est mise à évoquer l’apparition du califat et sa refondation comme un accomplissement des prophéties.»
Il y a plus de un an, le politologue français Jean-Pierre Filiu mettait le doigt sur le même élément de l’idéologie djihadiste:
«A la différence d’Al Qaeda, la base de l’EI, à défaut de sa hiérarchie, est portée par des croyances millénaristes à l’impact dévastateur. On a désormais des dizaines de témoignages de «volontaires» étrangers de l’EI qui révèlent leur angoisse, mais aussi leur exaltation à l’approche de la fin des temps. […] C’est même un argument martelé pour inciter à rejoindre sans tarder les troupes du «calife» Baghdadi, car la participation à cette Bataille vaudra mille combats moins auréolés de gloire eschatologique.» (L’Etat islamique ou les chevaliers de l’apocalypse djihadiste)
Même analyse présentée par le chroniqueur de France24, Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes (L’Etat islamique est dans une logique apocalyptique).
Si vous en voulez d’autres, écoutez les propos du journaliste allemand Jürgen Todenhöfer, le seul journaliste occidental à être revenu vivant d’un séjour dans les zones contrôlées par l’ÉI. L’apocalypse n’est pas une figure de style. Les djihadistes sont même prêts à recourir selon lui à l‘holocauste nucléaire pour éliminer, si nécessaire, 500 millions d’«infidèles» (ici une entrevue télévisée en français accordée à France24). Ça donne froid dans le dos quand on sait que le Pakistan sunnite dispose d’armes nucléaires, un arsenal appelé là-bas «bombe islamique».
Baghdadi réussira-t-il à réaliser la «prophétie» là où Bush a échoué?
Le groupe armé État islamique est un pur produit de la guerre de George W. Bush contre l’Iraq, une guerre menée sous des prétextes honteusement mensongers. Tout comme les Talibans doivent leur réussite au soutien américain pour déloger les Russes de l’Afghanistan et que le régime des ayatollahs en Iran doit son avènement au soutien des Russes pour renverser le Chah, allié des États-Unis. Malgré ces désastres, l’Europe et les É.U. ont poursuivi sur la même lancée en voulant renverser Bachar Al Assad, encore sous de faux prétextes. Cette fois, on invoque la violation des droits humains en Syrie pour mettre la main sur ce pays riche en pétrole et allié de la Russie.
Le millénarisme comme biais de l’intellect humain
Dans leurs récents volumes, Stéphane Berthomet (La fabrique du djihad) et Fabrice de Pierrebourg (Djihad.ca), qui traitent chacun à leur façon de la radicalisation de jeunes Québécois et du recrutement de djihadistes, n’accordent étonnamment que quelques lignes à la dimension millénariste de cette guerre apocalyptique. Pourtant, la pensée millénariste est bien présente chez la plupart des croyants et est centrale chez les croyants intégristes et fanatisés.
Il semble même s’agir d’un biais de l’intellect humain «formaté» par les cycles saisonniers, la conscience de sa propre mort et le fait que toute chose a un commencement et une fin. De dizaines de milliers de personnes attendent en effet la fin du monde dès que deux planètes sont dans la même région du ciel ou que survient un cataclysme. Le millénarisme était bien présent dans «la grande peur de l’an 2000» suscitée par le bogue informatique, sans parler de la fin du monde annoncée par les Mayas pour le 21 décembre 2012. Dans sa version soft, on retrouve cette pensée chez les raëliens qui préparent le retour des Élohims, sans quoi l’humanité courra à sa perte.
Mais c’est dans les religions autoproclamées «révélées» (judaïsme, christianisme, islam) que cette croyance est la plus marquée. Le dogme central de ces religions est fondé sur une doctrine censée avoir été révélée par Dieu lui-même et qui annonce sa venue ou son retour, à la fin des temps, pour juger les vivants et les morts.
Si certaines Églises millénaristes comme les Évangéliques, les Témoins de Jéhovah et celle des Mormons se contentent d’attendre la fin des temps sans la provoquer, il n’en va pas de même pour tous. On se souvient des suicides collectifs de Jonestown, des Davidiens de Waco et, chez nous, de l’Ordre du temple solaire, trois sectes millénaristes dont les gourous ont entrainé leurs disciples dans la mort, précédant ainsi l’imminente fin du monde… qui n’est pas arrivée. Si la fin du monde est censée survenir bientôt, aussi bien mourir tout de suite en évitant des souffrances inutiles et en devançant les autres dans l’au-delà. Peut-être ainsi aurons-nous une place assise au paradis.
Le suicide religieux marque également pour le croyant une rupture d’avec un monde gouverné par le mal. En quittant volontairement ce monde, il exprime à son dieu qu’il n’en partage pas les valeurs et qu’il n’est pas responsable de ses dérives. Agrémentez le tout de 72 vierges qui satisferont tous vos désirs pour l’éternité au paradis et il devient difficile d’y résister pour un jeune crédule et désabusé.
À ce virus de l’esprit, un seule antidote: la pensée rationnelle.
Arrêtons de dorloter l’intégrisme. La solution est la laicité.et la neutralité de l’État.
C’est sûr que la laïcité à la française est la meilleure protection contre le terrorisme. Il suffit de voir la France.
Misère, l’art de mélanger les dossiers.
Vous avez tord. George W. Bush a pris le pouvoir non pas par les armes et il n’a pas mis en prison les électeurs qui n’ont pas voter pour lui (en Californie, à New York etc…).
On peut avoir des croyances complètement absurde aux yeux de certains (comme la fin du monde) et on peut en même temps avoir la légitimité pour gouverner.
Le communisme était une idéologie prétendument scientifique n’est-ce pas ?
La comparaison entre Bush et Bagdhadi n’est pas là; elle est dans leur croyance religieuse.
Hitler aussi a pris le pouvoir avec ses élections démocratiques.
Qu’est-ce que cela prouve ?
Que ses idées étaient « légitimes » ?
D’autant que Bush n’a pas fait campagne sur ses idées millénaristes (même s’il a bénéficié du soutien des groupes fondamentalistes qui les partageaient).
On peut croire en Dieu et dire et faire des sottises et on peut ne pas croire et faire des conneries aussi.
Le président du syndicat Solidarité avait des convictions religieuses et il luttait contre l’État répressif communiste en Pologne pour avoir plus de liberté.
Sans commentaires !
Le problème n’est pas la croyance religieuse. C’est la croyance millénariste.
Pour une foi, M. Baril a bien circonscrit le problème et éviter tout amalgame dangereux.
Message à Nadia Alexan.
Mettre par exemple la Fraternité Sacerdotale St-Pie X (FSSPX) les disciples de Mgr Lefebvre sur le même plan que les islamistes de l’État islamique est tout simplement odieux.
C’est comme de mettre sur le même plan les mennonites (qui sont selon des chercheurs …intégristes) et le djihadisme.. Mettons que les conséquences ne sont pas les mêmes.
Il faut savoir que l’étude du fait religieux est jeune au Québec et va de pair avec un savoir empirique fiable. J’ai hâte de lire le rapport sur la radicalisation. Il y aura à ce moment des choses à valider.
Vous confondez, comme beaucoup de gens, l’intégrisme et le fondamentalisme.
Et vous croyez que le fondamentalisme conduit au terrorisme.
L’intégrisme est une pensée plutôt conservatrice, un refus des changements sociaux et la nostalgie du « bon vieux temps ». Le terme est d’ailleurs né en France au début du XXe siècle, chez certains catholiques qui s’opposaient à la séparation de l’Église et de l’État (effective à partir de 1905) et à ce qu’on « sorte le Christ des écoles », comme aux mouvements sociaux (les femmes qui apprenaient à conduire les très récentes automobiles, les jeunes qui s’opposaient à leurs parents et suivaient de nouvelles modes, l’apparition du mouvement ouvrier (syndicat), etc.). Ces catholiques se désignaient eux-mêmes de « catholiques intégraux » (dans le sens d’intégralité: on ne laisse pas ses croyances et ses valeurs à la maison quand on sort).
Pas nécessairement une opposition à tout ce qui est nouveau, mais une réticence certaine aux changements sociaux, déstabilisants.
Le fondamentalisme est plutôt un repli communautaire dans l’espoir de « recréer » la société « parfaite » correspondant à une vision « utopiste » de ce que la religion était à ses origines.
Le terme est d’ailleurs né chez les évangélistes états-uniens vers la fin du XIXe siècle, qui s’opposaient à la fois au protestantisme libéral* et à l’Église catholique de l’époque**. Ces évangélistes voulaient revenir aux « fondements du christianisme », selon une vision utopiste.
A remarquer que le fondamentalisme ne cherche que rarement à convertir les fidèles des autres religions (sinon incidemment***), mais bien à convertir les fidèles de leur religion pour les amener à leur interprétation. Et souvent cherche plutôt à isoler la communauté des croyants du monde extérieur, jugé corrupteur.
Et s’il peut donner lieu à la violence (comme on peut le voir de nos jours), ce n’est pas nécessairement pas le cas. Pensons aux juifs hassidiques d’ici ou aux Amish (des modèles de non violence, mais aussi de refus de la modernité).
*qui eux cherchaient à concilier leur religion avec la modernité, interprétant de manière symbolique la Genèse, par exemple, pour accepter les théories modernes: préhistoire, âges géologiques de la terre, éventuellement l’évolution, …)
**qui attirait plusieurs de leurs fidèles en se présentant comme le chef de file du « conservatisme »
***Les évangélistes étant une notable exception, basée sur une longue tradition missionnaire
Ce qui permet de classer les fous de l’EI comme des
1) islamistes (fusion de l’État et des principes de l’Islam)
2) fondamentalistes (ils préconisent une interprétation rigide d’un passé utopique de leur religion avec repli communautaire pour pouvoir « convertir » les fidèles de leur religion à leur vision en évitant que leur esprit soit « pollué » par des influences extérieures)
3) terroristes utilisation de la violence et de la peur pour écarter les « étrangers » et pour forcer les musulmans à adopter leur point de vue
Les trois termes sont importants, parce qu’aucun ne définit l’autre.
Un islamiste peut être conservateur (intégriste) sans être fondamentaliste; un islamiste fondamentaliste pourrait ne pas être terroriste (on peut imaginer des sectes qui préfèrent se fermer au monde extérieur); un terroriste n’est pas nécessairement religieux (en fait la majorité des terroristes n’ont pas de prétention religieuse: séparatiste, extrême-droite, extrême-gauche, suprématiste racial, etc.)
L’agnostique Pierre-André Taguieff résume bien la notion d’amalgame :
En France, on a jamais …reconnue comme telle la menace islamiste.
« (…) elle a été systématiquement minimisée, voire niée. L’islamisme radical a été dilué par certains essayistes dans « l’extrémisme » ou « les intégrismes », grosses catégories d’amalgame qui donnent l’illusion aux journalistes et aux acteur politiques pressés de connaître et de comprendre leur époque, voire de la penser.
Cette dilution idéologique a eu et n’a cessé d’avoir des conséquences désastreuses : elle revient à mettre sur le même plan les « intégristes » chrétiens, juifs et musulmans, à savoir la centralité théorique et pratique du jihad. C’est là plonger les esprits, … dans la « nuits où toutes les vaches sont noires ». Les disciples de Mgr Lefebvre apparaissent, dans la vulgate « anti-intégriste », comme aussi dangeureux que les compagnons d’oussama Ben Laden. (…) »
Jihad et haine des juifs, le lien troublant entre islamisme et nazisme à la racine du terrorisme international, Matthias Küntzel, L’œuvre édition, 2009, p.13
Faisons une dernière comparaison.
D’un côté ils existent des disciples de l’Église de Satan d’Anton LaVey et les disciples de Raël : les Raéliens.
D’un côté nous avons des gens qui s’habillent en noir et qui ne croit pas en Dieu ou en Satan, car c’est une simple métaphore de la Raison (l’Église de Satan , c’est un mélange de Friedrich Wilhelm Nietzsche, de Ayn Rand et d’Aleister Crowley…trois athés)
De l’autre nous avons des gens qui s’habille en blanc et qui croit que leur leader a réellement rencontrer des extra-terrestres dans une soucoupe volante….
Mais dans les deux cas, ces deux groupes font du sexe une activité spéciale loin des pesanteurs et du conformisme ambiant.
Le sexe uni bien des gens pour toutes sortes de … raison bizarre… dans notre démocratie libérale.
érigée en dogme, la laïcité est aussi bête, réductrice et dangereuse que toutes les autres religions, celles des fous de Dieu comme celles des fous de l’homme « rationnel »…
Vous avez déjà vu des « dogmatiques de la laïcité » (!?) imposer une tenue vestimentaire contraignante à leur épouse, inculquer la peur de l’enfer à leurs enfants, soutenir des croyances antiscientifiques, prêcher la haine de ceux qui ne pensent pas comme eux, se faire exploser dans un marché public, décapiter ceux d’opinion contraire???
Le rationnel que vous rejetez, c’est celui des Lumières qui a conduit à la notion de droits humains fondamentaux, ce que veulent protéger les militants de la laïcité.
Pendant la révolution française, les « patriotes » ont prétendu lutter contre l’intolérance, au nom des « Lumières » justement, en profanant des églises et en sortant de force les religieuses des couvents pour leur arracher leur voile et les obliger à épouser de « bons patriotes »; lesquels se promenaient sur la place du marché pour examiner « la marchandise » pour faire leur choix. Et les « laissées pour compte » (entre autres les « vieilles » et les « laides ») leur étaient « données » comme servantes. On devine leurs conditions de vie.
Les communistes staliniens ont aussi été reconnues pour d’innombrables atrocités contre des membres du clergé ou simplement des fidèles qui refusaient d’abjurer. Et quand je dis « atrocités », le mot n’est pas exagéré.
Et oui, Staline (comme l’athée Hitler) a soutenu des idées non scientifiques, persécutant les scientifiques qui refusaient d’adhérer à la « science » officielle.
Et pour ce qui est de véhiculer la haine, ai-je besoin de refaire le procès du stalinisme et du nazisme, même en les limitant à leurs aspects anti-religieux ?
L’intolérance reste l’intolérance, quelque soit la cause avancée.
Ouf! Vous avez oublié Pol Pol, les changements climatiques et le sida…
Pol Pot était effectivement aussi un « anti-religieux » sanguinaire. Je ne pouvais pas faire la liste exhaustive, on n’aurait pas fini.
Mais quel rapport avec les changements climatiques et le sida ?
Il est ici question des anti-religieux qui, soit-disant, serait tolérants et non sujets à commettre des horreurs que les religieux.
Le rapport: votre liste mélange n’importe quoi!
Il semble utile de signaler qu’Hitler était déiste d’après ses propos. Mais certains seraient même capables de voir une déclaration athée dans le serment hitlérien des soldats qui commençait par ‘Je jure devant Dieu’ et celui des fonctionnaires qui finissait par ‘Que Dieu me vienne en aide’.
D’autre part, ni le communisme ni le nazisme (dont les soldats portaient ‘Dieu avec nous’ sur leur ceinturon) n’étaient motivés par la volonté d’affirmer l’inexistence des dieux. Le premier était motivé par la lutte des classes et le second par le racisme.
Le nazisme était nettement anti-clérical et les déclaration d,Hitler contre les religions sont multiples (et agressives).
La stalinisme était ouvertement athée et que la lutte des classes étaient son prétexte principal, cela n’explique pas sa guerre ouverte contre les clergés et la présence de la religion, qu’il a clairement essayé d’éradiquer.
Et cela dit, je rappelle que pendant la révolution française, les « patriotes » ont prétendu lutter contre l’intolérance, au nom des « Lumières » justement, en profanant des églises et en sortant de force les religieuses des couvents pour leur arracher leur voile et les obliger à épouser de « bons patriotes »; lesquels se promenaient sur la place du marché pour examiner « la marchandise » pour faire leur choix. Et les « laissées pour compte » (entre autres les « vieilles » et les « laides ») leur étaient « données » comme servantes. On devine leurs conditions de vie. Tout cela au nom de la « laïcité » et de la « lutte au fanatisme ».
La religion peut mener à l’intolérance et à de graves crimes quand elle est instrumentalisée à cet effet. Comme elle peut être un moteur d’Abnégation et de dévouement.
Et l’athéisme n’est pas une protection contre l’intolérance et le crime.
Même la démocratie a conduit à soutenir des dizaines de dictatures sanguinaires. On a même inventé la notion de « bombardements humanitaires » (Kosovo, Libye, …).
L’intolérance reste l’intolérance, quelque soit la cause avancée.
@P.Lagassé
Sur le nazisme,
Il semble que vous ayez découvert que tous les croyants ne partagent pas tous la même religion et ont une forte propension à persécuter ceux qui n’ont pas la même vision du monde.
Sur le stalinisme,
Attendiez-vous de Staline un comportement mesuré ? Plus généralement, la persécution des religions par les communistes répond à leur logique de lutte des classes parce qu’elles sont vues comme un moyen de soumettre les peuples et comme les complices du pouvoir. Rôle qu’elles jouent allègrement depuis des siècles. C’était d’ailleurs si facile puisque comme le dit Grégoire le Grand dans le Livre des Règles Pastorales : les chefs ne doivent pas être critiqués mais doivent penser sérieusement au danger du feu de l’enfer qu’ils devront endurer s’ils ne suivent pas les avis de l’Eglise.
Sur l’instrumentalisation,
On a pu effectivement détourner des principes comme la laïcité pour commettre des horreurs. Sauf qu’ensuite il est faux de sous-entendre que c’est nécessaire pour la religion. La croyance religieuse n’a pas besoin d’être instrumentalisée pour mener à de graves crimes. Les exemples abondent. S’il y a eu des dizaines de milliers d’enfants agressés et que cela a duré des décennies, c’est en particulier que les prêtres pédophiles étaient protégés par leur hiérarchie qui préférait les muter ailleurs où ils recommençaient. Les ecclésiastiques qui ont pris ces décisions n’étaient pas pédophiles eux-mêmes mais ils protégeaient la réputation de l’Eglise car son rôle est de répandre la parole de son dieu. Face à de tels crimes, faire la balance avec le fait que des personnes puissent être formidables et croyantes pose un problème de morale évident.
Enfin, contrairement à ce que vous avez l’air de considérer et peut-être par analogie avec les religions qui en ont souvent la velléité, l’athéisme ne se propose pas comme un modèle politique. Et bien que je considère que les religions soient néfastes pour l’humanité, leur expression dans la sphère privée est normale. La laïcité ne fait qu’acter que dans une société, plus une religion a de l’influence, plus les gens souffrent. Je ne pense pas que vous soyez un nostalgique de la Grande noirceur. Même si, nombreux sont les fiers héritiers de Duplessis qui veulent garder le crucifix que ce cher homme a installé à l’Assemblée nationale.
Je suis un partisan de la laïcité. Je crois que la religion n’a pas à se mêler des affaires de l’État, comme l’État n’a pas à se mêler des affaires religieuses.
Mais de là à croire que tous les partisans de la laïcité, surtout quand ils sont aussi partisans de l’athéisme, sont exempts des excès et des crimes au nom de leur croyance est de la naïveté.
Je reviens encore à la Révolution française les « patriotes » ont prétendu lutter contre l’intolérance, au nom des « Lumières » justement, en profanant des églises et en sortant de force les religieuses des couvents pour leur arracher leur voile et les obliger à épouser de « bons patriotes »; lesquels se promenaient sur la place du marché pour examiner « la marchandise » pour faire leur choix. Et les « laissées pour compte » (entre autres les « vieilles » et les « laides ») leur étaient « données » comme servantes. On devine leurs conditions de vie. Tout cela au nom de la « laïcité » et de la « lutte au fanatisme ».
Quant aux prêtres pédophiles protégés par leurs supérieurs, c’est simplement le réflexe de toute grande organisation qui tente de se « protéger » elle-même. Ainsi l’armée tant à cacher les « bavures » et les excès de leurs membres. Idem de la police.
Et pour les communistes staliniens, l’opposition à la religion et les crimes commis contre les clergé et les croyants ne relevaient pas uniquement de leur « complicité » avec le pouvoir, mais bel et bien d’une opposition viscérale à toute forme de religion. Il faut lire les écrits de l’époque et considérer qu’ils persécutaient même les religions persécutées avant eux.
Je remarque que vous évitez toujours de parler des revendications et actions des « patriotes » français pendant la Révolution française, au nom des « Lumières ».
Je continue de soutenir que le problème n’est pas telle ou telle croyance (religieuse ou non), c’est l’intolérance. Celle-ci s’emparera de toute cause qui peut apparaître « légitime » dans la société où elle se trouve pour persécuter les « autres », ceux qu’elle désigne comme « ennemis ».
Qu’avec ou sans religion, on puisse commettre des excès et des crimes est une évidence. Que prouve l’histoire de votre patriote sinon cette évidence. Mais si vous imaginez que ce qui s’est passé pendant cette révolution ou pendant des dictatures serait représentatif de ce que souhaitent aujourd’hui des athées notamment quand ils défendent la laïcité, cela relève du fantasme. La laïcité est un principe qui se discute entre tous, peu importe qu’on soit croyant ou non-croyant.
D’autre part, pour les communistes, vous oubliez la religion vue comme moyen de soumettre les peuples. La religion est considérée comme une entrave à l’idéal communiste qu’advienne une société nouvelle, parce qu’elle offrirait l’illusion d’un monde où les classes opprimées iraient se réfugier ou lieu de se révolter.
Vous réglez facilement la question de ces ecclésiastiques qui ne sont pas venus à la défense des enfants. Selon vous, ils ont pris congé de leur croyance religieuse le temps d’un discret petit arrangement corporatiste ? Leur décision a bien sûr été prise en accord avec l’intérêt supérieur qui mène leur vie. Dénoncer, et c’était affaiblir l’Eglise et sa mission divine. Ils ont choisi le divin avant l’humain et parier sur le pouvoir de la prière. Pouvoir dont la force serait capable d’influencer leur dieu au moment où il décide si un défunt doit être damné ou pas.
Ni corporatisme ni rassemblement de sadiques non plus, mais une foi chevillée au corps pour pouvoir martyriser les enfants des pensionnats autochtones pendant toutes ces années.
Foi qui refuse l’idée même d’avortement pour une enfant victime d’inceste.
Foi qui peut justifier son inhumanité par les textes sacrés.
Manifestement, votre tolérance s’arrête là où commence la critique des religions.
Est-ce qu’on peut mettre sur le même plan le hassidisme et le salafisme M. Baril dans la lutte contre le terrorisme ?
J’aimerais votre réponse « laïque ».
L’islam classique lui-même n’accorde de très peu de valeur à la vie terrestre. Selon le Coran et la Sunna, la seule vraie vie commence après la mort et le jugement dernier est mentionné dans des dizaines de versets.
Plaisirs du monde, distractions, passions et même satiété sont dévalorisés et considérés comme des futilités qui distraient le croyant de son dieu. Ces choses sont associées aux mécréants à qui Allah permet de jouir temporairement de la vie avant de les martyriser en enfer.
Plusieurs hadiths enseignent d’ailleurs que des choses interdites aux musulmans durant leur vie (vêtements de soie, vaisselle d’or et d’argent, bijoux en or pour les hommes, etc) leur seront accordées au paradis, (en plus des 72 vierges et des esclaves).
Appliquées intégralement, les mille et une règles édictées dans le Coran et surtout dans la Sunna condamnent le musulman à une vie de frustration dans laquelle il n’a que la violence pour s’exprimer (l’islam dénigrant le chant, la musique, les arts et la poésie).
Le suicide lui est interdit mais mourir en combattant les mécréants pour Allah lui assure le pardon de tout ses péchés ainsi le paradis. Il n’est donc pas surprenant que des musulmans rêvent de mourir en tuant le plus de non-musulmans possible.
L’islam et l’anéantissement de soi
http://brisonslemythe.canalblog.com/archives/2013/09/26/27865584.html
C’est le propre de toutes les grandes religions que d’accorder plus d’importance à l’au-delà qu’à la vie terrestre. Cela a modulé le christianisme pendant des siècles, avec interdit de musique et arts (sauf si religieux) et même l’encouragement à se martyriser soi-même. L’inquisition, qui remettait les « hérétiques » au bras séculier se baisait sur l’idée qu’il valait mieux laisser des gens être torturés pour les amener à la « vrai religion » qu’à les laisser se damner pour l’éternité.
Et la religion qui va le plus loin en ce sens est le bouddhisme, qui enseigne qu’il faut se détacher de tous les plaisirs terrestres et de toute émotion pour quitter le cycle des réincarnations pour disparaître totalement.
Cela dit, la grande majorité des gens, croyants ou non, de n’importe quelle religion, ne souhaitent que mener une vie correcte et de donner à leurs enfants les meilleures chances dans la vie. L’au-delà est rarement une préoccupation quotidienne. Pas plus que la sainteté.
@P. Lagassé
Lorsque l’Église catholique interdisait les arts et la musique profane, faisait torturer des gens par l’Inquisition avant de les livrer au bûcher ou encourageait la mortification, elle ne s’inspirait pas de l’enseignement de Jésus, base du christianisme.
Le Coran et la Sunna dénigrent les plaisirs du monde, la musique, le chant, la poésie et toute représentation d’un être vivant doté d’une âme. Même les femmes et les enfants sont présentés comme des « distractions » presque nuisibles.
Ce débat sur les écrits sacrés est inutile et ridicule. D’une part on peut leur faire dire n’importe quoi.
D.autre part, les gens agissent selon leurs penchants et non sur tel ou tel extrait des écrits sacrés, qu’ils ne connaissent d’ailleurs que très superficiellement. (Combien de chrétiens peuvent citer n’importe quel extrait de la Bible avec explications savantes à la clé, sans compter les écrits des Pères de l’Église (plus ou moins l’équivalent des hadiths) ?)
Prétendre que telle religion est « intrinsèquement » tolérante alors qu’une autre est « intrinsèquement » intolérante et violente en se basant sur quelques extraits ça et là est totalement ridicule.
On pourrait dire que l’Islam est un modèle de compassion parce que les passages du Coran que pour un passage qu’on peut interpréter de manière violente, on peut en trouver vingt appelant à aider les démunis. Alors que l’Ancien Testament (donc la Torah) contient des passages (entre autres dans le livre de Josué) appelant explicitement au génocide et considérant qu’épargner des femmes et des enfants a été le « pire péché » du peuple juif. Aucun appel au génocide dans le Coran, ni dans les Hadith.
Une telle interprétation serait ridicule. L’interprétation contraire aussi.
Doit-on pour être un « vrai » chrétien croire encore littéralement que le monde a été créée en 7 jours, même si certains l’affirment ?
Il faut juger l’arbre à ses fruits. Et non sur l’interprétation tendancieuse qu’on peut faire de tel ou tel passage qu’on sort pour appuyer nos préjugés.
Le fait est que l’immense majorité des gens, quelque soit leur religion, n’ont aucune ambition de massacre ou de guerre. La grande majorité des gens veulent mener une vie tranquille, dans un certain confort et une certaine sécurité et laisser leurs enfants avec les meilleures chances possibles dans la vie.
Le reste c’est du blabla.
@P. Lagacé
« Ce débat sur les écrits sacrés est inutile et ridicule. D’une part on peut leur faire dire n’importe quoi. »
Pas lorsque les termes sont clairs et sans ambiguïté, que les textes où ils sont tirés sont soutenus par des exégèses reconnues et que des anecdotes considérées elles aussi comme des textes fondateurs (la Sunna chez les sunnites) s’y réfèrent en confirmant leur signification.
« Prétendre que telle religion est « intrinsèquement » tolérante alors qu’une autre est « intrinsèquement » intolérante et violente en se basant sur quelques extraits ça et là est totalement ridicule.
C’est plus du quart du Coran, soit environ 1473, qui est consacré à dénigrer les non-musulmans et ça commence dès la fatiha. Ça commence à faire beaucoup d’extraits ça et là.
« On pourrait dire que l’Islam est un modèle de compassion parce que les passages du Coran que pour un passage qu’on peut interpréter de manière violente, on peut en trouver vingt appelant à aider les démunis. »
Vous inversez les proportions. De toute façon, pourquoi ce sont uniquement les versets violents qui passent pour être mal interprétés? J’ai fais une liste de versets tolérants et plusieurs ne le sont pas tant que ça lorsqu’on en examine le contexte. Pour les lire cliquer sur « Minona ».
« Aucun appel au génocide dans le Coran, ni dans les Hadith. »
Je vous invite à lire le dernier commentaire que je vous ai adressé sur le blogue de Jean-Félix Chénier.
Prenez donc la peine de lire mon commentaire au lieu de chercher à en extraire seulement une partie que vous pouvez ensuite « interpréter » à votre façon.
« Ce débat sur les écrits sacrés est inutile et ridicule. D’une part on peut leur faire dire n’importe quoi.
D’autre part, les gens agissent selon leurs penchants et non sur tel ou tel extrait des écrits sacrés, qu’ils ne connaissent d’ailleurs que très superficiellement. (Combien de chrétiens peuvent citer n’importe quel extrait de la Bible avec explications savantes à la clé, sans compter les écrits des Pères de l’Église (plus ou moins l’équivalent des hadiths) ?) »
et
« Il faut juger l’arbre à ses fruits. Et non sur l’interprétation tendancieuse qu’on peut faire de tel ou tel passage qu’on sort pour appuyer nos préjugés.
Le fait est que l’immense majorité des gens, quelque soit leur religion, n’ont aucune ambition de massacre ou de guerre. La grande majorité des gens veulent mener une vie tranquille, dans un certain confort et une certaine sécurité et laisser leurs enfants avec les meilleures chances possibles dans la vie.
Le reste c’est du blabla. »
On peut dire une chose de tous vos commentaires c est qu ils sont bien meilleurs en connaissances que ceux de n importe quel journal de france. Quel plaisir de lire des commentaires argumentés ,non injurieux, documentés et qui apportent de sérieux éléments de réflexion. Bravo et merci.