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[entrevue] JEFF WALKER de CARCASS : lorsque cynique rime avec clinique et death technique – deuxième partie

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Suite et fin de cette conversation avec Jeff Walker, leader du légendaire groupe de death metal technique Carcass cliquez ici pour lire la première partie et là pour la critique de leur concert au Metropolis.

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Électrochoc + bloc opératoire

Lorsqu’on lui demande si ses collègues et lui ont dû réfléchir à la définition du son que prendrait leur nouvel album (Surgical Steel, 2013) avant de commencer à composer du nouveau matériel, Walker mentionne simplement que même si « moi et Dan, le nouveau batteur, on se disait [en pratique] ‘jouons donc plus rapidement’», « peu importe les riffs que Bill ramène, ça va sonner comme du Carcass, à cause du processus par lequel ça passe (…) c’est juste de la chimie (…) Bill est comme un peu la vraie âme [du groupe], si tu veux ». Selon lui, « un groupe se doit d’être une unité, pour le meilleur et pour le pire, et vous vous devez de travailler ensemble. »

Comme les instruments chirurgicaux et d’embaumement sont devenus en quelque sorte la marque commerce du groupe (depuis Necroticism, du moins), on n’a pas été surpris de les revoir orner la couverture de leur petit dernier, qui a été aussi bien reçu par la critique que chez les puristes du groupe. Et devinez donc qui a eu l’idée de ramener lesdits instruments? Nul autre que Walker, qui est même allé jusqu’à en acheter des authentiques sur eBay, pour ensuite physiquement les placer lui-même (de façon aussi précise que géométrique) sur une feuille de stainless steel, histoire d’utiliser « ce symbole iconique afin de créer une image vraie, viscérale ».

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À cœur ouvert

Parlant de viscères, vous connaissez H.R. Giger? Eh bien, sachez que le corpus biomécanique de ce surréaliste artiste suisse a non seulement révolutionné le cinéma de science fiction (de toute la franchise Alien à Dune, en passant par Species, Future Kill et autre Poltergeist II) mais est également devenu une valeur sûre autant chez les prog ou punk rockeurs (Debbie Harry, Mylène Farmer, Dead Kennedys et Emerson, Lake and Palmer) que les métalleux : ont fait appel à ses services les Danzig, Tom G. Warrior/Fischer (Celtic Frost, Triptykon), Korn, Atrocity et… Carcass. On retrouve sur la pochette de leur album Heartwork considéré comme leur chef d’œuvre par plusieurs une magnifique sculpture de Giger, qui est en fait une réimagination d’une de ses œuvres datant de 1966.

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« Dans l’un de ses livres, il y avait cette œuvre [Life Support] datant des années 1960; lorsqu’on l’a approché à ce sujet, il était en train d’en faire une deuxième version, une totale coïncidence (…) on a ensuite eu le choix entre l’originale et la nouvelle », nous avoue Walker, avant d’ajouter que l’artiste réagissait alors à une collaboration manquée avec la compagnie Swatch – regardez attentivement la pochette d’Heartwork et vous comprendrez. À l’époque, comme il sortait avec une amie de la copine de Giger, ce dernier leur a fait  « un bon deal, au grand dégoût de son manager », d’admettre Walker avant d’éclater de rire. 

Le côté pince sans rire du type ressort ici et là durant notre entretien, comme lorsqu’il nous « présente » Paul Masvidal, leader du groupe metal progressif américain Cynic, qui venait d’entrer dans le bus. Est-il le technicien de guitare de son collègue Bill Steer? Se marrait-il de notre gueule? On ne sait pas trop, mais il lui ressemble en sale. Toujours selon Walker, Carcass aurait également un autre collègue, du groupe suisse Samael (le bassiste Mas?) cette fois, sur l’équipe de tournée. Eh ben.

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Une industrie en putréfaction…?

Lorsqu’on l’interroge sur le statut actuel de l’industrie musicale et le fait que les gens achètent de moins en moins de musique, notre homme réagit assez vivement (et avec raison) :

« Mais c’est de la connerie [this is bullshit!]! Laisse moi te donner quelques chiffres de chez Soundscan. Les groupes en vendent toujours des disques. Ça peut être des groupes que tu n’aimes pas, et les groupes qui se plaignent et qui bitchent et geignent sont ceux qui sont là depuis 20 ou 30 ans et dont tout le monde se fout. Les Asking Alexandria vendent leur centaine de milliers d’album, tu sais. Sabbath, en Amérique du Nord, a fait environ 250 000, Avenged Sevenfold a probablement passé le cap du quart de million… les groupes vendent toujours. »

« OK, peut-être que Sabbath en aurait vendu un million il y a 20 ans, mais, entre toi et moi, j’aime bien l’album, mais c’est loin en maudit d’être révolutionnaire! Et tu sais très bien qu’il y a toujours des groupes qui vendent des millions : c’est probablement du r n’b, du hip hop ou de la musique dance. Heavy rock, metal… soyons donc brutalement honnêtes, c’est de la musique de dinosaure. »

« Et je vais te dire au sujet de Carcass : on vend autant d’albums qu’on en vendait dans les années 1990. (…) En Amérique du Nord, je crois qu’on a vendu environ 28 500 albums à date, et je crois que les vinyles, c’est à peu près 7 000 copies, et digital autour de 5000. Et c’est bon en maudit. Donc, quand on dit que les groupes ne vendent plus de disques, c’est de la connerie : fait un bon album, le reste va suivre. »

Et Carcass l’a fait : malgré des attentes ridiculement hautes, Surgical Steel, leur album « réunion », sorti pas moins de 12 ans après leur dernier album, s’est avéré excellent. Ce n’est pas rien.

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PHOTOS LIVE : KRISTOF G.