Les gaffes commises sur les médias sociaux sont légion. Moi-même, il m’est arrivé de malencontreusement publier des photos de ma coloscopie sur Facebook en croyant les envoyer en privé à un ami médecin. C’est la fois où j’ai remercié le ciel de ne pas être Brad Pitt car vous imaginez la gêne, sans compter les désagréments mondiaux qu’aurait suscités la publication de cette photo à la une du People.
Cette semaine, deux vedettes du commentariat de combat ont vu leur coloscopie étalée en public: Richard Martineau et Stéphane Gendron. Le mot «coloscopie» n’est évidemment pas choisi au hasard, car on a litéralement vu ce qu’ils avaient dans le ventre. Et ce n’était pas très ragoûtant.
D’abord, Stéphane Gendron a fait une crise d’apoplexie verbale sur Facebook. Après que les étudiants ont bloqué le Pont Champlain, il les a traités d’«estie de morveux de puants sales» et réclamé un lynchage, rien de moins. Notez le mot «puant» et constatez que l’allégorie coloscopienne fonctionne toujours.
Ensuite, Richard Martineau s’est fendu d’un tweet acerbe ayant pour but, j’imagine, de casser le mouvement étudiant d’une botte imparable. Il a écrit: «Vu sur une terrasse à Outremont: 5 étudiants avec carré rouge, mangeant, buvant de la sangria et parlant au cellulaire. La belle vie !». Le raccourci intellectuel fulgurant n’a échappé à personne, sauf peut-être à Éric Duhaime, et le personnage s’est fait estoquer violemment en retour.
Comment deux hommes d’âge mûr, certainement pas des cons, peuvent-ils en arriver à coloscoper aussi odieusement en public? La logique est la suivante: plus les coloscopeurs suscitent la controverse, plus ils ont du succès. Et plus ils ont du succès, plus ils repoussent les limites de la décence pour susciter la controverse. À un certain moment, c’est inévitable, il faut dire l’innommable pour se faire remarquer. Quand ton fond de commerce, c’est la colère, la récession cérébrale n’est jamais loin.
Voyez: Gilles Proulx, Jeff Filion et même le tout puissant Rush Limbaugh sont tombés dans le piège. Mais c’est ici que ça devient intéressant. Car ce qui a perdu chacun de ces trois coloscopeurs de course, c’est une attaque mesquine envers une femme. Gilles Proulx a traité une adolescente victime de viol de «petite vache» et de «petite cochonne» et a dû remettre ensuite sa démission à TQS. Jeff Fillion a harcelé des mois durant Sophie Chiasson, la traitant notamment de «niochonne à grosses boules», provoquant ainsi sa perte. Et le «slut» de Rush Limbaugh lancé à Sandra Fluke a créé la commotion qu’on sait. Conclusion: quand les femmes se fâchent, les publicitaires s’enfuient. Et la rentabilité du coloscopeur s’effondre.
Bref, il nous reste à souhaiter que Stéphane Gendron et Richard Martineau finissent par lancer publiquement le mot «charrue» sans faire référence au déneigement qu’on en finisse une fois pour toute.
Réagissez sur Twitter sous le hashtag #LesColoscopeurs.