Nous le savons tous, Justin Trudeau aime aller prier dans les mosquées même s’il se définit comme un fervent catholique. C’est une contradiction qui lui appartient. Mais en tant que premier ministre du Canada, il doit faire preuve d’un minimum de réserve dans l’affichage public de ses croyances et de ses pratiques religieuses, et éviter d’entraîner tout le pays dans sa bigoterie. Il a depuis longtemps dépassé les limites qu’un chef d’État doit s’imposer dans ce domaine.
Nous l’avons vu en janvier dernier aller réconforter l’imam intégriste de la mosquée Masjid al-Salaam à Peterborough en Ontario, plutôt que les familles des victimes québécoises de l’attentat djihadiste de Ouagadougou au Burkina Faso. En août 2014, il allait visiter la mosquée Al-Sunnah Al-Nabawiah, dans sa circonscription de Papineau, considérée comme un centre de recrutement d’Al-Qaïda. En 2013, il participait pieusement à la prière du ramadan à la mosquée de Surrey en Colombie-Britannique, vêtu d’un costume religieux musulman.
Le comble a peut-être été atteint cette année avec son message adressé à la nation canadienne à l’occasion… du ramadan! Dans ce message, il reconnaît que le Coran est un livre révélé et que Mahomet est un prophète. Le concept de « révélation » et le titre de « prophète » sont des notions relevant de la foi religieuse. Dans ce cas, pourquoi Justin Trudeau ne se convertit-il pas à l’islam? Encore une fois, cette contradiction lui appartient. Mais il s’exprime dans ce message à titre de premier ministre et non à titre personnel. En quoi a-t-il à accabler la nation de ses croyances religieuses?
Se faisant pédagogue, il nous explique que le jeûne du ramadan a pour but de rapprocher le musulman de Dieu, reconnaissant ainsi son existence. Le voilà en continuité avec son père qui nous a inscrit la suprématie de Dieu dans le préambule de la constitution canadienne.
Il reconnaît également que le ramadan est « un mois sacré et béni », sans préciser pour qui, et nous invite même à y participer : « Le Ramadan nous rappelle à tous de nous montrer reconnaissant pour les innombrables bénédictions dont nous jouissons […] ».
« Les innombrables bénédictions dont nous jouissons » !!! On ne pourrait entendre plus belle bondieuserie dans la bouche d’un curé. Voyez aussi, dans l’avant dernier paragraphe de cette même déclaration, comment il passe de la religion à la culture comme s’il s’agissait de la même chose.
Justin Trudeau lancera-t-il un message semblable au début du carême des catholiques? Invitera-t-il à ne pas manger de viande le vendredi? On a beaucoup décrié le conservatisme religieux de Stephen Harper, mais la bigoterie de Trudeau n’a rien à lui envier.
Multiculturalisme et multiconfessionnalisme
À l’occasion de la Journée nationale des Autochtones, le premier ministre du Canada, si on peut encore l’appeler ainsi, ne s’est pas limité à émettre une déclaration de circonstance mais n’a pu s’empêcher de participer au rituel religieux du lever du soleil et de purification par la fumée (8e photo sur ce site). Pratiquera-t-il les asanas du salut au soleil avec les yogis hindous?
Dans la tête de Justin Trudeau, le multiculturalisme a comme corollaire le multiconfessionnalisme d’État puisque pour lui religion et culture se confondent.
Sur le multiculturalisme, délaissé partout ailleurs dans le monde, il faut lire sa lumineuse déclaration à l’occasion de la Journée du multiculturalisme. En voici quelque formules vides de sens dont lui seul a le secret:
« Comme Canadiens, nous sommes reconnaissants de l’immense liberté qui nous est donnée de manifester notre fierté à l’égard de nos identités et de nos origines individuelles. » Pardon? Pouvez-vous répéter?
« Nos racines s’étendent aux quatre coins du globe. Nous venons de partout et parlons plus de 200 langues. » Qui ça?
« Notre tissu national dynamique et varié est composé d’une multitude de cultures et de patrimoines […] » Il n’y a plus de patrimoine canadien mais une « multitude de patrimoines ». Le Canada n’est pas un pays binational mais construit d’un « tissu national composé d’une multitude de cultures ». Mettez-y ce que vous voulez.
Et la cerise sur le sundae: « Le multiculturalisme est notre force, et il est aussi emblématique du Canada que la feuille d’érable. » C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’érables à l’ouest de l’Outaouais.
C’est à croire que Trudeau est le rédacteur et le traducteur de ses déclarations. Ce texte confond par ailleurs les deux sens du mot multiculturalisme, passant de la politique du multiculturalisme à la multiculturalité sociale comme s’il s’agissait de la même chose.
Le 1er juillet, tous à la mosquée!
Dans la même veine de bigoterie multiculturalo-religieuse, la députée libérale de Brossard–Saint-Lambert, Alexandra Mendès, n’a pas trouvé meilleur endroit, pour célébrer la Fête du Canada, que la cour de la mosquée de Brossard dont l’imam a déjà tenu des propos controversés sur la charia.
Où cette députée a-t-elle la tête? Comment peut-on en arriver à pareille imbécillité? Lui serait-il venu à l’esprit d’inviter la population à célébrer la fête nationale sur le parvis d’une église?
Aux critiques qui lui ont été adressées, elle répond que «l’invitation est arrivée de la communauté. […] J’ai jugé aussi que c’était une façon de démontrer leur ouverture et leur volonté que l’on vive ensemble».
Pour célébrer une fête nationale, la responsabilité de l’invitation appartient aux représentants de l’État et non aux leaders de groupes religieux, et elle s’adresse à tous les citoyens sans distinction. Il est inconcevable, désolant, déprimant, d’avoir à préciser des telles choses. Dans quel pays insensé vivons-nous? Par quels incultes sommes-nous dirigés?
Et que dire de cette « volonté de vivre ensemble » en se rendant à la mosquée pour célébrer une fête nationale? Rien de mieux et de plus rassembleur pour l’identité nationale et le partage de patrimoine commun, oh pardon!, de « multiples patrimoines ». Bravo pour votre limpide vision de la nation, Mme Mendès, et salutations à votre grand chef.
C’est étouffant de sentir l’étau de ces « multitudes culturelles » se resserer de plus en plus sur les citoyens du Canada et en particulier ceux du Québec. Parce que le chemin que nous avons fait ici, en matière de déconfessionalisation, s’accommode très mal d’un multiconfessionnalisme à la Trudeau, dont nous avons tout â craindre à cause des valeurs d’inégalité qu’il recèle. J’en aurais beaucoup â dire mais je n’ai pas votre verve M. Baril, alors continuez de nous instruire et de décortiquer pour nous les agissements pour le moins bizarres de nos dirigeants qui nous ramènent des années en arrière.
Pour avoir la laïcité, donc la neutralité de l’état et être une société inclusive, l’indépendance du Québec avec l’accord des 1ère Nations devient un incontournable! Plus question de reculer, on avance!
Le comportement de Justin Trudeau et le phénomène de la Trudeaumanie qui l’accompagne c »est l’actualisation de la fable des habits neufs de l’Empereur. Comment expliquer autrement qu’un chef de gouvernement puisse congédier la raison au profit de la foi en soi, peu importe son objet en s’attirant l’admiration et l’approbation béate de son entourage. Misère! On repassera pour la pensée critique de l’électeur moyen. Daniel Baril représente ici l’enfant de la fable. Souhaitons qu’il ait le même effet et que les analystes et autres commentateurs de tout acabit s’esclaffent comme il convient. Rien ne tue comme le ridicule.
@ Gérald, votre analogie avec la fable des habits neuf de l’Empereur est excellente!!! C’est un Justin, parfait comédien, qui a la tête dans son propre derrière pour ne pas entendre la voix du peuple…
La fameuse fête du Canada au « centre culturel islamique » de Brossard a été un échec lamentable! Une poignée de gens sur un grand terrain vide avec quelques jeux gonflable…. J’espère seulement qu’ils seront assez honnête pour voir les choses en face et non pas mettre ça sur le dos de la température ou sur le « racisme systémique » des Québécois!! Et bien hâte de voir quel genre de couverture médiatique « l’événement » aura eu…
Le comble dans la position de Monsieur Justin Trudeau c’est qu’il accuse la laïcité de diviser, alors qu’elle prône justement un même traitement pour tous, quelle que soit la religion, tandis qu’il ne voit pas en ces personnes qui tiennent mordicus à afficher leur symbole religieux partout, qu’ils font justement montre de division. Quel est le but d’afficher un symbole religieux sinon de dire à tous; voyez moi, je ne suis pas comme tout le monde, je suis ceci ou cela. Ne serait-ce pas ça créer de la division?
Mais il réserve le même traitement pour tous.
Il assiste aussi aux fêtes chrétiennes, juives, hindoues, bouddhistes, des Premières Nations, …
C’est cela la laïcité: Même traitement pour tous.
Si dommage que M. Baril, lui, ne réserve pas le même traitement pour tous en se concentrant uniquement sur les musulmans.
Il assiste aussi à des cérémonies religieuses chez les Premières Nations.
Idem chez les Hindous: http://pm.gc.ca/fra/nouvelles/2016/03/23/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-holi
Les Bouddhistes: http://pm.gc.ca/fra/nouvelles/2016/05/20/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-vesak
Les Juifs: http://pm.gc.ca/fra/nouvelles/2016/03/23/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-pourim
Et bien sûr, les fêtes chrétiennes comme Noël.
Je ne vois pas:
1) Pourquoi on s’énerve ?
2) Pourquoi toujours se concentrer sur les musulmans et complètement oublier les autres religions et groupes ?
Après vous allez vous étonner si certains croient que vous tendez vers l’islamophobie plutôt que la laïcité.
Aucune des déclarations que vous mettez en liens ne dit que Justin Trudeau assiste aux cérémonies religieuses de ces groupes. Mais toutes ces déclarations montrent la confusion qu’il entretient entre religion et culture.
Tiens, en voilà deux depuis qu’il est PM:
http://pm.gc.ca/fra/node/39914
http://pm.gc.ca/fra/nouvelles/2016/06/21/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-de-la-journee-nationale-des
Alors que celles qu vous citez datent d’avant son élection.
Et oui, chez certains, la religion fait partie de la culture. Cela a été le cas chez nous pendant des générations. Au point qu’une majorité de Québécois (même Drainville dans son projet) se refuse à retirer le crucifix que Duplessis a placé en 1936 au-dessus de la tête du président de l’Assemblée Nationale pour symboliser rien de moins que…la suprématie de l’Église sur l’État. Alors même que les évêques québécois sont d’accord pour qu’on le retire, disant qu’il n’a plus sa place là.
Les cérémonies religieuses sont souvent là où les gens de certaines communautés se réunissent pour partager quelque chose en commun. Faire de la religion quelque chose de totalement individuel coupé de la culture est méconnaître complètement les bases de la sociologie et de l’histoire.
Ce n’est pas parce que nous, nous sommes détaché de la religion et que les Québécois ne se définissent plus, majoritairement, par le catholicisme, que d’autres n’intègrent pas la religion dans leur identité.
Parallèle: Les Écossais et les Irlandais n’incluent plus leur langue ancestrale (gaélique) dans leur identité communautaire. Est-ce à dire que les Québécois devraient reléguer le français au folklore pour se tourner vers l’anglais ?
Vous n’avez pas lu mon texte. Votre deuxième lien est mentionné au premier paragraphe de « Multiculturalismem et multiconfessionnalisme »
à P.Lagassé
Ainsi, selon votre logique, on pourrait dire que puisque les lapins mangent de la laitue, tous ceux qui mangent de la laitue sont des lapins.
La laïcité n’a rien à voir avec l’islamophobie , je crois que vous fabulez… et d’ailleurs qui a parlé des des musulmans ?
Et s’il y avait des laïcophobes ?
Malheureusement, pour ma part, je crois que cet article journalistique fait dans la démagogie et ressort des propos et des gestes pris d’une manière totalement hors contexte pour faire naître toute une polémique autour du premier ministre. Est-ce simplement une incompréhension de la part du journalisme, d’une certaine islamophobie, d’une certaine divergence dans ses allégeances ou simplement, est-ce de la rhétorique? Chose certaine, il me semble très claire que lorsque je lis la déclaration de Justin Trudeau, le journaliste semble avoir mis hors contexte certains énoncés de la dite déclaration dont vous pouvez en juger par vous même en allant consulter cette page web: http://pm.gc.ca/fra/nouvelles/2016/06/05/declaration-du-premier-ministre-du-canada-loccasion-du-ramadan
Islamophobie ! le mot magique est lâché. Celui par lequel on tente de museler toute critique rationnelle de l’islam. Toute idéologie peut être critiquée! Ça s’appelle la liberté d’expression contrairement à la démagogie du politiquement correct où il faut penser comme la masse.