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Ç’aurait pu être pire (sic!)

Libéral majoritaire? Tapez-moi sur la tête, mais ce n’est pas le pire des scénarios qui s’est produit hier soir.

J’espérais un gouvernement minoritaire. La commission Charbonneau nous permettra de lever le voile sur le financement des partis provinciaux; l’idéal aurait été de voter ensuite en toute connaissance de cause. Mais l’empressement du PQ nous aura privé de cette option, pavant la voie à cette majorité nauséabonde.

Il y avait donc un pire scénario? Oui: un gouvernement péquiste majoritaire. Pourquoi? Car le virage identitaire du PQ était nocif. Manoeuvre de diversion électorale, il sciait les jambes à deux projets pourtant cher aux péquistes: l’intégrité et la souveraineté.

À peine un an après le traumatisme du Printemps érable, nous pouvions au moins espérer être rassemblés autour d’une cause commune: la fin de la corruption. Mais le PQ en a décidé autrement, en posant le débat à propos de la laïcité sur des bases identitaires. Résultat: les haches sont ressorties, et le Québec s’est encore une fois entredéchiré. L’épouvantail a occulté la vraie question urgente: l’éthique de notre gouvernement. Les supporteurs de la charte disaient qu’il fallait se tenir debout. Oui, mais voilà, nous étions à quatre pattes à côté du vrai problème. La preuve: les libéraux en ont profité pour se glisser entre nos jambes.

En ce qui concerne la souveraineté, convenons que la politique de la division pour un parti condamné à unir s’il veut faire un pays, ce n’était pas l’idée du siècle. Il est impossible de devenir indépendant sans convaincre les nouveaux arrivants. Nous sommes une nation vieillissante qui ne fait pas beaucoup d’enfants: c’est la réalité. L’immigration, c’est notre carte de survie. Nous avons la chance d’avoir une immigration massive francophone; ses valeurs ne sont pas tout à fait les nôtres, mais la langue est commune. Il vaut s’ouvrir, dialoguer, convaincre. Interdire purement et simplement, manier le bâton plutôt que la carotte, dans le contexte de notre survie en tant que peuple, c’était proprement suicidaire. Nous avons suffisamment d’ennemis sans nous en créer d’autres. Si le nous n’est pas inclusif, il est condamné à s’effriter.

La défaite du PQ, c’est au moins l’occasion de réfléchir à son article 1. Souhaitons qu’il revienne à l’idée inspirante de l’affirmation nationale et qu’il jette au rebut son réflexe identitaire, explosif à long terme. Il en va de notre avenir.

Libéral majoritaire pour 4 ans, donc? Non, ce n’est pas réjouissant. Mais ce gouvernement est en probation jusqu’aux révélations de la Commission Charbonneau. Laissons-les aller au bout de leur cynisme. Profitons-en pour fourbir nos armes. Profitons-en pour recommencer à rêver.