Du 1er au 6 octobre prochain, suivez les aventures d’Alexandra Viau en direct de la 27ième édition du Festival international du film francophone de Namur (FIFF) en Belgique, ici sur HAUT LES COURT!
Jeudi, en bout de course du FIFF, la presse ne s’est pas contentée de la séance de photo officielle des sept membres du jury. Sitôt la pose terminée, les photographes ont tous suivi Monia Chokri, qui illuminait le Théâtre Royal, pour prendre quelques clichés supplémentaires de la belle. Détendue, l’actrice québécoise qui joint sa voix pour la première fois à celle d’un jury venait de terminer de voir tous les films en compétition, à raison de trois par jour. « C’est beaucoup plus relax d’être jury que de venir présenter son film. J’avais des appréhensions, car un jury c’est un peu un mariage forcé. Ma grande inquiétude était de me demander si je serais seule au monde parmi ces gens (…) mais heureusement ce n’est pas le cas, on est comme une colonie de vacances», explique celle qui est ravie d’avoir découvert à Namur les univers du réalisateur roumain Radu Jude (Everybody in our family, Bayard d’Or du Meilleur film) et du franco-marocain Nabil Ayouch (Les Chevaux de Dieu, Prix Spécial du Jury). La fête du cinéma francophone est un beau prétexte pour discuter avec elle des différences entre les cinématographies représentées ici ; le cinéma africain dans lequel on retrouve selon elle «systématiquement l’idée de symbolique», le cinéma français qu’elle trouve très formaliste ces dernières années et le cinéma québécois, «qui fait souvent place aux silences». Et qui dit Francophonie dit accents pluriels. Monia Chokri était désolée de constater que le film Camion de Rafaël Ouellet n’ai pas été compris par tous, car il a été diffusé à Namur sans sous-titre alors que ses personnages marmonnent ou parlent parfois dos à la caméra. « Je sais que c’est un combat constant pour les Québécois qui se disent que c’est notre langue et qu’il faut que les gens s’y fassent à l’oreille. Mais il y a une vraie distance de langue (…) S’il y a tant de silences dans notre cinéma, je pense que ça vient peut-être de notre complexe par rapport à la langue. Comme si parfois on n’avait pas tous les mots pour traduire une émotion», dit-elle. Mais ce n’est certainement pas par incompréhension que les membres du jury n’ont primé aucun film québécois cette année. Le Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre a été remis à Nolwenn Lemesle pour Des morceaux de moi (dont je vous parlais lundi) et celui du meilleur court métrage à Marie-Elsa Sgualdo pour On the beach. Monia Chokri sera peut-être elle-même primée un jour au FIFF, puisqu’elle réalisera en janvier son premier court métrage. Son histoire produite par Nancy Grant (Metafilms) se déroulera en plein cœur de l’hiver montréalais et sera incarnée uniquement par des actrices. «J’écris pour les filles», dit fièrement la jeune trentenaire que l’on pourra voir à la télévision et au théâtre québécois en 2013, ainsi que dans le film français Gare du Nord Remix de Claire Simon.
– Alexandra Viau