Comme « le trois fait le mois », à chacun de ces jours-là, Kristof G. tentera tant bien que mal de décortiquer l’ADN de ce tonitruant phénomène, qui donne parfois à ses disciples quelques solides acouphènes, ecchymoses et surtout beaucoup trop de fun.
CHAPITRE IV : MONTREAL = MTL (LES FESTIVALS)
Origins of the fests
Il y a déjà deux décennies, votre scribe prenait la route de son Saguenay natal pour venir assister au premier (et seul) arrêt montréalais du défunt festival itinérant Lollapalooza ― qui ressuscita en 2005 sous la forme d’un festival sédentaire basé Chicago. À l’époque, l’événement (fondé par Perry « Porno for Pyros + Jane’s Addiction » Farrell en 1991) était déjà rien de moins que légendaire, alors qu’y avaient joué les Nine Inch Nails, Body Count, Butthole Surfers, Living Colour, Ministry, Soundgarden, RATM, Alice in Chains et plusieurs autres groupes alternatifs, rap, grunge, etc. En 1994, même si rien de bien heavy n’était au programme (à part peut-être ces cinglés et bruyants Japonais de Boredoms et les badass meufs de L7), c’était vraiment formidable d’enfin voir les Beastie Boys (punk) rocker, funker et rapper comme eux seuls savait si bien le faire (RIP Adam « MCA » Yauch, 1964-2012).
Comme la susmentionnée tournée n’est jamais repassée dans le coin (à part en 1996, lorsqu’elle s’arrêta à Québec, avec Metallica en mode fishnet-mascara-cheveux-courts, Soundgarden en mode on-se-sépare-bientôt, Ramones en mode on-achève et… les Melvins, qu’on ne connaissait même pas… la honte!), la caravane punk du Warped tour (commandité par les chaussures de skate Vans) pris le relais, en insérant ici et là des groupes non-punks à leur programmation. On eut la chance d’y voir les Deftones en 1995 (lors de la première édition de la tournée, qui comprenait également Quicksand et Sick of it All) et en 1997, alors que le groupe supportait ses deux premiers (et excellents) albums. Entre autres, Fishbone, Suicidal Tendencies, Valient Thorr, Suicide Silence, Throwdown et même Helmet y sont également passés au fil des années.
Loco Locaux
Plus près de nous, le défunt concours Pollywog donna naissance à une tournée québécoise (1996-2002), mettant en vedette des artistes locaux et internationaux. En plus des compatriotes de chez Grimskunk, Groovy Aardvark et autres The Tea Party, on put également voir les Français de Lofofora et Mass Hysteria et les Américains de Cannibal Corpse et Anthrax. Voir ces deux derniers groupes à Jonquière et au Parc Jeanne-Mance fut quand même assez intense.
Dans un registre beaucoup plus niche, les locaux de chez Sepulchral Productions créèrent en 2010 un événement black métal nommé la Messe des Morts, où sont passés les Taake, Inquisition, Horna, Absu, Baptism, Glorior Belli, Belenos, Mgla, Ragnarok et autres groupes des plus obscurs (dans tous les sens du terme), provenant d’ici, des États-Unis et aussi des vieux pays (Finlande, Norvège, France, Allemagne…). À la fin août de cette année, aura lieu la toute première édition du Wings of Metal, un festival DIY de metal assez old school (The Skull, Bat, Barbatos, Death Ceremony…), qui aura lieu aux Katacömbes.
Maiden USA (and Canada)
Bien que la toute première incarnation du Ozzfest se soit arrêtée à Québec (avec Ozzy, Slayer, Danzig, Biohazard, Sepultura, Fear Factory…) en 1996 (même année que l’initiative champêtre Sunnymead Jamboree, avec tout plein de loco-locaux susmentionnés, ainsi que Voïvod), le défunt convoi des Osbourne ― sur le respirateur artificiel depuis 2008 ― n’a plus jamais daigné remettre les pieds en nos terres, au grand dam des métalleux d’ici qui devaient passer la frontière pour avoir leur dose de festival brutal.
Parlant de légendes métalliques se partant leur festival, il y eut aussi celui de Dave « Megadeth » Mustaine, le Gigantour, qui fut en activité de 2005 à 2013. Parmi les groupes choisis par cet iconoclaste de MegaDave, on put voir, en plus de Megadeth (évidemment), Anthrax, DEP, Dream Theater, Nevermore, Overkill, Opeth, Lamb of God, Arch Enemy, Life of Agony, High on Fire, In Flames, Children of Bodom et Motörhead, notamment. En 2013, l’alignement complet du Gigantour (soit Megadeth, Black Label Society, Device, Hellyeah et Newsted ― à l’exception de Death Division) fut inclus dans la programmation d’Heavy Montreal.
Quant au Summer Slaughter, il s’arrête bon an mal an à Montréal depuis 2008. Les organisateurs du festival ont la fâcheuse habitude de recycler les même groupes : on a vu pas moins de trois fois Dying Fetus et The Faceless (lors de l’arrêt montréalais du SS aux Foufounes le 15 août 2014), alors qu’ont tous joué des doublés les Necrophagist, Beneath the Massacre, Animals as Leaders, Periphery et Cattle Decapitation. Ont également fourni beaucoup trop de décibels les Cannibal Corpse, Suffocation, Decapitated, Cephalic Carnage, The Red Chord, Neuraxis, Vital Remains, The Black Dahlia Murder, Origin, The Ocean, Goatwhore, Between the Buried and Me, Exhumed et The Dillinger Escape Plan. Par ailleurs, on se souviendra que le plus extrême festival métal fut annexé à Heavy Montreal en 2012 (au Parc Jean-Drapeau pendant le festival) et 2013 (le vendredi au Metropolis).
Rien à voir avec le Summersault, la maintenant défunte tournée canadienne montée par les gars d’Our Lady Peace, qui s’arrêta au Parc Jean-Drapeau peu après le non-bogue de l’an 2000. En plus du susmentionné groupe, se démenèrent également sur scène les Foo Fighters, A Perfect Circle (l’autre groupe de James Maynard Keenan de Tool) et The Smashing Pumpkins.
A Nightmare on Jarry Street
En 2005, une nouvelle tournée de type agressive vit le jour : le Sounds of the Underground, qui mêlait sans gêne groupes hardcore/metalcore et heavy metal en tous genres : se côtoyaient les Lamb of God, Clutch, Opeth, Strapping Young Lad, GWAR, Devil Driver, High on Fire, Chimaira, Terror, Madball et autres A Life Once Lost. Ce qui s’annonçait être une journée de rêve tourna vite au cauchemar, alors que les spectateurs furent littéralement pris en otage dans l’atroce hangar de tôle du Stade Uniprix. Non, impossible de sortir dehors prendre l’air, sous peine de ne plus pouvoir rentrer, alors que n’en finissait plus de ne pas commencer le concert.
Comme la plupart des groupes étaient semble-t-il pris aux douanes (c’était le 3 juillet, soit entre la fête du Canada et celle des États), le concert ne put débuter qu’aux alentours de 16h, avec pas moins de trois heures de retard (et ce, sans que rien ne soit communiqué aux festivaliers ― on dût tirer les vers du nez aux agents de sécurité. Pour ajouter à l’insulte, les 16 groupes présents durent réduire la durée de leurs sets de moitié, certains n’avaient que 15 minutes pour performer (comme les pauvres gars d’High on Fire)… Une soirée inoubliable pour les mauvaises raisons.
Le festival itinérant dura jusqu’en 2007 dans une version réduite (qui s’arrêta au Metropolis), mettant notamment en vedette In Flames, Behemoth, Amon Amarth et plusieurs groupes qu’on retrouvera ensuite au Summer Slaughter (Cannibal Corpse, The Black Dahlia Murder, Goatwhore…).
Montreal = MTL
Malgré que l’offre local soit encore assez loin des bien établis festivals métal européens (i.e. Wacken Open Air, Summer Breeze, Download, Graspop, Hellfest…) et autres croisières métalliques (i.e. 40,000 Tons of Metal), on ne peut nier que notre Heavy Montreal ― anciennement Heavy MTL ― botte pas mal de culs. Il y aura toujours des mauvaises langues pour chialer sur la programmation (eh oui, tous les goûts sont dans la nature), en s’indignant notamment de la discutable inclusion de groupes formatés et/ou parfois trop sucrés tel que Disturbed (deux fois de trop, hein?), Five Finger Death Punch (aussi deux pénibles de fois au programme… come on!), Godsmack (pas une troisième fois… pitié!), Marilyn Manson (qui n’était vraiment pas en forme lors de son passage en 2012), Avenged Sevenfold et autres oubliables Three Days Grace, la plupart étant issue de la programmation de la tournée Mayhem (commanditée par la boisson Rockstar Energy) ― qui s’est par ailleurs officiellement ajointe à Heavy Montreal en 2010 (une scène portait même son nom).
Or, on a quand même pu se régaler des prestations de légendes comme le fabuleux Alice Cooper (quelques heures plus tard, Rob Zombie fit pitié en comparaison), le surprenant Danzig (avec Doyle, son fidèle ex-Misfits), l’immortel Lemmy « Motörhead » Kilmister et l’étonnant Mike « Suicidal Tendencies » Muir, de la délicieuse Montréalaise Melissa auf der Maur, des motivés rockeurs australiens de chez Airbourne, des incroyables énergumènes de chez GWAR (probablement leur dernier concert montréalais ― R.I.P. Dave Murray « Oderus Urungus » Brockie, 1963-2014) et d’une foule d’autres performances des plus mémorables.
Cependant, on doit avouer qu’on eut tout de même un peu peur pour le festival en 2009. Après une inaugurale édition des plus canons (avec Mötley Crüe et Iron Maiden en tête d’affiche, quand même), evenko, producteur de l’événement, annonça qu’il n’y aurait pas de festival cette année-là, dû au trop grand nombre de groupes métal qui étaient en tournée en même temps. Cependant, le festival revint en force en 2010. Depuis, on put y (re)voir en vrac Type O Negative en 2008 (R.I.P. Peter Steele, 1962-2010), Mastodon (2010 et 2013), Slayer, Overkill, Death Angel (qui en seront tous trois à leur 2e passage au festival cet été), Anthrax, Voïvod (tous deux pour la 3e fois) et plusieurs autres.
Bref, il y a quelque chose d’unique à passer une journée complète à se faire solidement brutaliser les tympans, idéalement en plein air, qu’on ne retrouve pas lors du passage en salle des tournées standards. À chaque édition, un nouveau week-end expérientiel rempli de musique tonitruante, de moments insolites, de sympathiques rencontres, de découvertes, d’high fives, d’houblon bien frais et d’innombrables décibels. On s’en reparle sous peu.
LE MOIS PROCHAIN : SOIF INFERNALE (les_alcools)
[calendrier] M.E.T.A.L. : AOÛT 2014 : cliquez ici
PHOTOS : KRISTOF G.
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M.E.T.A.L.: Metallica Exodus Testament Anthrax et Lamb of God
Hey good stuff, ça rappel de bons souvenirs.