Dire que ce concert était attendu relève de l’euphémisme le plus chirurgical, pour rester dans le champ lexical* cher à Carcass.
Après un passage parfait lors de leur tournée réunion en 2008 (le défunt Medley a failli exploser), l’un des pères fondateurs de certains des sous-genres les plus extrêmes du metal ― notamment le grindcore et le death metal mélodique ― étaient en ville mercredi dernier.
Dans un Metropolis bien rempli, on retrouvait pas mal de vieux de la vieille, qui ont bien apprécié de revoir Luc Lemay, un petit gars de chez nous, et Gorguts, son groupe de math-death (ça se dit?) qu’il a ressucité l’an dernier, dont le dernier album fut joyeusement encensé. Ultra-complexes et texturées, les compos de Lemay ont littéralement hypnotisé toute la maisonnée. Notre mâchoire est encore sur le plancher.
Dans’ place, y’avait aussi plusieurs jeunes loups fanas de deathcore, qui s’étaient pointés pour mosher devant The Black Dahlia Murder, une bande de jeunots expérimentés (incluant un balèze gueulard) qui figurait également au programme de cette pesante tournée, organisée par l’excellent magazine américain Decibel.
Ensuite, enfin arriva le moment tant attendu où Carcass allait nous oblitérer, à grands coups de riffs incisifs, de martellement incessants, de grooves contagieux et autres vociférations inspirées de livres de médecines ou de frustrations refoulées. Et qu’est-ce qu’ils ont livrés, nos « Mad Four » (oui, ils sont eux aussi de Liverpool, comme les Fab Four originaux, The Beatles). Ça n’a même pas de sens. Intense.
D’emblée, on put constater que l’humour du leader Jeff Walker (chant + basse, le Paul McCartney de Carcass) n’avait pas perdu de son mordant, tel qu’en témoignait ses hilarantes interludes au micro, alors qu’il maniait comme un pro un humour typiquement brit’, donc on-ne-peut-plus pince-sans-rire et délicieusement cynique, avec l’autodérision dans le tapis (on a pu également « subir » personnellement la corrosive verve de ce singulier personnage, lors d’une entrevue exclusive avec Walker dans leur bus de tournée post-concert, que vous pourrez lire prochainement ici, Dans ta face).
Balançant ici et là quelques mots en français (et même en espagnol, pour déconner), Walker a tantôt dédié aux filles présentes (« all three of you ») une répugnante chanson (l’ancestrale Genital Grinder, accompagnée de visuels salaces et ô combien disgracieux), lorsqu’il ne se marrait pas du peu d’amour qu’obtenu leur album Swansong (de demander « security, please lock the doors », avant d’en jouer une pièce).
Il a même écorché au passage ― amicalement, s’entend ― Arch Enemy, le groupe de leur ex-coéquipier, Michael Amott (leur John Lennon), qui vient tout juste de recruter la montréalaise chanteuse du groupe local The Agonist. Oui, on a bien ri. Mais surtout headbangé en maudit (on s’est censuré ici, car c’est hostie qu’on aurait écrit… oospie). On a encore mal au coup, d’ailleurs.
Malgré quelques petites erreurs ― comme ce solo de guit’ charcuté par Bill Steer (guitares + gorge occasionnelle, leur George Harrison) durant l’iconique Corporate Jigsore Quandary ― qu’on leur pardonnera (comme ça prouve qu’ils ne sont pas robotiques), le death metal mélodique bien dégorgé de ces tonitruants Anglais n’a pas prit une ride.
Pas surprenant qu’ils aient été si influents ― bonjour à toute la scène de Gothenburg et à nos amis des Ghoulunatics (c’est un compliment, en passant). Au programme, évidemment, Surgical Steel, leur petit dernier, a presque été joué en entier, tout comme l’album classique d’antan, le bien-aimé Heartwork, sorti il y a un peu plus de 20 ans mais toujours réellement pertinent.
On aurait bien prit un peu plus de chacun de leurs autres albums (dont le joyeusement rot n’ roll Swansong), mais on ne va pas commencer à se plaindre. Le set était pas mal parfait (quelle belle idée que de faire des medleys, afin de plus en jouer, yé!). Vivement un autre album au plus sacrant, tant leur plus récent est puissant.
Que dire de le nouveau batteur, l’ex-Aborted Daniel Wilding (qui est Brit’, de surcroît), sinon qu’il est solidement métronomique et remplace habilement leur Ringo Starr (sur stéroïdes, bein évidemment), Ken Owen, qui ne peut plus jouer depuis 1999 (suite à une hémorragie cérébrale et un séjour de plusieurs mois dans le coma).
On se doit également de mentionner l’apport du second guitariste, le tout aussi Brit’ Ben Ash, dont le style cadre parfaitement avec celui de Steel, avec qui il fait créant avec ce dernier de superbes harmonies de « twin » guitares.
Comme disait un rockeur bien-aimé (Josh « Kyuss/QotSA » Homme, pour ne pas le nommer), peace, love and death metal.
*D’ailleurs, on a manqué d’intituler cette critique « CARCASS : ignoblement tonitruant (mais pas du tout mort ni répugnant) » pour rendre hommage aux titres épiques de leurs débuts; or, on s’est ravisé, étant donné que la soirée fut sous le sigle de l’album classique Heartwork.
Setlist :
- Buried Dreams4
- Incarnated Solvent Abuse3
- A Congealed Clot of Blood7/ Cadaver Pouch Conveyor System7
- Carnal Forge4
- Noncompliance to ASTM F 899-12 Standard7
- No Love Lost4
- The Granulating Dark Satanic Mills7
- Edge of Darkness6 / This Mortal Coil4 / Reek of Putrefaction2
- Unfit for Human Consumption7
- Genital Grinder1 / Pyosified (Rotten to the Gore)1 / Exhume to Consume2
- Captive Bolt Pistol7
- Corporal Jigsore Quandary3
- Black Star5 / Keep on Rotting in the Free World5
- Ruptured in Purulence2 / Heartwork4 / Carneous Cacoffiny3
Albums :
- 1Reek of Putrefaction (1988)
- 2Symphonies of Sickness (1989)
- 3Necroticism – Descanting the Insalubrious (1991)
- 4Heartwork (1993)
- 5Swansong (1996)
- 6Wake up and Smell the Carcass (1996, incluant des restants de sessions de Swansongs et autres raretés)
- 7Surgical Steel (2013)
PHOTOS + GIFs animés : KRISTOF G.
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Galerie Bonus : The Black Dahlia Murder
Faut absolument parler de NOISEM, allez découvrir ce groupe très jeune qui bottent des culs.
Un premier titre tellement solide: « Agony Defined ». Ils ont d’ailleurs remporté la 9ième position du dernier top 40 du magazine Decibel. Pas rien pour un premier album.
Malheureusement Fred, je suis arrivé un poil trop tard, au début de la performance de Gorguts. MAIS je prêterai une oreille au thrash new school de ces jeunots de chez Noisem, promis.