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#JeSuisUnSaleSubventionné

Je pense avoir établi assez clairement que je suis de gauche. Que voulez-vous, je suis un ado des années 80, époque où le jeans se portait serré. Le destin a voulu que je porte de ce côté. Il faut suivre son destin.

J’émets des opinions tranchées sur Twitter et quand tu jappes, tu réveilles les voisins. Mes voisins sont de droite, faut croire. Car leurs imprécations se terminent souvent par ce qui est dans leur vocabulaire l’insulte suprême: «Ta yeule, le subventionné».

Subventionné, oui. Je ne peux le nier. J’ai coécrit pendant deux saisons une émission diffusée sur les ondes de Radio-Canada, l’argent venait directement des poches des contribuables. Ce que je me demande, c’est si PKP se fait balancer ce vilain mot depuis qu’il a dévoilé les plans de l’Amphithéâtre.

Mais je m’égare. La vraie question, c’est: suis-je un méchant homme même si je suis subventionné? Voyons voir.

L’émission que j’ai créée a généré une petite centaine d’emplois. Ces emplois étaient occupés par des gens qui étaient à leur tour subventionnés, j’en conviens. Mais en général, même s’ils étaient subventionnés, c’était des êtres humains.

Or, ces êtres humains mangent, boivent, conduisent des bagnoles. L’argent qu’ils avaient dans leurs poches, ils l’ont dépensé, qui pour acheter un iPhone, qui pour aller dans le Sud, qui pour magasiner chez Wal Mart, chacun ses priorités.

C’est ici que ça devient extraordinaire. C’est comme s’il y avait une réinjection de la subvention dans l’économie.  L’argent n’est pas tombé dans une espèce de vacuum gauchiste servant à financer secrètement les Bixis ou Ferrandez. Il est allé dans les poches de gens NON-SUBVENTIONNÉS!!!

On m’opposera que si le contribuable avait gardé son argent plutôt que de le verser en impôts qui ont servi ensuite à financer mes lubies, la même dépense aurait été effectuée.

En effet. Sauf qu’entretemps, quelques centaines de milliers de personnes ont passé un bon moment devant une émission de télé. L’argent a circulé et il a permis de créer ce que certains appelleront du vent. Ce que d’autres appelleront du rêve.

Bref, ce n’est pas une dépense nette, une subvention. C’est un investissement. C’est d’ailleurs le nom que donnent les pétrolières à la chose.

Ça me donne une idée. La prochaine fois que je peste contre le prix du gaz, j’appelle chez Esso et je les traite de subventionnés.

Si vous avez d’autres témoignages de sales subventionnés, je vous invite à les partager sur Twitter sous le hashtag #JeSuisUnSaleSubventionné

(PS: ce texte a été subdivisé en petits paragraphes pour ne pas dépayser les lecteurs de Richard Martineau.)