À l’heure où la bien-pensance des « inclusifs » est parvenue à créer, dans une opinion publique mal informée, une association entre laïcité et racisme, voici qu’un groupe d’auteurs vient de procéder à la déconstruction systématique du mythe de l’islamophobie dont se nourrit le communautarisme soi-disant antiraciste.
L’ouvrage, paru récemment aux éditions Dialogue Nord-Sud sous la direction de Jérôme Blanchet-Gravel et sous le simple titre L’islamophobie, rassemble les analyses de 11 auteurs d’ici et de France. Un livre dont vous n’entendrez jamais parler à Radio-Canada.
J’ai toujours été bien conscient des lacunes du concept d’islamophobie et de son usage pour interdire la critique de l’islam, mais la lecture de ces textes m’a fait réaliser à quel point le concept constitue, pour les antiracistes qui s’en réclament, rien de moins qu’une forme de racisme.
Dans sa préface, Waleed Al-husseini, Palestinien républicain et laïque, torturé pour ses critiques de l’islamisme, considère les antiracistes de l’islamophobie comme des « antiracistes autoproclamés ».
« Certains partisans du différencialisme, qui font partie du paysage médiatique, nous considèrent, nous les Arabes, comme des citoyens à part, obligés de subir l’oppression de prédicteurs islamistes, écrit-il. […] Je parle d’ ’’antiracisme autoproclamé’’, car ce sont eux les racistes. Ce sont ces hommes et femmes, pleins de bonne conscience, qui veulent voir les musulmans évoluer dans un monde à part, avec des lois d’exception. […] L’«islamophobie » est à l’international l’arme du totalitarisme »
Bâillonner la liberté d’expression
Il est impossible de résumer les propos de chacun des auteurs qui recourent tantôt à la philosophie, tantôt au journalisme d’enquête, aux sciences sociales, à la statistique et à la linguistique pour déconstruire le concept d’islamophobie et je m’en voudrais de ne pas rendre justice à chacun. Voici donc une citation tirée de chacun des textes et qui, je l’espère, amènera le public à lire cet ouvrage absolument nécessaire.
Alban Ketelbuters. « Le concept d’islamophobie abolit toute frontière distinguant la foi religieuse de l’appartenance ethnique, le fait d’être musulman et celui d’être d’origine arabe. Or, on ne naît pas musulman, on le devient. C’est la raison pour laquelle ce combat contre l’islamophobie n’a aucune portée légitime au sein du mouvement antiraciste. »
Isabelle Kersimon. « En usant de ces confusions entre racisme et liberté d’expression et en essentialisant les populations dites musulmanes, le but des zélateurs du concept d’islamophobie n’est pas uniquement de lever contre une majorité non-musulmane les minorités concernées. Leur objectif est aussi d’interdire tout ralliement à l’ordre de la République, à ses valeurs d’émancipation universelle et à son socle laïque tout en produisant la société multiculturaliste dont ils rêvent. »
Annie-Ève Collin. « Le racisme inversé consiste à identifier fortement les communautés culturelles (non blanches, non occidentales) à leurs traditions […] comme si ces cultures ne pouvaient pas connaître le changement, la remise en question, la dissidence interne. Ceux qui font preuve de cette forme de racisme critiquent sans problème des aspects des cultures occidentales au nom du progrès et des droits humains, mais, sous prétexte d’anticolonialisme, refusent qu’on fasse de même avec des aspects de la culture musulmane. »
Claude Simard. « Le corpus tiré de la banque Eureka montre que la diffusion des mots islamophobie et islamophobe provient de trois sources relayées largement par les médias : 1) d’abord les musulmans eux-mêmes, en particulier par la voix de leurs leaders tant religieux que politiques, et par celle de nombreuses associations qui les représentent comme […] l’Association musulmane du Canada, le Collectif québécois contre l’islamophobie, etc.; 2) ensuite, des intellectuels d’obédience musulmane comme Tariq Ramadan ou favorable au multiculturalisme comme le philosophe québécois Michel Seymour; 3) enfin, des membres de la classe politique dite ‘’inclusive’’ comme Françoise David et Justin Trudeau. »
Hassan Jamali. « Les adeptes de la victimisation et de l’islamophobie ont multiplié les interventions en Occident (y compris au Québec) et même au sein de l’ONU pour que des lois et des résolutions interdisant le blasphème et le discours haineux envers les religions soient approuvées. Les institutions publiques au Québec sont tombées dans le piège. L’islamophobie est utilisée dans les documents officiels publiés par le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion pour justifier le taux de chômage élevé chez les Maghrébins. »
Jérôme Blanchet-Gravel. «Les utilisateurs du concept d’islamophobie perpétuent le fantasme d’une discrimination systémique des minorités culturelles d’occident qui trouve son ancrage dans les séquelles de l’antisémitisme nazi. […] Le concept d’islamophobie est un outil de falsification de l’histoire destiné à nier l’émergence d’un tout autre fascisme : l’islamisme. […] La réalité d’un islamofascisme est si criante actuellement que nous pouvons nous demander comment cette sociologie productive d’ignorance parvient à faire autant d’adeptes.»
Éric Debroise. « Bien que trois fois moins nombreux que les musulmans, les Juifs au Canada ont 13 fois plus de risque d’être victimes d’un crime haineux qu’un musulman. Quant aux catholiques, ils courent presque autant de risque d’être victimes d’un crime haineux que les musulmans malgré qu’ils représentent une population 13 fois plus grande. »
Renart Léveillé. « L’utilisation du concept d’islamophobie devrait être considérée comme une imposture intellectuelle. En s’imposant à toutes les sauces sur toutes les tribunes, l’amalgame que ce concept produit décourage la pensée rationnelle et nuancée pour encourager la pensée binaire, morale, qui sépare le débat entre bonnes et mauvaises pensées. »
Caroline Fourest et Fiammetta Venner. « Des hommes politiques et des intellectuels ont enfin choisi d’éviter le mot confus d’islamophobie pour dénoncer plutôt des ‘’propos anti-musulmans’’ ou ‘’actes anti-musulmans’’, ou ‘’le racisme anti-musulman’’. Ces expressions désignent clairement le racisme et non le blasphème. Ils visent l’égalité au lieu de fortifier la censure ou l’intimidation. »
Appel à la gauche
Ce volume aurait dû être dédié à Françoise David. Je ne suis pas sûr qu’elle aurait osé présenter sa malheureuse motion sur l’islamophobie à l’Assemblée nationale si elle avait pris connaissance des analyses présentées dans ce volume. Mais peut-être que je me trompe.
Dans Le Devoir du 25 octobre, Rachad Antonius tenait des propos similaires à ceux des auteurs du collectif et concluait ainsi : « En refusant d’intégrer, dans leurs analyses, les conséquences de l’idéologie salafiste et en prétendant que le concept d’islamisme ne veut rien dire, les courants progressistes laissent toute la place aux courants de droite qui, eux, utilisent à leur profit les peurs de l’islamisme. […] Ainsi, le glissement marqué vers des positions de droite d’une partie de la population ne résulte pas d’une islamophobie qui serait intrinsèque au Québec et qui remonterait à l’orientalisme. Elle résulte en partie du fait que les courants progressistes n’apportent pas de réponses satisfaisantes et réalistes aux défis posés par la montée des courants religieux conservateurs, fortement imprégnés de la pensée islamiste. »
Puisse la gauche communautarienne qui se drape des habits de l’inclusion entende le message.
Comme souvent — pour ne pas dire toujours! — merci à Daniel Baril pour la fine analyse et l’œil ouvert sur ce qui se publie sur cette question qui est déjà un enjeu de société.
La vessie de l’islamophobie qu’on essaie de nous faire prendre pour la lanterne qui éclaire la gauche alter et antifa est tout le contraire : elle est devenue, en soi, une nouvelle idéologie avec ses propagandistes et ses idiots utiles et fiers de l’être.
Hélas, 3 fois hélas, nos amis de gauche aveugles, sourds et relativistes ne liront pas. Ni Francine Pelletier, ni Françoise David, ni Patrick Lagassé, ni Michel C. Auger, Rima Elkouri… n’oseront s’approcher de ce « brûlot », raciste forcément!
L’islamisme est un fascisme — et l’islamophobie est un épouvantable épouvantail qui finira bien par être dispersé par les vents de sa propre bêtise (je suis pas trop sûr de l’image, là.!!.)
Bref, faisons passer le mot et cette baudruche va se dégonfler avant que Sœur David ou Sœur Massé aient eu le temps de dire, paraphrasant un ex-journaliste français, « le voile est un vêtement comme un autre ».
No pasaran!
Merci pour l’info.
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La race est également défini comme une construction sociale qui peut inclure une dimension religieuse qu’elle soit ostensible ou non. Interdire une personne qui porte le voile dans la fonction publique a la même valeur raciste que si on interdisait une personne ayant une couleur de peau noir.
Alors vous devriez vraiment lire des gens comme Zineb El Rhazoui, Fawzia Zouari, Kamel Daoud — pour ne pas citer Chadortt Djavann, Mohamed Sifaoui, Nadia el Fani ou Wassyila Tamzali qui luttent contre les porteurs de haine de votre espèce. Les antiracistes racistes.
Car vous êtes, madame, une raciste qui prétend s’ignorer.
Déjà que je ne crois pas à l’existence des races telles que définies grossièrement par des ignorants de votre acabit !!
En faisant de la foi islamique une race, on y enferme à tout jamais les personnes qui y sont nées.
Que devient l’apostat ex-musulman?
Le musulman maghrébin et celui de Sumatra sont-ils de la même race?
Une religion, comme une idéologie, est un ensemble de croyances, de convictions, et de mythes, notamment.
Une « construction sociale » comme vous dites peut inclure tout et n’importe quoi !
L’ablation du clitoris, le mariage forcé des petites-filles ou la polygamie sont des « dimensions religieuses » incontournables pour certains.
C’est là qu’un État laïque et des lois pour protéger les plus vulnérables peuvent empêcher les religieux les plus intégristes de nuire…
Mais ce qui est déprimant, c’est que ces nuisibles liberticides peuvent compter sur des idiots utiles prêts à leur faire la courte échelle…
@ Gabrielle Lechevalier.
Je viens de retrouver deux citations que je voulais inclure dans mon précédent commentaire !
Elles sont pour vous et pour les propagandistes à la sauce Dalila Awada.
Nadia Amiri semble s’adresser à VOUS et aux bien-pensantEs aux indignations sélectives : « Vous défendez les droits de celles qui se soumettent librement à des pratiques archaïques et rétrogrades [avec le soutien] des pays musulmans les plus antidémocratiques, ceux qui instituent la charia et la sunna comme pratique législative. Et si nos combats contre le voile dérangeaient ces pays, étaient soutenus par les femmes à qui on impose le voile là-bas? »
Chahla Chafiq-Beski, essayiste, sociologue, « …la lutte contre l’islam politique rejoint le combat pour la démocratie, la liberté et l’autonomie. La laïcité en est un élément fondamental, qui permet la constitution et la préservation d’un espace public démocratique. »
Je vous comprend de vouloir émettre votre opinion. Mais elle semble avoir été rédigée au clair de la lune. Attendez que le soleil revienne et tout va s’éclairer. Il ne manque pourtant pas de sources éclairantes sur le sujet (voir les textes auxquels on se réfère ici et ailleurs) même en cours de nuit. Donner son opinion est une chose, l’étayer solidement en est une autre. Au plaisir de vous relire.
@charly bouchara
Pour une point de vue différent, lisez les œuvres de Homa Hoodfar. Iranienne d’origine, anthropologue spécialisée dans la sexualité et le genre dans l’Islam. Et qui a été emprisonnée en Iran pendant des mois pour « propagande féministe ».
Vous allez découvrir que la question est beaucoup plus nuancée que certains le croient.
Quant à comparer l’excision et la mariage forcée des petites filles (pratiques interdites dans la plupart des pays musulmans et qui sont pratiquées dans certains pays non musulmans, ces pratiques ayant une origine culturelle et non religieuse) avec le port de vêtements est carrément loufoque.
Il faut arrêter de croire qu’un bout de tissu peut n’avoir qu’une signification symbolique (la nôtre) et que l’opinion de celles qui le portent ne vaut rien. Très paternaliste et infantilisant (voire colonialiste) comme attitude.
Islamophobie signifie, étymologiquement, « peur de l’Islam ».
En ce sens nier l’existence de l’islamophobie est tout simplement ridicule. Il suffit d’écouter et de lire plusieurs personnes pour ce rendre compte que le phénomène est bien réel.
Bien sûr que les islamistes vont chercher à accuser leurs détracteurs d’islamophobie. Comme les sionistes accusent leurs propres détracteurs d’antisémitisme. Mais cela ne signifie pas que l’islamophobie ou l’antisémitisme n’existent pas.
(Un test intéressant est de prendre le discours de certains et de remplacer musulmans par Juifs et Islam par Judaïsme et de regarder l’effet que cela donnerait).
Vouloir nier l’un ou l’autre est un très mauvais signe. Les antisémites nient l’existence de l’antisémitisme. Le masculinistes nient l’existence du masculinisme. Même les racistes nient l’existence du racisme. Tous vont même souvent jusqu’à parler de « discrimination inversé » (les non-Juifs sont persécutés par les Juifs, les hommes par les femmes, les Blancs par les Noirs, …).
On peut chercher à dénoncer l’instrumentalisation de l’accusation d’islamophobie par des extrémistes. Mais de la à nier son existence…
Je sais que je vais être impopulaire sur ce blogue, mais est-il possible de faire preuve d’un peu de nuances ?
Complément: « Ce volume aurait dû être dédié à Françoise David. Je ne suis pas sûr qu’elle aurait osé présenter sa malheureuse motion sur l’islamophobie à l’Assemblée nationale si elle avait pris connaissance des analyses présentées dans ce volume »
La fameuse motion, votée à l’unanimité faut-il le rappeler, aussi bien par le PQ que par la CAQ, faisait suite à un déferlement de propos haineux envers les réfugiés syriens en particulier, et les musulmans en général. Propos allant jusqu’à des appels aux meurtres, rien de moins. C’est un cas patent d’islamophobie pure. J’ai lu plusieurs de ces commentaires sur les réseaux sociaux et je peux certifier que c’est horrifiant. Aussi pire que les pires commendataires nazis ou islamistes.
Et cette motion visait justement à rappeler que le Québec n’est pas cela: la haine, la peur et les appels aux tueries. Au lieu de nier le phénomène, bien réel de l’islamophobie, cette motion visait au contraire à s’en distancier le ramener à un phénomène marginal non représentatif du Québec. Loin d’apposer une étiquette islamophobe aux débats québécois, il écarte l’islamophobie et permet de bien montrer qu’on peut discuter de signes religieux et de laïcité sans tomber dans le délire islamophobe.
@Lagassé Sur ma «loufoquerie» présumée à parler d’excision et de mariage forcé en parallèle avec les vêtements de chasteté portés volontairement ou non…
Je vous suggère la lecture édifiante des textes du boucher de l’Iran, l’ignoble Khomeiny, chiite. Une de ses fatwas (Rushdie a eu l’honneur d’en mériter une) considérait halal la jouissance sexuelle dans les cuisses d’une petite fille à l’âge de téter. L’ouvrage était «Libération du moyen» (Tahrir al-wasila), on y lit : « Il n’est pas permis de chevaucher l’épouse avant la fin de ses 9 ans, que la fornication soit complète ou interrompue, alors que toutes les autres jouissances comme l’attouchement avec désir, l’entrelacement, la jouissance entre les cuisses, toutes sont bonnes, même avec une enfant en âge de téter. » Wikipédia commente : « The book has been the target of some polemics by some critics of Khomeini, owing to certain passages which seem to sanction sexual practices with minors, including toddlers. »