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#ComprendreLeConservateur

Rien de plus désagréable que de se faire accuser de mauvaise foi. J’ai mes convictions, mais je ne suis pas une huître. J’aime à croire que j’ai les mêmes valeurs que Jésus: la fraternité, l’humilité, le ski nautique. C’est pourquoi je tente ici cette exercice de compréhension de l’Autre. Et rien n’est plus Autre pour moi que le Conservateur.

Le Conservateur m’apparaît comme un être plein de contradictions. Ça tombe bien, les êtres les plus riches sont souvent les plus complexes. Et de la richesse, les idéologues conservateurs en ont à revendre. Creusons un moment ces contradictions de surface pour découvrir la cohérence des profondeurs.

Le Conservateur aime la guerre et il aime la famille. Ce qui ne manque pas d’étonner, car la guerre est un important exterminateur de familles, c’est statistiquement prouvé. Comment aimer son fils et vouloir le conscrire à la fois? C’est ici qu’une nuance s’impose: le Conservateur aime SA famille. Celle des autres l’importune légèrement, je le comprends, j’ai des voisins bruyants moi-même. L’antinomie, donc, n’est qu’apparente: le Conservateur déclare la guerre et il la délègue.

Le Conservateur n’aime pas non plus le sexe. Encore là, il y a contradiction, la famille procédant plus souvent qu’autrement d’une relation sexuelle, minimum. À la décharge du Conservateur, pardonnez l’allusion, son dédain du sexe semble confiné aux moments où il est pratiqué pour des raisons autres que reproductrices. C’est d’ailleurs pourquoi le Conservateur déteste la fellation. Et la masturbation. Et la levrette californienne. Ça explique aussi pourquoi le Conservateur aime la guerre, parce qu’à un moment donné,  FAUT QUE CES TENSIONS SORTENT QUELQUE PART MERDE.

Le Conservateur aime la loi et l’ordre. Comme un père bienveillant, il croit en la nécessité de kicker des culs pour se faire respecter. Pourtant, les statistiques démontrent qu’une justice fondée sur la réhabilitation donne des résultats plus probants. Mais il faut savoir que les statistiques ne font pas partie du système de croyances du Conservateur. Comme il le dit, la réalité n’a-t-elle pas un biais gauchiste? Non, sérieusement, si Dieu avait voulu qu’on réfléchisse, Il n’aurait pas aménagé un coin dans notre cerveau pour le reptilien.

La religion, ça aussi c’est important pour le Conservateur. La Catholique et la Protestante bien sûr. Mais d’abord et avant tout, c’est la religion du Marché qui le porte à toutes les génuflexions. Aucune contradiction ici: si on croit en Dieu, on peut bien croire en une Main Invisible. D’autant plus que cette Main Invisible ne multiplie pas que les pains, elle multiplie les profits en Bourse. Un fou dans une poche. Poche. Bourse. Avouez qu’on est loin de l’exposé aride.

L’une des plus troublantes contradictions observées chez le Conservateur, c’est qu’il est contre l’avortement, mais en faveur de la peine de mort. Si toute vie humaine est sacrée, même au moment de la mitose, ne devrait-on pas épargner le criminel? Il faut voir plus loin que le bout de son nez. Un tueur a retiré la vie; il est logique de la lui reprendre, avec une corde dans sa cellule ou par toute autre méthode sécuritaire qui lui évitera de se blesser, on n’est pas des barbares. La Bible ne dit-elle pas «oeil pour oeil, dent pour dent»? Ce qui justifie également le hockey et Don Cherry, un fieffé Conservateur s’il en est.

Le Conservateur, particulièrement celui du Commonwealth, aime la monarchie. Il est rassurant pour le Conservateur de se savoir dominer par une figure d’autorité, ne serait-ce que symbolique. Ça renvoie à la famille. Y aurait-il de l’Oedipe dans l’amour immodéré envers la Reine? Le Conservateur aurait-il inconsciemment envie de baiser Elisabeth II et le «II» en question lui rappelle-t-il le nombre de partenaires requis pour une chaude partie de fesses? Je laisse les psychanalystes juger si Oedipe doit être mis en cause ici, mais tout porte à croire que oui, le Conservateur étant en général aveugle, particulièrement au bon sens. Puisque la tare est constitutive de la psyché, elle est excusable, vous en conviendrez.

Le Conservateur aime bien des choses, mais il n’aime pas l’État. Mais le Conservateur est également patriote. Comment conjuguer dans la même pensée patriotisme et haine de l’État ? Il faut savoir que cette détestation est parcellaire. Le bout qui déplaît au Conservateur, c’est celui qui s’occupe de filets sociaux. Et c’est normal. Il n’est écrit nulle part dans la Bible qu’il est de son devoir de porter secours aux pauv… attendez un moment que je relise… ah… ben zut… Voilà sans doute pourquoi la Spiritualité est subordonnée au Marché; la Vérité se conforme mieux ainsi aux intérêts particuliers.

Je pourrais poursuivre longtemps cette exégèse de la pensée conservatrice, mais j’ai peur de me convaincre moi-même, je suis influençable comme ça. Ce qu’il faut retenir, c’est que le Conservateur doit être considéré avec commisération. Il regarde droit derrière pour avancer, ça lui fout un de ses torticolis, normal qu’il AIT ENVIE DE VOUS LA FERMER LA GUEULE SALES GAUCHISTES LESBIENNES MARXISTES.

Vous pouvez commenter ce texte sur Twitter sous le hashtag #ComprendreLeConservateur ou à l’émission de Jeff Fillion, c’est selon.