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Ours, barbus et enfants des rues – Namur, 3 octobre

Du 1er au 6 octobre prochain, suivez les aventures d’Alexandra Viau en direct de la 27ième édition du Festival international du film francophone de Namur (FIFF) en Belgique, ici sur HAUT LES COURT!

«Osez le cinéma belge au FIFF». C’est l’appel qu’on lance ici aux cinéphiles. Au pays de Benoît Poelvoorde, le cinéma local plaît, mais comme partout ailleurs, la culture américaine s’impose et le climat d’austérité qui plombe l’Europe menace le financement des œuvres culturelles. Mais de toute évidence, les Namurois l’aiment, leur festival. La salle du cinéma «l’Eldo», comme ils le surnomment affectueusement, était pleine à craquer pour la soirée de gala du film Ernest et Célestine (coproduit par la France, la Belgique et le Luxembourg). Les organisateurs du FIFF ont fait le pari de présenter aux adultes un film pour enfants. Et les grands n’ont pas été déçus! Le film d’animation scénarisé par Daniel Pennac et réalisé par Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar était fort attendu depuis son passage à Cannes. Cette improbable histoire d’amitié entre Ernest, un ours mal léché, clown et voleur à ses heures et Ernestine, une souris orpheline qui refuse d’avoir peur des ours comme ses pairs le lui ont enseigné, offre 80 minutes de pur divertissement. Le rythme, l’humour, les rebondissements et les textures animées en aquarelle placent la barre très haute. Un film à découvrir lors de sa sortie au Québec en mars 2013. J’ai aussi vu Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch et Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg, deux films franco-belge en compétition officielle qui avaient comme point commun de faire réellement œuvre utile, puisque tournés avec de vrais enfants des rues. La plongée dans une Kinshasa bordélique où tout le monde cherche du fric, en particulier les «shegués», ces enfants abandonnés parce qu’accusés de sorcellerie, m’a déçue. Le réalisateur a tourné de la fiction tout en gardant les codes du documentaire, ce qui donne un trop plein de personnages évoluant dans un scénario aléatoire. J’aurais justement préféré Kinshasa Kids en documentaire, alors que j’ai beaucoup aimé Les chevaux de Dieu, qui tente de comprendre les jeunes terroristes responsables des attentats de Casablanca de mai 2003. Le film raconte l’histoire romancée de deux frères qui survivent dans le bidonville tristement célèbre de Sidi Moumen et qui se font «choisir» pour devenir martyrs. Les comédiens amateurs sont époustouflants de vérité et le réalisateur parvient à humaniser les «barbus» musulmans en gardant une distance critique. Ne manquez pas ce film d’actualité lors de sa présentation les 17 et 20 octobre à Montréal, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma. J’en suis sorti une boule au ventre, quand soudainement deux journalistes chinois complètement paumés m’ont catapulté dans un autre monde en me demandant comment se rendre à Bruxelles en cette journée de grève des trains nationaux. Eh oui, c’est aussi ça la Belgique…

– Alexandra Viau