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#PourQuiJeVote

Je l’avoue, j’ai hésité. Pour la première fois de ma vie d’électeur, je ne savais pas pour qui voter. Contre, ç’a allait de soit. Pour moi, le mot-clé de cette élection, c’est «imputabilité». La farce de la réélection de Gérald Tremblay, réélu avec 39% des voix alors qu’il croulait sous les scandales, c’est le pire carburant à cynisme.

C’est pourquoi le parfum de corruption qui flotte au-dessus des libéraux doit être éventé. Du vent, comme on dit…

Mais la question demeurait entière : à qui donner mon vote?

J’ai rapidement éliminé l’idée de voter stratégique. Y en a marre. Coming out : dans les dernières années, j’ai voté quelques fois au fédéral pour le PLC, la priorité étant pour moi l’annihilation politique de Harper. J’ai mal dormi, rêvant souvent que Denis Coderre me massait pendant que Stéphane Dion me faisait la lecture d’un roman de Margaret Atwood. Des frissons dans le dos.

Alors qui?

La CAQ et son logo aux allures de perroquet écrasé sous un dix roues? Je me méfie de ce parti, né du désir apparent de Charles Sirois d’être Desmarais à la place de Desmarais, et des envies de ménage du printemps de François Legault. Surtout : cette formation politique est issue du milieu des affaires. Comprenons-nous bien, il est important, le milieu des affaires. Mais disons qu’il est ne manque pas de représentation à l’Assemblée nationale. Surtout, l’apparition de la CAQ s’inscrit dans une tendance lourde : le mouvement généralisé des gouvernements occidentaux vers la droite. J’ai expliqué de façon un peu pompeuse ma position ici : https://voir.ca/daniel-thibault/2012/03/30/letatcestnous/ Résumons en disant que ce fameux ménage auquel tiennent tant les gens de droite implique généralement des sacrifices des moins nantis au nom de l’avenir et des avantages consentis aux gens d’affaires au nom de la compétitivité. Bref, comme dirait Sartre, la juste part, c’est les autres.

Pas intéressé par le PQ non plus. D’abord, le bateau tangue à droite, surtout depuis Lucien Bouchard. Ensuite, notre problème de gouvernance, c’est un problème de proximité entre l’argent et le pouvoir. À ce titre, le PQ n’est pas sans reproche, loin de là. Rappelons simplement l’odieux projet de loi 204 visant à mettre l’entente intervenue entre Quebecor Media et la Ville de Québec sur la gestion de l’amphithéâtre à l’abri de toute poursuite judiciaire. L’appui bassement électoralistes du PQ à cette loi a d’ailleurs provoqué plusieurs démissions au sein du parti, favorisant par la bande la création d’Option Nationale. Pauline Marois est mal placée pour se plaindre de la division du vote : elle en est en partie responsable.

Notons aussi l’empressement de l’avocate du PQ à discréditer Duchesneau lors de son passage à la Commission Charbonneau. Et ce, avant même qu’il fasse partie de la CAQ!

Oublié, donc, le Parti Québécois. Reste Option nationale et Québec solidaire. Les plateformes sont relativement semblables, les deux partis semblent avoir à cœur le vrai monde, pas seulement la Chambre de commerce. Dilemme… que M. Aussant, lui-même, a tranché! Il m’a gentiment et franchement souligné que la priorité absolue d’ON, c’est la souveraineté. D’abord la liberté politique, ensuite, la droite ou la gauche.

À mon avis, c’est prendre le problème à l’envers. Créer un pays, c’est un large projet qui ne se limite pas à définir des frontières et redistribuer des pouvoirs. Quelle vision avons-nous pour ce pays? Comment seront définies nos valeurs communes?  La constitution américaine, par exemple, est issue des Lumières; les fondateurs se sont inspirés d’une philosophie humaniste pour secouer le joug des anciennes hiérarchies. Bon, d’accord, y en a qui ne se sont pas gêné pour les péter avec un bâton de baseball, les Lumières. Mais le projet initial a été réalisé ‑ dommage que l’Histoire soit parfois faite de pénible retour en arrière.

Bref, pour moi, la souveraineté, c’est un moyen, pas une fin en soi. Exit Option nationale.

Seul au fil d’arrivée : Québec solidaire, d’ailleurs vicieusement attaqué par Duceppe pour avoir appuyé le NPD aux élections fédérales — Duceppe, endosseur de l’amiante pendant les mêmes élections, rappelons-le. Je ne suis pas un cheerleader absolu. Certains éléments de leur plateforme me semblent mal avisés, le revenu minimum garanti, par exemple. Aider les gens dans le besoin : inconditionnellement. Mais l’argent gratuit a un effet pervers sur le cours de l’effort. C’est le père de quatre enfants en moi qui parle!

Mais ma réserve s’arrête là. À l’Assemblée nationale, Khadir a déterré plus de cadavres que le Dr. Frankenstein. Et Françoise David a démontré qu’elle avait la circonspection qui fait parfois défaut à son co-chef. Un Québec solidaire, ça c’est un projet que j’endosse! Tombe bien, c’est leur nom.

Tout cela étant dit, la plus grande victoire du 4 septembre serait que les tiers partis obtiennent une part record du vote. Ça démontrerait hors de tout doute que la soif de vrai changement est réel, tangible. L’héritage du printemps érable est potentiellement là : faire trembler les vieux partis et les nouveaux partis dirigés par des vieux!

Pour la première fois depuis longtemps, voter permet la remise en question du statu quo politique au Québec. Pas d’excuse pour les abstentionnistes!

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