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[critique] M.E.T.A.L. – SPÉCIAL NOËL (le_cadeau)

En cette période de l’Avent, Kristof G. te suggère LE cadeau de Noël tout indiqué pour tout poil se respectant : un bouquin relatant l’histoire du métal d’ici. P.S. Le p’tit Jésus, y’a fini par avoir les cheveux longs, lui aussi. 

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SPÉCIAL NOËL : L’ÉVOLUTION DU MÉTAL QUÉBÉCOIS (le_cadeau)

Sérieux, un livre comme cadeau, vraiment? Effectivement, ce n’est pas très bruyant, comparé à un DVD de Mastodon, un coffret de LP de Fantômas ou le dernier CD d’Iron Reagan (un tout récent band crossover – incluant la moitié de Municipal Waste – qui torche en sale). Ce n’est pas non plus aussi violent qu’une back patch de Cradle of Filth ou Cannibal Corpse, bien évidemment. Cependant, sachez que ce premier tome de L’ÉVOLUTION DU MÉTAL QUÉBÉCOIS (sous-titré No Speed Limit, couvrant la période 1964-1989), sorti à l’Action de Grâce, est ni plus ni moins que le meilleur cadeau à offrir à votre métalleux préféré cette année. Sceptique? Voici 13 bonnes raisons de vous procurer ledit ouvrage pour le gifter lors du réveillon :

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Parce que VOÏVOD 

On l’a déjà dit, ici et ailleurs : le groupe de Jonquière est réellement l’un des plus grands groupes métal de l’histoire. Des p’tits gars de Jonquière, dont on est ben ben fiers. Pour vrai, le métal serait sûrement moins étrange, sans la bande à Michel ‘Away’ Langevin, qui a été interviewé pour le bouquin et dont on retrouve les citations un peu partout dans l’ouvrage. Les origines du groupe qui a pavé la voie aux plus exportées formations heavy d’ici (Gorguts, Kataklysm, Cryptopsy, Despised Icon…) sont fascinantes, depuis leur Saguenay natal, jusqu’à leur déménagement à Montréal et leurs premiers succès, ce qui les a mis sur la mappe métal… bref, que du bon.

Par ailleurs, même si l’art d’Away a déjà été édité (Worlds Away par Martin Popoff, 2009), sachez que Voïvod mériterait une bio à lui tout-seul, tant son histoire est riche en rebondissements et en événements tragiques et/ou surprenants – rien qu’Away a un parcours assez chargé, en tant que batteur ayant joué avec tout plein de monde (Kosmos, Aut’Chose, Xavier Caféine, Les Ékorchés, Men Without Hats…) ET comme illustrateur post-apocalyptique, de Probot (le projet métal de Dave Grohl de Nirvana et Foo Fighters) au rappeur gore Necro (il lui a même pondu un beat!), en passant par Danko Jones et Behold… the Arctopus. On y reviendra dans une prochaine chronique.

Parce qu’il n’y a pas juste Voïvod, justement

Outre le soi-disant « big three » (Voïvod, le groupe power métal Sword et le combo thrash crossover DBC – ou Dead Brain Cells pour les intimes), parmi les groupes lourds issus des années 1980, on retrouve également les B.A.R.F. (connaissez-vous le bijou hardcore-pré-grind Le P’tit Poisson, initialement par le groupe qui défonce Damnation?), Obliveon (death technique émérite, mené par Pierre Rémillard, maintenant producteur ultra-polyvalent), Necronomicon (black métal du Saguenay formé en 1988 et maintenant un label métal reconnu) et Cryptopsy (groupe death technique ayant tournée partout, né Necrosis à la fin des années 1980).

Sans oublier nos deux fleurons du métal alternatif (aux racines hardcore-punk) d’ici, soit Groovy Aardvark et Grimskunk (né Fatal Illness en 1988), tous deux featuring le plus cool rockeur du Québec, Vincent Peake pour ne pas le nommer. On risque d’entendre parler pas mal plus de ces derniers dans le prochain tome. Notez que mis à part Sword, tous ces groupes sont encore actifs aujourd’hui, en format réunion ou non (plusieurs n’ont jamais jeté l’éponge!).

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Pour tous les autres GROUPES DISPARUS (!)

Y’en a des centaines. Comme Voor, Soothsayer et Death Dealer. Y’a aussi Eudoxis, groupe speed/thrash entre Judas Priest (en particulier l’esthétique clouté tout cuir) et le Metallica de Kill em’ All, avec leurs deux incroyables bass drums de six pieds de long en stainless steel. Non, ça ne s’invente pas. Sachez que Mark Hill Anderson (Marc Bacon pour ses parents), fut un temps guitariste pour les Ghoulunatics.

Également originaire de la ville d’aluminium, Messiah Force ne donnait non pas dans le thrash post-apocalyptique du groupe d’Away, mais plutôt dans le power/thrash métal ultra-énergique, mettant en vedette la voix puissante de la chanteuse Lynn Renaud et les riffs acérés de Bastien Deschênes (tous deux des ex-Exode). L’unique album autoproduit de MF – The Last Day (1987) – a même été distribué en Angleterre à l’époque. Le batteur Jean-François Boucher a également fait un temps parti de Necronomicon.

Pour remonter jusqu’aux INFLUENCES de vos artistes heavy préférés 

Voulez-vous savoir quel était l’un des tout premiers groupes du susmentionné bassiste-chanteur Peake (en plus de Groovy Aardvark et Grimskunk, on a pu le voir rocker avec Sabbath Café, Kosmos, Aut’Chose, Galaxie (500), Floating Widget, Xavier Caféine…)? Mesdames et messieurs, il avait une belle Longueuil et quelques poils sous le nez lorsqu’il était chanteur d’Ablaze, groupe de power/thrash de Beloeil, autour de 1985. Assez fun de les voir reprendre efficacement du Slayer sur une vidéo pourrie publié sur YouTube (cliquez sur l’hyperlien!).

Entre autres anecdotes, lire le récit de Luc Lemay de Gorguts, qui revient sur son inspirante correspondance avec le guitariste américain Robert Vigna d’Immolation (et les débuts de son groupe avec Roadrunner Records) est ultra-intéressant. Saviez-vous que le guitariste Pat Gordon (Les Ékorchés, Buffalo Theory MTL) a rencontré son collègue des Ghoulunatics Jarrod Martin au sein du combo thrash Leprocy?

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Pour lire les CRITIQUES d’époque de MÉDIAS qui ne sont plus

Quel bonheur d’en savoir plus sur ces magazines ou fanzines menés par des passionnés, comme les Québec Rock, Pop Rock, Pop Jeunesse, Metal K.O. et autres Georama (de Géo Giguère, l’inspiration du Jello de Pierre Verville), qui ont pavé la voie aux $ang Frai$, Rien à Déclarer, King 16 et évidemment BangBang des années 1990 et 2000.

Évidemment, le métal d’hier a reçu d’emblée l’important support de médias reconnus, comme la station de radio CHOM et, à la télé, l’émission SolidRok (avec en prime Tribal Convictions de Voïvod dans le générique), diffusée jadis à Musique Plus ― qui n’est hélas musicale que de nom maintenant. Notez que les citations de son premier animateur, le blondinet Paul Sarrasin (un autre ti-gars de Jonquière, secteur Arvida, maintenant spécialisé dans le doublage et la narration), parsèment l’ouvrage.

Pour tous ces BARS et SALLES DE SPECTACLES d’hier

On y retrouve notamment le Rising Sun, cet ex-club de jazz, puis reggae, qui devint le repère crade des groupes punk et métal. Il eut également le Moustache, ce légendaire lieu métal situé près du Forum. Ou encore, en plus de ceux en région, on parle aussi de la Brique ainsi de La Brassette du Maxi (à Longueuil!) et du Paladium, où s’est tenu le mythologique concert World War III, avec Celtic Frost, Destruction, Possessed et Voïvod. Évidemment, on ne peut passer sous silence l’impact du tristement détruit Spectrum, lieu du No Speed Limit Weekend, lors duquel se sont produits les D.R.I., Nuclear Assault, Agnostic Front et Possessed, en plus des locaux Aggression et Voïvod.

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Pour la fabuleuse histoire de BANZAÏ RECORDS 

D’abord, il y eut Rock en Stock, cette défunte boutique métal, qui fut à l’époque, un lieu de rencontre pour tous les métalleux avide de découvertes et de disques importés. Ensuite, son proprio, l’homme d’affaire Michel Meese, se partit une étiquette de disque, Banzaï Records, qui distribua sur les territoires canadiens et européens les plus grands noms du genre. Au menu, on retrouvait les premiers albums des membres du « big four » du thrash (Metallica, Slayer, Megadeth et Anthrax), mais aussi des Venom, Trouble, Exodus, Voïvod, Bathory, Mercyful Fate, etc… Quand même. On doit également au label le fameux logo du speed metal, conçu initialement par Paul « Polo » Berval (Danger, Les Frères à Ch’val). Oui, monsieur.

Pour en savoir plus sur les origines de CITÉ 2000

Tout métalleux qui se respecte connait de réputation ce robuste bloc de ciment métallique situé entre le vieux port et Hochelag’. Tout le Montréal métal y a pratiqué ses gutturaux hurlements, riffs tonitruants et autres martellements incessants depuis très longtemps. On jase aussi de tout plein d’autres locaux de pratiques, comme chez Émile, ce lieu glauque et malfâmé (limite dangereux), où le hardcore fréquentait jadis pas mal le métal.

Pour le colossal travail de RECHERCHE de l’auteur

Le journaliste Félix B. Desfossés (ex-Bande à Part, où il œuvra pendant une bonne décennie, avant la disparition de l’institution) a mené à bien ce tentaculaire projet, démarré par l’ex-Neuraxis Ian Campbell, qui eut initialement l’idée de documenter le phénomène. Ce dernier  doit d’ailleurs s’attaquer deux sous peu au tome.

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Pour remonter les RACINES du genre

Depuis les premiers balbutiements du rock au Québec, Desfossés nous jase de yéyé, de fuzz et de rock garage d’ici, avant de passer au psychédélique, qui évolua vers le progressif et le métallique, à l’époque appelé anti-rock. À la fin des années soixante-dix, la vague shock-glam-punk passa indubitablement dans notre coin, avec notamment Aut’Chose, Pag et Danger, avant de voir arriver les véritables pionniers du lourd.

Parce que ce bouquin est un foutu de BEL OBJET

Près de 300 pages, en format magazine (8’’ et 1/2 par 11’’) au design monochrome, l’ouvrage est parsemé de visuels, rendant le tout attrayant pour les yeux, avec ses nombreux logos caractéristiquement angulaires et éloquentes photos. La mise en page est parfaitement thrash — donc très crossover, entre heavy et punk, avec une esthétique on-ne-peut-plus DIY, tout près des fanzines photocopiés d’il y a 25 ans. On doit cette magnifique conception graphique à Annick ‘DJ Satannick’ Giroux, métalleuse hors pair.

Pas ailleurs, on peut souvent croiser cette dernière aux Katacömbes cette authentique fanatique de métal vintage (et de bon houblon), qui est également chanteuse à ses heures (au sein du groupe heavy Cauchemar). Elle est également l’auteur du livre de cuisine Hellbent for Cooking : The Heavy Metal Cookbook.

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Parce que le livre déborde d’ARCHIVES visuelles sensationnelles et d’ANECDOTES incroyables

Les affiches de jadis sont souvent tout simplement incroyables (souvent hilarantes dans leur rudimentarité), tout comme les pochettes de démos ultra-rares et fait maison, avec toute la passion et l’ambition des plus grands. Et que dire de toutes ces joliment datées publicités et autres photos proportionnelles, de fans et en concert ― sachez l’ex-tape-trader et métallurgiste Wayne Archibald en a pris des solides!

Et que dire du passage de Metallica à Chicoutimi, de ces mercredis métal au vieux port de Montréal, des arrêts à Rimouski de groupes comme Suffocation, Napalm Death, Cannibal Corpse et la bande à Kirk Hammett… de telles histoires, y’en a en masse.

Parce que c’est un produit LOCAL

Donc pratiquement équitable et bio, car d’ici, oui, mais surtout très pro, malgré l’aspect touffu du projet, qui n’est pas présenté de manière chronologique, mais plutôt en format segmenté par sujets ou thèmes (on aurait aimé un index, mais que voulez-vous, on s’en passera). Le tout a été édité chez les Éditions du Quartz, une entreprise abitibienne, patrie de Desfossés et Campbell. Et en plus, sachez que la chose coûte à peine plus qu’une caisse de 24 d’Heineken (santé cher Hanneman!).

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Pour commander en ligne directement à la source, cliquez ici. Disponible également chez tous les bons libraires.

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[calendrier] M.E.T.A.L. : DECEMBRE  2014 : cliquez ici.

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PHOTOS : KRISTOF G., incluant celles de Voïvod live à Musique Plus en 2011 — à l’exception de celles de Jeff Hanneman de Slayer (captée en octobre 1984 par Wayne Archibald, qui se retrouve aussi dans le bouquin) et de Voïvod avec Phil Anselmo (captée en octobre 2014 par Syl Disjonk).

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M.E.T.A.L. : Messiah Force Eudoxis Treblinka Ablaze Leprocy

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